dimanche 7 mars 2010

Dimanche 7 mars 2010, Marché d'Aligre, Paris 12°

Ce dimanche, le soleil semblait briller pour la gauche... un air de printemps.

Nous nous sommes retrouvés, candidats aux élections régionales de la liste Front de Gauche, au beau milieu des senteurs, fraîches en ce jour, des étals des maraîchers. Je me suis souvenu du petit marché du Pigeonnier à Amiens où j'allais petit, tenant ma maman par la main. Ce marché comme tous les marchés de France existe toujours là-bas, dans cette zone populaire où j'ai fait mes premiers pas

Celui d'Aligre, je le découvre. Il est beau. 
J'y ai croisé ce matin des militants assez peu persévérants : ceux du Parti socialiste, ceux de l'UMP, gagnants d'avance, deux autres de Génération Ecologie, challenger apaisé. Il se sont vite découragés, car ils sont en tête des sondages alors, par -1°C, à quoi bon insister ? C'est comme ça qu'on perd une élection.

Mais j'ai croisé de nombreuses personnes qui disaient nous soutenir sans condition, d'autres qui se montraient curieux. -"Le Front de Gauche c'est quel Parti ?" -"C'est huit partis qui se sont associés, Madame !" -"Ah c'est bien ça..."

Oui c'est bien ; pour une fois, on ne peut accuser la gauche du P.S de diviser, on est rassemblés. On n'est pas tous d'accord, inutile de se raconter d'histoires, mais on fait des efforts pour se présenter ensemble et avancer un peu.

Au cours de notre distribution de tracts, un concitoyen m'a interpellé en me demandant d'être un peu réaliste. "Il vaut mieux que la droite de Sarkozy s'occupe de la France plutôt que la laisser entre vos mains..." 
D'abord, nos mains, cher Monsieur, sont propres ; et peut-être plus propres pour l'instant que celles de certains conseilleurs du pouvoir actuel. Mais nous sommes d'abord en démocratie et vous avez le droit le penser. 

Vous nous me demandez d'être "un peu réaliste"...

Réaliste ? Je crois l'être plus que certains décideurs actuellement au pouvoir, bridés par le monstre européen dont ils ont accouché.

Entendons-nous bien : nous venons de faire un geste historique, renflouer les caisses des banques les plus riches, tenue par les plus riches et pour eux, qui ont placé des sommes de façon inconsidérée sur des marchés toxiques, comme au casino, qui ont joué et qui ont perdu. On les rembourse, on leur prête, nous, pauvres...

Et ceux là nous demandent, par la voix de notre ancien Premier ministre (Edouard Balladur) de bientôt se préparer à faire des sacrifices. C'est réaliste ça ? Ou c'est bien se foutre de la gueule du citoyen ?

Penser, comme vous, cher Monsieur, que les emplois de l'industrie seront sauvegardés dans cette dérive financiariste du capitalisme qui décide de tout, alors même que nous ne tirons aucune leçon de cette crise mondiale du système financier, c'est de la croyance, de l'obédience idéologique, pas du réalisme.

Penser que l'avenir du monde passe par l'alignement à marche forcée des pays "modernes" à cette politique "moderne" dont on voit les effets désastreux sur tout le monde, du producteur de café Nicaraguayen en passant par l'ouvrier chinois et le paysan français, c'est se mettre le doigt dans l'orbite oculaire en attendant que ça aille mieux.

Penser que se contenter de prêter aux banques, sans contrôle de l'utilisation financière, à un taux amical de 0,7 %, alors que l'Etat avait là une occasion historique de reprendre leur contrôle  et de "moraliser" leurs investissements, c'est peut être par réalisme ?... Je n'en suis pas sûr.

Mais est-il réaliste d'élire un Président qui centralise les pouvoirs, affaiblit les contre-pouvoirs, se prétend défenseur du pouvoir d'achat et de la sécurité, quand on sait qu'il avait lui-même, souvenez-vous en Cher Monsieur, mis le feu aux poudres en insultant les jeunes des quartiers populaires ? Je persiste à penser que cela est un dommageable accident de l'histoire démocratique de notre pays.

Alors soyons désormais un peu plus réalistes en effet, réalisons ce qui permet de se relever véritablement d'une crise, c'est à dire comme dit Michel Serres* dans son dernier opus, par la guérison, par une autre voie économique sans quoi la crise revient, et revient encore.


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