jeudi 21 mars 2013

Une totale réfondation du régime d'assurance-chômage du spectacle est nécessaire

Le comédien Samuel Churin a pris de la bouteille et revient plus en forme que dans ses précédentes apparitions. Il se fend d'une vidéo qui tourne dans les milieux artistiques et techniques d'une explication chiffrée concernant la propagande du MEDEF, toujours relayée par des mass-media obéissants, sur le fameux déficit de la Caisse des intermittents. Et aujourd'hui d'un billet publié par Libération. Je l'en félicite.


Comme le dit le CIP-IDF, il n' y a pas de "Caisse des intermittents". Ecoutons-le.






Clair non ? Mais sur les moyens de financer autrement l'assurance-chômage de ces salariés diplômés et compétents, peu de choses.  

Or, il faut avoir à l'esprit quelques ordres de grandeur. En voici un fameux : Sur les 40 métiers du spectacle,

  • 80% des revenus disponibles sont captés par 20% des professionnels.
(source Pierre-Michel Menger devant les députés en octobre 2012. Sociologue Directeur de recherche EHESS)

Chiffre étonnant non ? Ou, pour le dire autrement, les 80% d'entre nous se jetons sur les 20% de miettes restantes. Ce état de faits est corroboré par cette vieille étude de l'EHESS, réalisée en 2004 sur 600 comédiens issus exclusivement des Ecoles Nationales Supérieures d'Art Dramatique :

  • 55% déclarent moins de 1250 €/mois
  • 23% déclarent moins de 625 €/mois.  
  • 22 % seulement atteint le salaire médian français (2000 €/mois). 
  • 3 % + de 3125 €/mois, équivalent à un salaire de cadre moyen (assédic compris).
  • 2,5 % n’ont aucun revenu. 
Le "déficit" de l’Intérim (annexe IV) atteint des sommes plus élevées, mais cela ne gêne ni le MEDEF, ni ceux d’entre les acharnés qui n’y connaissent RIEN.

Or, voici : le secteur culturel a un Produit Intérieur Brut de 80 Milliards €/an (eq. à 4% du PIB national).

Il faudrait donc consacrer 1,8% de cette richesse dégagée (2 milliards €/an) pour assurer tous les intermittents à hauteur de 1000 €/1400 €/mois, quoiqu'il arrive, comme cela se fait en Belgique.

Connaissant ces ordres de grandeur, et sachant que nous sommes très forts pour organiser notre chômage, pourquoi ne sommes-nous pas foutus, syndicats et assemblées citoyennes, économistes et intermittents... d'organiser un système d'assurance-chômage plus solidaire, qui aurait un plancher et un plafond proches ? à moins...

...à moins que les inégalités salariales acceptées de fait et intégrées comme un facteur de compétition naturelle, accélérateur mythique de compétitivité, ne soit la véritable raison à cet empêchement...  

Cette proposition est repoussée par les syndicats en place, y compris le SFA, auquel je cotise. Pourquoi ?

Il sera bien sûr 20% de professionnels nantis que ça ne choque pas tellement de laisser chaque année 30 000 artistes et techniciens, dont ils auront un jour bien besoin, sur le bord du chemin.