vendredi 26 août 2011

Destroy Social Killer

L'affaire du Sofitel (pub mondiale) révèle l'hypocrisie d'un monde ou la justice est une apparence voire une utopie. Les USA sortent ridiculisés par un système judiciaire accusatoire qui semble d'avantage aiguiser les appétits de victoire du procureur et des avocats que favoriser l'expression d'une vérité judiciaire. Abandonnent-ils des charges ? Ils protègent surtout leur crédibilité face à un jury, ils font une carrière.

L'homme ne se rélèvera pas d'une telle opprobre, à moins qu'il soit encore plus fou qu'il n'y paraisse, puisque le monde entier s'est aperçu le 14 mai qu'un ancien ministre, destiné à succéder à un Président de la République n'était qu'un gros déguelasse et que tout un monde le savait : ses homologues, ses proches, ses amis comme ses ennemis. 




À cette occasion des langues se sont déliées. On a ainsi entendu l'ex-collègue du lubrique prof de Sc-po, Alain-Gerard Slama en direct sur LCP, dire que "même à Sc-po son attitude avec certaines étudiantes c'était trop"

Donc, le silence régnait et, comme toujours avec ce roi complice des crimes, sans que cela se sache. Le silence régnait, mais les couloirs bruissaient.

S'il ne s'était agi que d'une partie de jambes en l'air, froide, improviste et dinatoire ce serait déjà pire qu'un crime, une faute. Parce que dans une situation de pré-campagne présidentielle on évite les guet-apens, tout situation compromettante.




Les enfants sont les premières victimes des guerres menées par les adultes, que ce soit à coups de paroles ou de machettes.
Personne ne dit assez que celle présentée aujourd'hui comme une affabulatrice, dont on nous dira bientôt qu'elle a provoqué et déshabillé M. Strauss-Kahn, (au propre comme au figuré), est aussi la maman de deux enfants. Ces enfants, dont personne ne parle, ne sont-ils pas aussi victimes indirectes de ces agissements .


On peut se poser cette question car il n'est pas interdit de spéculer : 
L'un d'eux, dans un coin de son cœur, meurtri d'avoir vu sa mère vilipendée, ne prépare-t-il pas une balle de 9 mm pour un DSK à venir, ou sinon une belle dévalorisation personnelle, et avec lui quelques black-panthers dont le récent déni de justice a peut-être réveillé des rancœurs ? Pire qu'un crime parce que, pour ne pas vouloir laisser de sang on laisse au moins des années de larmes derrière soi.  

Le retournement de situation infligé à une africaine est encore une fois favorable à un blanc, aux USA on ne craint pas les clichés, même son avocat a semblé être discriminé, tout cela, par sa dimension mythique a excité un sentiment d'injustice nourri depuis des siècles, même si Obama ...

Dimension mythique au sens où cette navrante histoire concentre  une foule de symboles. Ça se passe à New-York. Il est riche, blanc, porte un nom Ashkénaze, il est célèbre, puissant. Elle est pauvre, noire, porte un nom Peul, elle est une anonyme ouvrière.  Ils travaillent tous deux aux USA pour raisons professionnelles. Mais à ce moment là, elle travaillait et lui prenait son bain.

Elle porte les stigmates de la classe qui est la sienne, elle filoute sur la date d'entrée sur le territoire, il filoute sur les raisons qui le poussaient à quitter ce territoire -quand a eu lieu son arrestation. Il trimballe derriére lui toute l'arrogance de sa classe, la même que ceux qui s'en vont fêter une victoire électorale au Fouquet's.

Le pauvre "Dominique" porte lui aussi les stigmates de la classe qui est la sienne, il choisit de passer sa réclusion conditionnelle dans le plus beau quartier de New-York puis se rétracte, craignant que ce ne soit définitivement trop voyant, trop tard... Bien des symboles de discrimination sont en jeu dans cette affaire, et vu d'ici, on a l'impression que le monde blanc est susceptible lorsque le monde noir l'accuse. Au quotidien, il s'était habitué au contraire.

Bien vite aux gros titres "Le Cavaleur" et "la mythomane" a remplacé "Le violeur compulsif" et "la pauvre fille" parce qu'il y des miroirs dont on ne peut affronter le reflet quand on est soi-même blanc, riche et qu'on détient dans ses mains pas moins que le façonnement de l'opinion publique.

L'issue donnée à cette affaire est à la fois spectaculaire et révélatrice. On a fait passer un homme riche, blanc et puissant, de sept chefs d'accusation à rien, l'écœurement est généralisé.

Révélatrice aussi d'un monde américain ou la justice trépasse et où les pouvoirs publics sont à la fois -selon le cas- ou trop prompts à l'arrestation, ou trop prompts à l'abandon des poursuites.

Mais une chose nous tarabuste : Qu'aurait été l'attitude de cette même justice si, au lieu de M. c'eut été Mme, agressée ou supposée l'être dans cet  hôtel par un certain Monsieur Diallo, serait-on allé mégoter sur l'exactitude absolue des dires de Madame, sur les aléas de son passé, et tout cela eut-il été jeté en pâture au public ?

Je réponds simplement, car il y a un moment où il faut arrêter de se moquer ouvertement de la gueule du peuple : certainement pas.

mardi 16 août 2011

Pourquoi les américains ont-il créé les plus grandes entreprises du monde ?

Sur Yahoo Q/R, site d'échanges phagocyté par les militants FN, il y avait une perle, une grande question : Pourquoi les américains ont-il créé les plus grandes entreprises du monde ?
Sous laquelle, un commentaire touchant de M. firefox terrier qui avait répondu comme suit :

Parce que en Amérique on aide les créateurs, en France on les pénalise et on les tue avant même qu'ils naissent. 
Je crée un site concurrent à Yahoo, et franchement je me demande si je vais pas me barrer de la France pour le créer car en France personne ne m'aide et tout est fait pour handicaper au maximum.
Dans la Silicon Valley j'aurais déjà à ma disposition un serveur et des investisseurs pour le développer. 
En France je dois me démerder à trouver le fric moi-même, et avoir mon propre serveur ou en louer un. On ne fait rien pour moi.













J'ai répondu à ce monsieur, sans prétendre à aucune leçon de géo-politique.


Les U.S.A ont créé les plus grandes entreprises du monde pour plein de raisons. Un, parce qu'ils ont gagné la "2nd World War".
("la guerre est encore l'investissement le plus rentable" dixit Noam Chomsky dans un précédent post), et ont imposé leur modèle culturel financier.


Secondo, parce qu'ils acceptent le risque privé, et donc ils acceptent de perdre. Ce faisant, ils gagnent. Mais l'explication des habitudes et des coutumes ne va pas loin :


Aux USA, leur monnaie de référence dispose d'une épargne mondiale en $

Les Banques Centrales ont leur contrepartie en Dollars, y compris la BCE (!) ce qui a consolidé leurs capacités d'intervention publique et les accords de liquidité sous forme de crédit aux privés. Et si les banques et les investisseurs ont culturellement le sens du risque, c'est parce que les banques sont puissantes. Quand elles coulent, les Etats leur prêtent à 0% !



Cela risque d'être moins vrai depuis 2008 et vu la situation présente. Les Pays arabes et la Chine pourraient se mettre à former des entrepreneurs et les soutenir plus fort et mieux que ne l'ont jamais fait les Etats-Unis. (la seule multi-nationale arabe pour l'instant est Al Jazeera, la télévision)


Mais aussi parce que aux States, tu arrives avec une bonne idée, et on ne te met pas devant tous les risques comme en France le pauvre patron. On te colle une armée de professionnels, tu n'auras que des participations. Ils investissent > ils choisissent le dirigeant. Toi, tu seras juste Membre fondateur. Mais ils capitaliseront dix fois plus qu'en France, parce qu'ils auront tout blindé au niveau communication pour que la boîte ne s'écroule pas, par l'effet d'un amateurisme européen bien compris, qui fait le délice des américains du nord.


Ensuite chez nous, faible confiance.
La difficulté d'obtenir un financement provient de verrous culturels qui sont très anciens. Depuis Napoléon III, et plus encore récemment depuis 30 ans déjà, ils (les riches) favorisent l'émergence d'héritiers-propriétaires, pas d'hypothétiques talents entrepreneuriaux qui viendraient du bas-peuple. Allons, voyons...


Les difficultés que tu rencontres sont classiques en France.
Ici, on part du principe que tu vas te casser la figure, donc on te demande d'arriver avec tes capitaux à toi.

Les banques françaises gagnent de l'argent grâce à l'énorme tendance des français à épargner (Livret A, Codevi etc...) elles n'ont donc pas besoin de financer des entreprises (ni voire de financer des couples qui veulent acheter une maison). Elles ont tout à y perdre vu la faible croissance qui règne en Europe depuis 1973 (entre 2,5 et 0% jamais plus). Les banques françaises ont pris l'habitude de ne pas faire leur travail.



En revanche, elles placent, elles placent. 98% des flux financiers vont à la spéculation et seulement 2% à l'économie réelle, tu es dans ces 2% dont seulement les plus garantis s'en sortent, les plus aidés par leur famille. On a vu le résultat en 2008.

La financiarisation de l'économie tue les talents individuels. C'est une dictature soviétique à l'envers, ni plus, ni moins.


Le problème que tu poses est aussi un problème de justice sociale :
Aux USA (260 millions d'habitants) il faut se figurer que jusqu'à Ronald Reagan en 1980, on payait jusqu'à 80% d'impôts sur le revenu pour les couches les plus aisées ; ça conforte un Etat. Quelle est la comparaison avec l'Europe qui est pourtant la première puissance économique du monde ? (2 des plus forts PIB du monde dans les 4 premiers, la France et l'Allemagne).


Pourquoi en Europe sommes-nous 450 millions d'habitants, et que nous sommes incapables de faire émerger une économie qui aurait TOUS les moyens d'être la première du monde en terme de créations d'emploi et d'activité ?...
 

Nos verrous institutionnels européens nous empêchent d'avoir les marges que les USA s'accordent. Les USA n'auraient jamais accepté une Banque Centrale qui ne rende pas de comptes, ne soit sous aucun contrôle (art. du Traité de Lisbonne) et qui s'interdise de prêter de l'argent aux Etats, jamais. Pourquoi ?


On a tout fait pour laisser Mc Do s'installer en France. Et pourquoi a-t-on laissé les clés de la finance de l'état à une personne comme Christine Lagarde, basée aux Etats-Unis ?  Pose-toi les bonnes questions, et puisque tu regardes vers les USA, regarde quelle guerre économique ils nous livrent depuis 1945.


Mon gars, il y a une révolution des mentalités à mener en Europe entière et en France d'abord ; des témoignages comme le tien montrent qu'il y aurait en Europe des milliers voire de millions de gens talentueux qui pouraient s' y atteler...

Il faut simplement qu'ils arrêtent de placer au pouvoir des héritiers ou leurs marionnettes comme M. Sarkozy ou M. Copé qui n'ont qu'une idée en tête : épargner un max, sauver leur tête et les fils de. 

Ton problème de création d'activité, nos problèmes d'emploi, de parcours, de vie, ils s'en foutent.

Aux Etats-Unis enfin, les américains ont le sentiment d'appartenir à une collectivité (une nation) les Chinois aussi. Pas nous. Mais nous sommes plus libres qu'eux. Paraît-il... car en fin de compte, la liberté les mains ficelées...

 

 

Sources :

vendredi 22 juillet 2011

Avignon ? Kick-OFF !

(ph. Olivier Faugeras panoramio)
Au retour d’Avignon en cette fraîche édition de 2011, je vous invite à vous pencher sur l’image et les signes que nous envoie le plus grand festival de théâtre du monde.

Pour qui n’y était pas venu depuis quinze ans, l’impression est forte. Le decorum n’a pas beaucoup changé, et le drôle de spectacle des gens de théâtre qui luttent pour s’afficher en meilleure place ne m’émeut toujours pas. À la promotion d’un spectacle, souvent débonnaire, on engage maintenant de toutes jeunes filles, préposées au tractage, qui vous avouent chacune être “comédienne à la base” mais qui sont, le temps de ce festival d’empoigne, les petites mains des productions privées qui pullulent désormais. Les tracts sont devenus des flyers et le geste plus racoleur. Ce folklore aurait du charme, si c’en était.


C’est à ces signes de nervosité qu’on sent la pression augmenter chaque année sur les artistes, si l’on en croit les chiffres qu’on récolte. 600 compagnies en 2005*, 1170 cette année, répertoriées dans un bottin impraticable pour le critique et pour l’acheteur. Lorsque j’y ai moi-même joué en 1994, où nous étions déjà 450 à présenter notre travail dans le OFF, et pensions naïvement qu’une baisse du nombre des compagnies présentes serait un mauvais indicateur de la santé des professions du spectacle… Je suis près de penser que cette inflation en est le pire signe et d’abord le signe d’une rivalité exacerbée.

Car si 1200 troupes rivalisaient de qualité autant que 400 sélectionnées, il faudrait alors s’y bousculer et les voir toutes. Mais la fréquentation du public est en baisse. Le spectateur sent bien que quelque chose ne va plus au royaume de Vilar. L’avignonnais lui, l’a compris depuis bien longtemps et déserte sa ville, et finance son départ estival par une sous-location aux artistes de quelque mille euros les trois semaines. Il y a donc moins de spectateurs pour plus de spectacles, au grand dam des commerçants qui ne verraient pas d’un mauvais œil un autre million de visiteurs en plus. Mais Kronos dévore d’abord ses enfants et le Festival occupe la totalité des discussions sur la culture au Conseil municipal d’Avignon.


Combien rapporte-t-il et combien coûte-t-il ?

  • 50% des Cies venues présenter leur travail dans le OFF ont un budget annuel inférieur à 50 000 €
  • 20% ont un budget annuel supérieur à 250 000 €
  • 60% louent leur salle à Avignon
  • 10 % sont en co-production ou partenariat

Et seuls 20‰ rentrent dans leurs frais (spectacles d’humour exclusivement)


Une salle coûte entre 2500 et 12 000 € les 3 semaines selon son emplacement, son infrastructure, son matériel...



L’opération, il va sans dire, est déficitaire mais là n’est pas le sujet. Les artistes dépensent sans compter, c’est vrai, et ils s’endettent. Ils paient tout, et leur logement et le droit de se montrer, au détriment de leur salaire et même de leur santé ; et au profit d’un habile propriétaire de salle dont le seul talent est d’avoir acheté un hangar il y a vingt ans. Ce sont ceux-là les extorqueurs de la culture, à juste titre les exploitants. Un garage ou une salle rapportent entre 10 000 € et 80 000 € à leur gérant.

Ils dépensent donc sans compter les kilomètres parcourus pour afficher, tracter, ni les dizaines de milliers d'euros dépensés pour se loger, manger, payer la salle, et pour la comm’, budget marginal autrefois, essentiel aujourd’hui. À la sortie, 50% des compagnies ne peuvent revenir à deux éditions consécutives pour des questions... financières. Comme toujours, ce sont les plus petites structures qui sont les plus immergées dans la concurrence la plus forte, et sans les moyens d’y faire face. Y être, ou n’y pas être, pour certains c’est bien la question.

Le théâtre, et tous ses corps de métier, requiert des équipes au travail. Et à concurrence rude, ficelle gagnante. C’est ainsi que l’on voit des armées de producteurs privés battre le pavé qui investissent sur de jeunes humoristes, de petites formes courtes, stand-up sans décor, dont la qualité relative n’a évidemment rien à voir avec l’art dramatique de Vilar ou Vitez ; ni sur la forme, ni surtout dans l’esprit. L’humour est le divertissement, la diversion de l’existence selon Th. Bernhardt, censé rendre supportable cette même société hyper-concurrentielle, cette Dissociété dit J. Généreux, où chacun le dispute à tous. L’on voit maintenant des écuries de Conseils régionaux labéliser un lieu et présenter leurs poulains. Des pragmatiques qui ne souhaitent pas laisser les compagnies dont ils suivent le travail se jeter dans la fosse aux 1200 lions anonymes.

Hélas, cette situation pléthorique est un vieux masque d’Arlequin, plus très brillant, arboré par cette majorité qui sous lui s’épuise et sue, étique. Les acteurs sont en miettes, comme dit Mélenchon. Oui. Ils le sont avant, pendant et après ce qui porte encore le nom de Festival. Certains s’en satisfont, et s’en font même une mystique. Pas moi. L’art n’est ni éthéré ni déconnecté du réel. Et je suis heureux de voir que le Programme Partagé du Front de Gauche se saisit concrètement des questions de l’emploi bien sûr mais aussi des droits d’auteur, des statuts, des rémunérations, d’une politique du livre, des écoles d’Art et leurs débouchés, articule liberté et démocratie de l’information, articule encore la critique du financiarisme à sa mainmise sur la culture.

Mélenchon adosse cette possible Révolution Citoyenne à une politique de dé-financiarisation générale des acteurs économiques. Il ne s’agit pas d’une cosmétique de plus ! Car il est beau d’avoir des ambitions politiques romantiques, des idéaux, si techniquement on ne s’accorde pas des leviers institutionnels. Dire, comme Mme Martine Aubry en plein Avignon, qu’on va doubler le budget de la Culture sur un claquement de doigts, sans révolutionner les institutions, voire sans désobéir, alors même que le  budget de l’Etat passe dorénavant sous les fourches caudines de Bruxelles avant son examen à l’Assemblée Nationale, relève au mieux du romantisme, au pire du foutage de gueule.

Combien croient encore, à la va-comme-j’te-pousse ou par vocation, aux vertus de cette foire commerciale dans la pratique de leur vrai métier, le théâtre ; alors qu’ils se disent conscients de gagner là “l’unique occasion de se faire entendre" dans un festival qui permet soi-disant de montrer son travail. Or, faire Avignon est peut-être la pire façon de montrer son travail. Conditions techniques limites, normes de sécurité bafouées, droit du travail… en parle-ton ?

On se prend donc à penser que, si au moins dans leur régions respectives les pouvoirs publics et leurs agents manifestaient un peu plus d’intérêt lorsque ces Cies les sollicitent... s’ils allaient au moins voir leur travail de façon plus systématique et coordonnée dans des lieux adaptés et si une meilleure péréquation de l’offre culturelle régnait sur notre territoire jusqu’en outre-mer, peut-être certains d’entre eux n’en seraient-ils pas à venir s’abîmer contre le mur du Palais des Papes…

Car enfin, montrer son travail devrait être la chose la plus naturelle du monde, et devrait être gratuit. Pourquoi faudrait-il que dans la culture nous trouvions normal de payer pour pouvoir travailler ?

C’est bien avec ce souci de préserver les capacités créatives sur le long terme, et non à la petite semaine, d’encourager les capacités de rêve et d’indignation qui font la culture d’une nation instruite et développée qu’il faudrait peut-être dans l’intérêt de tous, créateurs, spectateurs, institutions, qu’un numerus clausus soit instauré dans cette foire commerciale si peu lisible, qui transfigurerait le cercle du OFF. Que le OFF ainsi devienne IN, et même le précède sur le calendrier. On peut le faire.

Faudrait-il plus longtemps supporter cette infamante exclusion de l’un vis-à-vis de l’autre ? Pas d’angélisme : les différentiels budgétaires sont abyssaux. C’est le spectacle d'une fracture sociale qui s’offre au public du Festival d’Avignon. L’aristocratie du métier et la bourgeoisie du public d’un côté ; les gagne-petit et le tout-venant populo de l’autre. La bonne conscience de l’un sur la débrouille de l’autre.

La difficulté d’arrêter des critères est certes bien réelle, mais au nom de quelle entrave à la liberté ne saurions-nous pas faire ce que l’on fait à Edimbourg ?

Ces critères pourraient prendre en compte plusieurs points et notamment le budget d’une Cie (exit les Cies les plus dotées, qui auront tout loisir de présenter leur travail soit dans la programmation d'un Festival soit, ce qu’elle font déjà, dans leur réseau public institutionnalisé, les CDN etc...).
  • Ils pourraient favoriser les compagnies qui font un travail de maillage culturel en zone d’éducation prioritaire. 
  • Ces critères pourraient exiger la participation du lieu d’accueil à la production par exemple.
    • Ces nouveaux critères pourraient prendre en compte l’implantation géographique des compagnies, à qui on doit garantir une place convenable d’exposition de leur travail, prendre en compte leur éloignement des grands bassins d’emploi, leur implantation courageuse dans une petite ville de moins de 20 000 habitants, par exemple.
    • Les compagnies les plus isolées, qui labourent les diagonales du vide qui émaillent notre territoire auront une voix, à un chapitre ordinairement réservé aux structures les mieux dotées ; 
    Et nous verrions Patrice Chéreau monter un spectacle à Doullens...
    Le Festival d’Avignon deviendrait aussitôt un instrument d’égalité, de redistribution de l’offre culturelle, et aurait, pour le coup, vraiment retrouvé l’esprit de ses fondateurs.


    *sources vivantmag.fr, AFC 
    ** mise-à-jour : la fréquentation serait en hausse 48 000 carte du OFF vendues cette édition 2011

      lundi 27 juin 2011

      Vive les dictateurs fiables et dociles

      Je ne peux que citer cette traduction que nous devons à Emcee d'un discours de Noam Chomsky sur les raisons de notre intervention (à nous Français embarqués) en Lybie

      Discours de Chomsky sur la réaction des Etats-Unis aux révoltes populaires qui se sont propagées au Moyen-Orient et en Afrique du Nord à l'occasion du 25ème anniversaire du groupe de surveillance des medias nationaux, "Fairness and Accuracy in Reporting" (FAIR).



      (Voici les propos tenus par Noam Chomsky sur les enjeux dans le monde arabe à l'occasion de cet événement).


      Noam Chomsky: Les Etats-Unis et ses alliés feront tout pour empêcher l'instauration d'une véritable démocratie dans le monde arabe. La raison en est très simple. Dans toute la région, une majorité écrasante de la population considère que les Etats-Unis sont la principale la menace contre leurs intérêts.
      De fait, l'opposition à la politique U.S. est si forte que l'immense majorité d'entre eux pensent que la région serait plus en sécurité si l'Iran possédait l'arme nucléaire. En Egypte, le pays le plus important, ce taux est de 80 %. Et le pourcentage est pratiquement le même ailleurs.
      Il y en a certains dans la région qui considèrent l'Iran comme une menace – ils sont environ 10 %. Eh bien, il est clair que les Etats-Unis et leurs alliés ne vont pas tolérer que s'installent des gouvernements qui se préoccupent de la volonté du peuple. Si cela devait se réaliser, non seulement les Etats-Unis ne contrôleraient plus la région, mais ils en seraient expulsés. Et donc, c'est de toute évidence un plan intolérable.
      En ce qui concerne WikiLeaks, il y avait un point intéressant là-dessus. Les révélations de WikiLeaks qui ont été le plus médiatisées — gros titres, commentaires euphoriques, etc. — c'est que les Arabes soutiennent la politique US vis-à vis de l'Iran. Mais rien sur l'avis de la population arabe - il ne compte pas.

      Si les dictateurs nous soutiennent et qu'ils contrôlent leurs populations, alors, où est le problème? C'est comme l'impérialisme. Où est le problème si ça marche?
      le_Caire_armee_pl_tahrir_Yannis_Behrakis.jpg
      L'armée égyptienne veille


      Tant qu'ils peuvent maîtriser les populations, tout va bien. Elles peuvent manifester leur haine, nos sympathiques dictateurs les garderont sous contrôle. Cela, c'est la réaction non pas seulement des services diplomatiques du Département d'état ou des médias qui en ont fait état, mais également du cercle intellectuel en général. Il n'y a aucun commentaire là-dessus. En fait, les médias aux Etats-Unis occultent complètement ces sondages (sur l'opinion des populations, NDT). On trouve ça un peu en Angleterre, mais très peu. Ce que pense la population, on s'en fiche, pourvu qu'elle soit contenue.
      Eh bien, à partir de ces observations, on en déduit assez vite quelles politiques vont être menées. On peut pratiquement les énoncer.

      Et donc, quand il s'agit d'un pays riche en pétrole, avec un dictateur fiable et docile, on le laisse faire ce qu'il veut. L'Arabie Saoudite est le pays plus important de cette catégorie. C'est le centre du fondamentalisme islamique le plus puissant, le plus extrémiste et le plus brutal, des missionnaires qui répandent un islamisme ultra-radical comme les jihadistes et pire encore. Mais ils sont dociles et fiables, ils peuvent faire ce qu'ils veulent.
      Une manifestation était prévue en Arabie Saoudite. La présence policière était si importante et si dissuasive que pratiquement personne n'a eu envie de descendre dans les rues de Riyad. Mais là, il n'y avait rien à redire. Pareil au Kowait. Il y a eu une petite manifestation vite réprimée ; sans commentaire.

      En fait, le cas le plus intéressant, c'est, à bien des égards, celui du Bahreïn. Le Bahreïn est important pour deux raisons. L'une, dont les médias ont parlé, c'est que c'est le port d'attache de la 5° Flotte, force militaire majeure dans la région. L'autre raison, plus fondamentale, c'est que le Bahreïn est à environ 70% à majorité chiite, et il est situé juste de l'autre côté de la chaussée du roi Fahd, pont qui le relie au sud-est de l'Arabie saoudite - qui est également à majorité chiite, et qui se trouve être la région riche en pétrole, tout autour de la partie septentrionale du Golfe. C'est-à-dire, qui englobe l'est de l'Arabie saoudite, le sud de l'Irak et le sud-ouest de l'Iran.

      Et cela fait longtemps que les stratèges craignent qu'on se dirige vers une sorte d'alliance tacite dans ces régions à majorité chiite qui mènerait à l'indépendance et au contrôle de l'essentiel du pétrole mondial. Ce serait, de toute évidence, intolérable.

      Et donc, pour en revenir à Bahreïn, il y a eu une révolte populaire, des tentes ont été installées sur la place centrale de la ville comme à Place Tahrir. Les forces militaires menées par l'Arabie saoudite ont envahi le Bahreïn, permettant aux forces de sécurité de Bahreïn de réprimer violemment cette révolte, de détruire les camps de tentes et même de détruire le monument central de la place de la Perle, symbole de Bahreïn; ils ont envahi le complexe hospitalier le plus important, expulsé les patients et les médecins; ils arrêtent régulièrement, tous les jours, des défenseurs des droits humains, les torturent, ils (les dictateurs, NDT) se font de temps en temps taper sur les doigts, mais rien de bien méchant. C'est comme le principe de Carothers. Si les actions correspondent à nos objectifs stratégiques et économiques, c'est bien. Nous pouvons avoir un discours noble; mais ce qui compte, ce sont les faits.
      Eh bien, ceux-là, ce sont les dictateurs dociles des pays riches en pétrole.

      Et l'Egypte, me direz-vous, pays très important, mais qui n'est pas un centre de production pétrolière majeur ? Eh bien, en Egypte et en Tunisie et dans d'autres pays du même genre, il y a un plan de match, utilisé régulièrement, si couramment qu'il faut être un génie virtuel pour ne pas le remarquer.
      Et quand on a un dictateur privilégié – si vous songez à faire carrière dans le service diplomatique, autant que vous sachiez cela – … quand on a un dictateur privilégié et qu'il rencontre des problèmes, on le soutient le plus longtemps possible, soutien inconditionnel jusqu'au bout. Quand on arrive au point où il n'est plus du tout possible de le soutenir – par exemple, disons, si l'armée ou les milieux d'affaires se retournent contre lui – alors, il faut le faire partir, faire des déclarations fracassantes sur l’amour qu’on porte à la démocratie, puis, chercher à remettre en place l'ancien régime, avec de nouveaux noms, s’il faut. Et c'est ce qui se fait indéfiniment.
      Ca ne marche pas toujours, mais on essaie toujours – Somoza au Nicaragua; le Shah en Iran; Marcos aux Philippines; Duvalier à Haïti; Chun en Corée du sud; Mobutu au Congo; Ceausescu fait partie des favoris occidentaux en Roumanie; Suharto en Indonésie. C'est la procédure habituelle. Et c'est exactement ce qui se passe en Egypte et en Tunisie.
      Donc, d'accord, on les soutient jusqu'au bout — Moubarak en Egypte, jusqu'à la fin on l'a soutenu. Ca ne marche plus, on l'envoie à Charm el-Cheikh, on sort le discours, et on cherche à restaurer le régime. C'est, d'ailleurs, la raison du conflit actuel. Comme l'a dit Amy, on ne sait pas comment ça va tourner, mais c'est ce qui se passe.

      Et puis, il y a une deuxième catégorie. Cette catégorie c'est celle du dictateur de pays pétrolier en qui on n'a pas confiance, l'électron libre. C'est le cas de la Libye. Et là, la stratégie est différente; il faut chercher à mettre en place un dictateur plus fiable. Et c'est exactement ce qui se passe actuellement.
      Evidemment, il faut faire passer ça pour une intervention humanitaire. C'est un autre principe universel qu’on retrouve pratiquement dans toute l’histoire.
      Pratiquement chaque fois qu'il y a eu recours à la force, quel qu'en ait été l'auteur, il était accompagné du discours le plus noble

      Il s’agissait de raisons humanitaires. C'est Hitler qui envahit la Tchécoslovaquie, les fascistes japonais qui dévastent le nord-est de la Chine. C'est Mussolini en Ethiopie. Il n'y a pratiquement aucune exception. Et donc, vous présentez cela et les medias et les commentateurs font semblant de ne pas remarquer qu'il ne contient aucune information, parce que c'est automatique.

      Et donc, mais dans ce cas précis (de la Libye, NDT), ils pourraient ajouter autre chose, qui a été maintes et maintes fois répété dans les médias, à savoir que les Etats-Unis et ses alliés sont intervenus pour répondre à la demande de la Ligue Arabe. Et, évidemment, il faut bien nous faire prendre conscience de l'importance de cette information. Soit dit en passant, la réaction de la Ligue Arabe était mitigée et ils se sont assez vite rétractés parce qu'ils n'étaient pas d'accord avec ce que nous faisions. Mais passons.

      Au même moment, la Ligue Arabe émettait une autre requête. Voici le gros titre d'un journal: "la Ligue Arabe demande une zone d'exclusion aérienne pour Gaza". Il s'agit, en fait du Financial Times de Londres.

      Aux Etats-Unis, on n'en a pas parlé. Ou, plutôt, pour être précis, le Washington Times en a parlé, mais en gros, l'information a été bloquée, comme les sondages sur l'opinion publique dans les pays arabes, pas le genre d'information à publier. Et donc, comme "la Ligue Arabe demande une zone d'exclusion aérienne pour Gaza" ne correspond pas à la politique des Etats-Unis, nous ne sommes pas obligés de diffuser cette information, et elle a donc été escamotée.

      Maintenant, certains sondages sont publiés. En voici un qui a été publié dans le New York Times il y a deux ou trois jours. Je cite: "Ce sondage montre qu'une majorité d'Egyptiens veulent abroger le traité de paix signé en 1979 avec Israël, et qui a été la pierre angulaire de la politique étrangère de l'Egypte et de la stabilité dans la région".

      En fait, ce n'est pas tout à fait exact. Il a été la pierre angulaire de l'instabilité dans la région, et c'est justement la raison pour laquelle la population en Egypte veut l'annuler. Cet accord écartait l'Egypte du conflit israélo-arabe. C'est-à-dire qu'il éliminait le seul moyen de dissuasion à l'action militaire d'Israël.
      Et il a permis à Israël d'étendre ses opérations—illégales—dans les Territoires Occupés et d'attaquer son voisin du Nord, le Liban. Peu de temps après, Israël attaquait le Liban, tuant 20.000 personnes, détruisait le Sud-Liban, tentait d'imposer un régime client, mais n'y est pas tout à fait parvenu. Et ça a été compris. Et donc, la réaction immédiate au traité de paix, c'est qu'il y a des éléments que nous n'apprécions pas – il va nous falloir abandonner nos colonies dans le Sinaï, le Sinaï égyptien. Mais il y a un bon côté à ça, également, c’est que le seul moyen de dissuasion a disparu maintenant, nous pouvons donc utiliser la force pour réaliser nos autres objectifs. Et c'est exactement ce qui s'est produit. Et c'est exactement la raison pour laquelle la population égyptienne y est opposée. Ils comprennent cela, comme tout le monde dans la région.

      D'un autre côté, le Times ne mentait pas quand il disait que cela avait conduit à la stabilité de la région.

      La raison en est que le terme "stabilité" renferme un sens spécifique – un peu comme démocratie. La stabilité signifie «compatibilité avec nos intérêts ». Et donc, par exemple, quand l'Iran essaie d'étendre son influence en Afghanistan et en Irak, ses voisins, on appelle ça "déstabiliser". Cela fait partie de la menace que constitue l'Iran. Cela déstabilise la région.

      En revanche, quand les Etats-Unis envahissent ces pays, les occupent et les détruisent en partie, c'est dans l’idée d’apporter la stabilité. Et cela, c'est très courant – au point qu'on peut écrire – comme l'a fait l'ancien rédacteur en chef de Foreign Affairs— que quand les Etats-Unis ont renversé le gouvernement démocratique chilien et instauré une dictature brutale, c'était parce qu'il fallait que les Etats-Unis déstabilisent le Chili pour apporter la stabilité.

      Eh oui, vous renversez un gouvernement parlementaire, vous y installez une dictature, vous envahissez un pays, et vous tuez 20.000 personnes, vous envahissez l'Irak et vous tuez des centaines de milliers de personnes – tout ça, c’est pour apporter la stabilité. L'instabilité, c'est quand quelqu'un vient de mettre en travers de votre chemin.


      ©des bassines et du zèle
      (NB: "FAIR", Fairness and Accuracy in Reporting, le groupe new-yorkais de surveillance des médias américains qui vient de célébrer ses 25 ans de publications d'analyses de la censure et du parti pris médiatique qui écarte les points de vue divergents sur les sujets d'intérêt public et sur les avis critiques des groupes politiques ou ethnoculturels).

      dimanche 19 juin 2011

      Un vrai candidat de gauche en 2012

      Pour la première fois depuis Mitterrand en 1974, Jean-Luc Mélenchon, désigné à près de 60% par les militants du PCF, le Président-fondateur du "Parti de Gauche", sera un vrai candidat de gauche à l'élection présidentielle de 2012.




      Un meeting est organisé ce 29 juin 2012 au Métro Jaurès à Paris


      Né au Maroc en 1951, fils d'un receveur des PTT et d'une institutrice, il a passé son enfance dans le Pays de Caux et son adolescence dans le Jura. Licencié en philo, il fait divers petits boulots dans une imprimerie, puis dans l'horlogerie, enfin comme Professeur de français dans un lycée technique. 


      Leader du mouvement lycéen en Mai 68 à Lons-le-Saunier, il milite dans le syndicalisme étudiant puis adhère à l'OCI, courant trotskiste d'obédience lambertiste. Il deviendra membre du PS en 1977 et sera adoubé par Claude Germon, maire de Massy et membre du bureau exécutif du PS en charge du secteur entreprise. 


      Devenu premier secrétaire de la fédération de l'Essonne, il crée une lettre hebdomadaire A gauche, données et arguments ,qui sera le creuset d'un courant ancré à la gauche du PS. Après la gifle électorale d'avril 2002, il s'alliera avec Henri Emmanuelli mais leur courant n'atteindra que 16,3% des voix au congrès de Dijon. 


      En 2005 Faisant campagne pour le Non au projet de constitution européenne, Mélenchon créa "Trait d'union" et l'association PRS (Pour la République sociale) qui s'opposent fermement à l'impasse d'une social-démocratie européenne accompagnant les "réformes" du néo-libéralisme. Selon lui, une autre voie est possible, et elle est tracée par Die Linke en Allemagne. Après diverses tribulations au PS, du congrès du Mans (2005) au sinistre congrès de Reims (2008) en passant par la défaite de Ségolène Royal torpillée par son propre Parti, "Méluche" quitte le PS et fonde le 8 mars 2009, "Le Front de gauche"avec François Delapierre, Marc Dolez et d'autres.
      Elu député européen sous ses propres couleurs (juin 2009), Jean-Luc Mélenchon se rend vite compte qu'un eurodéputé a encore moins de pouvoir qu'un parlementaire national et qu'il n'a aucune influence sur la cuisine des "gnomes de Bruxelles", comme les appelle Jacques Julliard.
      Mélenchon est un homme politique issu d'une longue tradition de tribuns populaires, de Danton à Gracchus Babeuf, de Blanqui à Jean Jaurès. Mais il y a aussi chez lui un zeste de Jean Zay, cet ancien ministre de Léon Blum assassiné en 1944 par la Milice. Il se qualifie lui-même de "socialiste républicain". Son ambition est de parvenir à "être le rassembleur de toute la gauche sur une ligne politique antilibérale voire anticapitaliste issue de la révolution par les urnes pour gouverner et transformer profondément la France dans le sens du progrès massif de l'intérêt général à l'instar des expériences sud-américaines boliviennes et vénézuéliennes".
      Son expérience ministérielle (il fut Ministre délégué à l'Enseignement professionnel sous Lionel Jospin, du 27 mars 2000 au 6 mai 2002) lui confère une stature d'homme d'Etat. 


      Son dernier ouvrage, intitulé "Qu'ils s'en aillent tous ! Vite,la révolution citoyenne"* est clair et explicite.

      Quelques résultats locaux de la consultation des militants communistes
      Score national 59,12% Mélenchon
      http://www.pcf.fr/10560

      Amiens : Mélenchon 37,77% ; Chassaigne 35,55% ; Dang Tran 26,66%
      Tarn et garonne Mélenchon 74 %
      Maine et Loire aurait voté à 70% pour Chassaigne
      En Loire-Atlantique, le PCF vote à 55% pour Mélenchon
      76: Chassaigne gagne Le Havre, Rouen mais Mélenchon fait 90% dans les autres sections.
      94 : 51% Chassaigne, 47 Mélenchon
      Vallauris 67% Votants 90 % Méluche !
      91 Essonne : 70,59% pour JLM
      Montargis : Votants : 66 Chassaigne : 50 soit 75.76% des votants ; Mélenchon : 24,24% 
      Haute-Garonne 1280 Votants : 1029 Chassaigne : 477 Mélenchon : 475 Dang Tran : 63




      41 : Mélenchon:77% ; Chassaigne:22,5%
      74 le PCF a voté à plus de 75% pour Mélenchon
      44 : 55% Mélenchon
      Meurthe et moselle : 60% Chassaigne, 35% Mélenchon.

      La candidature de M. Mélenchon est assortie d'un accord sur les législatives favorable au PCF avec près de 80% des circonscriptions réservées à des candidats communistes.

      Depuis 1981 et Georges Marchais (15,3%), le score du PCF a lourdement chuté: 6,7% pour André Lajoinie en 1988, 8,6% puis 3,37% pour Robert Hue en 1995 et 2002, avant le calamiteux 1,93% de Marie-George Buffet en 2007.






      mardi 14 juin 2011

      Avis de printemps sur l'Italie

      Décidément, tout a une fin, même pour ceux qui s'emparent du pouvoir à leur propre fin. Voici donc les prémisses peut-être d'un printemps italien.



      Silvio Berlusconi, empêtré comme nous le sommes sur le théâtre d'opérations lybiennes, à la tête d'un pays dont la croissance sur dix ans est de 0%, faible d'un bilan économique où, à cause de ses réformes de droite ultra-libérale, son pays est grêvé d'une dette de l'Etat de 120% de son revenu national, se voit aujourd'hui infliger une dégelée comma jamais chef d' Etat européen s'en est vu infliger.

      Après avoir essuyé une énorme râclée dans les plus grandes villes d'Italie aux dernières municipales, et notamment dans la sienne, Milan, qu'il dirigeait depuis 18 ans, Silvio Berlusconi n'a pas été plus chanceux lors du scrutin réferendaire qui portait sur quatre questions : Le tarif de l'eau, le nucléaire, l'impeachment, et les services publics.
      De 94% à 96 % : Les Italiens ayant participé au referendum populaire on voté comme un seul homme (ou comme une seule femme) contre les propositions de privatisations de l'eau ou encore l'implantation de centrales nucléaires en Italie.

      Le débat citoyen aura été un blitz-debat. Il y a 2 semaines, de nombreux Italiens ne savaient pas qu'une consultation était organisée lorsqu'ils ont reçu leurs quatre jolis petits cartons par la Poste. 4 textes de lois, à la lecture incompréhensible, en caractères minuscules, inaccessible aux personnes âgées ou handicapées, et deux cases : SI et NO.

      N'y comprenant d'abord rien, à part de fins juristes, tout le monde a été tenté de voter NON.

      Or, il fallait voter Oui pour s'opposer. Le petit Silviuccio avait bien fait les choses. 

      (c'est comme si en France on nous demandait "êtes-vous Oui ou Non contre les mesures qui tendent à annuler les projets de loi à venir sur la prolongation de la vie des centrales nucléaires ?" gloups ! Mais on ne nous le demandera pas, car ce projet de Referendum populaire promis en France par M. Sarkozy en 2007 n'est toujours pas promulgué, n.b

      Dans ce contexte de désinformation totale, qui réitère celle du TCE de 2005 ignoré des citoyens italiens, des forums populaires ont pris place en plein air, au théâtre. Des représentations ont été interrompues par des manifestations en faveur du SI (comprenez contre le projet de privatisation de l'eau, comme on le voit sur cette petite vidéo par exemple) et internet a joué son rôle d'accélérateur, comme sur le blog du Coluche italien, Beppe Grillo. Son nouveau mouvement politique "Le Mouvement des 5 étoiles" s'appuie sur un programme politique autour des cinq axes que représente son symbole : l'environnement, l'eau, le développement, la connectivité et les transports. Pour ce blog, parmi les 20 plus lus de la planète, le SI s'imposait quatre fois.

      Les Italiens ont d'une part écouté de quelle façon allait voter Berlusconi pour faire l'exact inverse, c'est vrai, mais ils auront suivi Beppe Grillo et le Juge Di Pietro. Ils ont voté SI entre 94 et 96% selon les questions : ce n'est plus un referendum, c'est un plébiscite contre des projets d'inspiration néo-libérales de droite. 

      Rappelons que suite à un mouvement écologiste quia traversé les années 1970, l'Italie n'a pas de Centrales nucléaires. Elle achète son électricité à la France. C'est donc d'indépendance énergétique qu'il serait question. En Italie, des centrales thermiques au gazole fonctionnent à chaque fois qu'on allume une télévision, ou une ampoule électrique, ce sont donc des tonnes de CO2 que l'italien produit en s'éclairant, en faisant tourner hôpitaux et lumières de la ville.


      Il est vrai que de l'autre côté des montagnes l'Italien paie son électricité au prix fort ; et il n'est pas rare de voir un de nos cousins devancer subitement Ushain Bolt sur 100 mètres. C'est en général pour éteindre une lumière. (ou pour fuir le fisc, hi-han)


      La situation sismique de l'Italie presque aussi forte que celle du Japon aura valu cette prudence italienne. Leurs tremblements de terre sont déjà assez catastrophiques comme ça (Gibellina en Sicile en 1968, Irpinia en 1980, Assise en 1997, L'Acquila en 2008), ils n'ont peut-être pas envie d'avoir un second fléau à supporter.

      Il est d 'autant plus remarquable que malgré ce prix élevé, le cousin italien ne veuille pas en payer un plus fort à l'avenir : une catastrophe type Three Miles Island, Tchernobyl ou Fukushima, sur une langue de terre de 150 km de long d'où il ne pourrait échapper à la radio-activité. L'Italien est un peu fou, certes, mais pas taré.

      Les tenants pro-nucléaire, (du NO, vous suivez ?) développaient pourtant l'argument que l'Italie aurait besoin à terme de beaucoup plus d'énergie, que 10 centrales suffiraient à en couvrir ses besoins et que, joignant l'utile au normatif, cela lui permettrait de respecter le protocole de Kyoto, ce qu'elle ne fait pas pour l'instant (et pour cause !)

      Les medias français insistent beaucoup sur le fait qu'il s'agit d'un désaveu pour la personne de Berlusconi. Attention, mes confrères asinesques, ne nous laissons pas attirer par cette pitance, cette carotte est là pour nous endormir. 

      Certes son actualité n'est pas plus reluisante que sa sexualité. Le pauvre est accablé par des Juges de gauche, dit-il, et une audience avait encore lieu lundi 13 juin dernier alors qu'il recevait M. Benjamin Nethanyaou.  Mais je crois plutôt, grâce au peu de matière grise qu'il y a entre mes deux longues très longues oreilles, que le citoyen Italien a compris qu'on voulait lui faire payer son eau plus cher, qu'on voulait investir dans des centrales toujours dangereuses à un très haut niveau d'endettement, et que celles-ci allaient à terme passer -comme les services publics et l'eau- dans le domaine de la gestion privée, tout comme dans un certain autre pays sismique, nommé Japon. Berlusconi doit plus à la gestion par la Tepco de la catastrophe de Fukushima son ultime revers, plutôt qu'aux procès en cours pour prostitution de mineures et autres scandales financiers.


      Et c'est un âne qui vous parle.


      P.S : Pour les italophones, écoutez l'intervention hilarante de Roberto Benigni qui, en période de silence obligé, se faisait comprendre, devant Umberto Eco, par métaphores interposées, de la nécessité de voter SI ...

      jeudi 9 juin 2011

      Christine Lagarde nommée au FMI (pas un scoop...)



      Le Point.fr nous apprend que les voyages de campagne de Mme Lagarde seraient financés par l'Etat français. Nous qui allons bientôt devoir travailler tout en restant au R.M.I, on apprécie.



      L'Etat finance les voyages privés de Mme Lagarde...


      Sur quelle ligne budgétaire ? Je demande à ma chère Députée qu'une enquête soit ouverte, car je n'en sais rien.

      L'Etat finance la campagne privée de Mme Lagarde... Signe que le poste est déjà attribué à Christine Lagarde. Vous imaginez-vous un seul instant la France mettre en balance la crédibilité d'un Ministre en exercice, à un an de sélections présidentielles, si des garanties de nomination n'avaient pas été acquises au préalable ? Foutaises.

      • Français, vous financez la mascarade. 
      Vous me direz qu'à côté de ce que coûte "les opérations militaires", les guerres en Libye, en Afghanistan, la "présence française" en Côte-d'Ivoire, c'est que t'chi... Mais tout de même...

      • Alors comment l'Etat se justifie-t-il ?
      "La France est attachée à un financement public de manière à ce que des candidats autres que des personnalités fortunées puissent se présenter à ces postes" selon les souces du magazine.

      Comme si il y avait une réelle ouverture de candidatures, et une visée égalitaire ! Ils sont drôle$.

      • Que révèle la pantalonnade de la Candidature de Christine Lagarde au poste de D.G du F.M.I ?

      Dans les sphères oligarchiques, l'avez-vous remarqué, on veut toujours faire croire à une belle organisation ouverte et démocratique. Mieux, une compétition. La compétition étant un modèle sociétal pour les néos-libéraux, qui par ailleurs refusent toute forme de protection quand il s'agit du bien public des Etats, font mine d'organiser des batailles sanglantes là où il n'y a que secrets d'alcôves et porte-feuilles protégés. Sa candidature révèle les prés carrés.

      Les grandes instances supra-démocratiques veulent jouer aux démocraties avancées, aux entreprises à haute valeur ajoutée, qui recrutent des gens bien, pas n'importe qui, et organisent des sélections. Alors qu'il n' y a pas plus préparé et fermé, comme leurs clubs.

      Nous venons de voir la quatrième nomination de Sepp Blatter à la tête de la FIFA... Là où il y a de l'argent, où voit-on qu'on sélectionne sur des critères autres que la stratégie financière ?

      Les oligarques ne sont pas des extra-terrestres, ils ont ceci en commun de sortir tous des mêmes écoles, ou d'avoir été fomés aux mêmes doxas économiques, Frydmann, Hayek et consorts. Ils sont d'origine bourgeoise, voire riche.


      • Le poste est déjà attribué, j'ouvre ici les paris 

      Je ne dis pas cela pour minimiser la candidature d'une Aurélie Trouvé par exemple, qui aurait sûrement à mes yeux plus de légitimité à être nommée. Plus jeune, plus ouverte sur la réalité du monde, moins à la botte des lobbys militaro-industriels, n'ayant jamais travaillé pour les intérêts américains, elle.

      Mais il y a un hic : pour être soumise au vote, une candidature doit être présentée par l'un des gouverneurs ou administrateurs du FMI. Et il se trouve que le Gouverneur français n'est autre que... Christine Lagarde, qui fera semblant d'accepter sa candidature, bon prince.

      Par conséquent, tout ce financement public est parfaitement inutile.

      Curieux pour des gens qui passent le plus clair de leur temps à couper dans les dépenses...


      *(surtout quand on paie encore ses factures de scolarité au niveau 5 et que l'on contribue à l'impôt calculé sur les revenus de l'an dernier.)