lundi 30 avril 2012

premier mensonge "d'état "

Du lourd, du nerveux sur mon blog aujourd'hui.

Ce matin sur Fance Inter, lorsque j'ai entendu Ségolène Royal dire que "de sa vie" elle ne voudra revoir DSK, j'ai entendu grâce à ma petite oreille exercée, qu'il y avait un je-ne-sais-quoi de surjoué dans cette déclaration.


Croyant utile d'en rajouter, y allant même un peu de sa larme Mme Royal déclare dans le Nouvel Obs "Tous les ans, je vais dire à Julien Dray bon anniversaire et là d'autant plus, parce qu'il a eu des problèmes de santé graves. Je me suis dit : ce n'est pas le moment de laisser tomber des amis de longue date.


Selon elle,  avoir invité DSK est "inconséquent". On le serait à moins.

Moi, je me suis souvenu que Julien Dray venait de la L.C.R et que DSK de la seconde gauche Rocardienne. Après tout, ces deux-là se connaissent bien depuis, et malgré leur différends, leurs courants politiques, l'un à gauche du P.S, fidèle compagnon de Mélenchon et l'autre, social-libéral, l'amitié avait pu l'emporter...

Mais j'ai trouvé ça fort de café, tout de même, qu'est-ce que qui se trame ? Inviter DSK, alors que tout se sait,  à son anniversaire, et pas à n'importe quel moment, à une semaine du second tour, et y convier tout ce que Paris compte de caciques du Parti dit Socialiste : Pierre Moscovici, Manuel Valls, Ségolène Royal...

Encore plus étonnant que DSK lui-même se soit rendu à cette "invitation" sachant le tollé et la déstabilisation de François Hollande que cela allait provoquer, car enfin DSK est tout sauf un naïf.

à moins que...

En allant chercher les fiches de Julien Dray et Dominique Strauss-Kahn sur Wikipedia, tout un chacun aurait pu constater que Julien Dray est né un 05 mars, quelque 54 jours avant la fameuse soirée du 28 avril, rue St Denis.

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Et que le 25 avril justement comme on le voit c'est bien ... l'anniversaire de Dominique Strauss-Kahn, deux jours plus tôt.

Alors, après avoir entendu les commentaires effarouchés, les explications embarassées, comment le PS va-t-il encore soutenir devant Nicolas Sarkozy au débat télévisé du 2 mai prochain, que Dominique Strauss-Kahn "n'est plus dans la vie politique", et que c'était l'anniversaire de Julien Dray ?

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Les dirigeants du P.S commencent sur un bien mauvais pied un mandat qu'ils espèrent.

à moins que....

Pierre Larrouturrou dans cet article du Monde
explique que le P.S redoute une râclée monumentale aux élections de 2014 (municipales), à cause d'une crise économique majeure qui va obliger Hollande et son gouvernement à couper drastiquement dans toutes dépenses sociales, tailler des croupières à tous les secteurs publics.

"Ça va être effroyable, me confiait récemment un responsable socialiste. Il n'y aura aucune marge de manoeuvre. Dès le mois de juin, on va geler des dépenses. Dans quelques mois, le pays sera paralysé par des manifestations monstres et, en 2014, on va se prendre une raclée historique aux élections."
dixit Larrouturrou.

... à moins que l'affaire de l'anniversaire de Julien Dray (qui est en fait celui de DSK) n'est là que pour voiler la date de création d'une nouvelle loge maçonique, GL-AMF, l'Alliance Maçonnique Française... Ils erait comique que celle-ci ait pour antenne le restaurant "J'Ose"...

http://www.gl-amf.org/index.php

vendredi 27 avril 2012

Le F.N c'est un refrain populaire qui sonne faux car le diapason est faux

La campagne présidentielle de 2012, la plus grotesque qu'il m'ait été donnée de voir, est pour moi d'ores et déjà achevée. Elle a vu son intérêt culminer le dimanche 18 mars à 19 h 00 lors d'une manifestation mémorable réunissant 120 000 personnes. La seule dynamique de campagne en progression était celle de Jean-Luc Mélenchon, plus associative aux dires des anciens qu'en 1981, et d'aussi grande tenue qu'en 1936. Une fuite de la DCRI le 16 mars donnait déjà le candidat du Front de Gauche à un inquiétant 18 % d'intentions de vote. 

La campagne démocratique, au tour déjà fort étrange, fut dès lors l'objet d'un traitement médiatique de plus en plus particulier.






En effet, douze heures plus tard, le 19 mars à 08h 30, un tueur matutinal et masqué tuait trois enfants et un adulte devant leur école. Cette tuerie immobilisait toute campagne, mettait fin  à tout débat autre que sécuritaire, tant le pays fut saisi d'effroi. On eut voulu le faire exprès qu'on n'y serait pas parvenu. C'est un malheureux hasard, dirons-nous. Aujourd'hui, même si le présumé tueur a été tué (paraît-il) on n'a encore aucune preuve juridique qu'il fut bien le coupable de ces meurtres en série, quasiment uniques dans l'histoire contemporaine. 


Tout ceci survint à quelques semaines d'une élection présidentielle, déjà fortement privée de débats contradictoires et centrée sur des sujets aussi subalternes que la viande Hallal ou le permis de conduire. Voilà qui allait remettre un peu de sérieux dans les débats. Mais malheureusement pas sur les sujets du niveau d'une élection de ce genre, pas sur les enjeux réels que le pays affronte. Le contexte international, pourtant  au cœur des prérogatives présidentielles, a disparu de la scène médiatique, seule référence de bien des électeurs, hélas. Silence sur le rôle à venir de la France dans ou hors l'Otan, sur la dissuasion nucléaire, encore moins sur le Grand Marché Transatlantique dont personne ne veut jamais parler. 






Merah, c'était l'homme qui tombe à pic. Avec 45% des voix à eux deux, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen peuvent consacrer à Saint-Merah un beau cierge tous les soirs avant d'aller se coucher.


Car chaque jour passe avec son lot d'horreurs et d'événements à fort potentiel émotionnel. Toute l'habileté du marketing politique consiste à braquer les projecteurs sur l'un ou l'autre. 

Cet événement dramatique intervint alors même qu'un travail de mise en lumière des impasses de la propagande du F.N avait juste commencé de porter ses fruits... Beaucoup de gens ont compris -et ça c'est acquis- que le F.N n'offre aucun point de convergence avec le Front de Gauche, ni sur le logement, ni sur l'éducation, ni sur la santé, ni sur la retraite, ni sur les droits sociaux dans les entreprises, rien. Les citoyens qui votent F.N semblent ne pas croire eux-mêmes au refrains de Mme Le Pen, sinon comment pourraient-ils encourager les inégalités sciemment ?

Le F.N, c'est une expression populaire qui chante faux car le diapason est faux.






Un vrai travail d'éducation populaire, à l'ancienne, comme aucun candidat ne l'avait fait avant Jean-Luc Mélenchon. Serait-ce que la puissance de feu de l'Euro-libéralisme, qu'il soit dit "de droite" ou dit "de gauche", s'accommode décidément bien de la présence d'un Le Pen aux élections, dont tout affaiblissement affaiblirait par-là même l'efficacité de l'épouvantail qu'ils mettent en place depuis 40 ans ? L'Europe a des cancers qui se nourrissent l'un l'autre, on appelle ça des métastases.

De plus, un score de 17 % du Front National permet avantageusement pour les médias de remettre au premier plan les thèmes vendeurs : faits divers, insécurité à laquelle la Police fait face. Sans insister sur les causes. Non parce qu'elle augmente, les chiffres l'infirme, mais parce que la Police manque de moyens en Personnel et qu'elle ne peut pas travailler en terme d'objectifs chiffrés à réaliser. Je connais des gardiens de la paix qui avaient cru en Nicolas Sarkozy en 2003, en 2007, et qui n'en peuvent plus.

Ces 17% de Le Pen vont permettre encore longtemps aux futurs Nicolas-Sarkozy et à tous les François-Hollande de continuer à crier au loup lors des prochaines campagnes présidentielles : d'appeler au "Votutil" dès le premier tour. On s'appuiera désormais sur le score de Mme Le Pen de 2012 pour la gratifier dans les sondages dès 2016, après s'être appuyé durant la décennie précédente sur le score de son père de 2002. 


Tout consiste à réduire cette élection majeure de la vie politique française à un seul tour. Là aussi, "There's no alternative"


Au lendemain du premier tour, l'écran de fumée Le Pen joue à plein tube. À titre d'exemple, j'ai hurlé de rire à la question posée comme suit de la part d'une journaliste de Public Sénat à Ségolène Royal : "Maintenant que Mélenchon est très bas, François Hollande aurait les coudées franches pour nommer un premier Ministre comme François Bayrou ?" Mme Royal ne disconvint pas. L'effaceur... efface le fait que M. Bayrou a perdu 3 millions et 544 770 voix depuis la précédente élection.


Le Front de Gauche est une coalition qui a commencé par obtenir 5,5% aux européennes, puis 6% aux régionales, puis 11% au premier tour des sénatoriales, et voilà 11,11% à la présidentielle, ce qui donne 3 millions 278 030 voix nouvelles en plus. Au suivant !

Qui a voté Le Pen ? Encore et toujours des quartiers de banlieue où règnent chômage, déclassement, insécurité sociale, et des villages de la France profonde, où les lieux de rencontres, cafés, commerces, ont été effacés en même temps que les églises se sont vidées. La solitude, la vieillesse, dans la douceur d'un village, c'est déjà difficile. Mais dans une tour... L'incertitude d'un monde où chacun a dans sa famille quelqu'un qui a perdu, son travail, son espoir, sa famille, la vie. Depuis que l'éxode rurale a commencé (60's) la main d'œuvre n'est plus agricole, le travail a gagné les villes (70's), dix ans seulement avant que le chômage à son tour ne les gagne.

Laissons les vieux finir leur vie dans la solitude et la peur, et laissons les plus jeunes commencer leur vie au bord de la route en l'absence de perspectives meilleures que celles de leurs parents, et dans dix ans nous aurons la Hongrie en France, avec des villas grillagées et des femmes claquemurées aux choses du ménage. 


Changez les choix rédactionnels des journaux télévisés, la France soufflera un peu et sera moins paranoïaque. Les personnes qui ont peur sont vulnérables et manipulables : ça a toujours marché, alors pourquoi s'arrêter ! C'est la recette miracle pour diriger nos vies.








La peur s'insinue jusque dans les bureaux de vote : 
Au premier tour, votez sous la menace Le Pen.  
Au deuxième tour, votez sous la menace Sarkozy. 
Ne choisissez pas, votez un revolver sur la tempe, 
mais surtout n'ayez pas peur !

La concurrence et la division sont tellement bien ficelées entre les gens des couches populaires, et la solidarité tellement forte entre riches, le néo-libéralisme sème tellement bien la zizanie que des gens qui auraient tout intérêt de voter à gauche votent à droite, non par peur d'aller vers une économie solidaire pour laquelle ils n'ont pas de référence, mais par des réflexes de peur sollicités chaque jour dans toutes les représentations fabriquées à la télévision depuis des décennies. Sinon, comment se ferait-il que des sociétés instruites, comme nous le sommes, élisent des délinquants de haut vol comme M. Nicolas Sarkozy, par exemple ?



Autrement dit , il est facile et surtout infertile de qualifier de "fachos" les électeurs de Le Pen. Il y aura 3% de racistes, royalistes, grands bourgeois qui font des choix assumés d'ultra-libéralisme économique. Les 15% d'autres électeurs de Marine Le Pen (si ce résultat n'a pas été obtenu par la magie des votes électroniques) ne sont que les victimes de T.I.N.A*, la propagande du néo-libéralisme présenté comme seul horizon obligatoire. Ces électeurs méritent toute notre attention, non pour les idées qu'ils sont censées représenter, mais pour les symptômes qu'ils présentent :

T.I.N.A, ils en sont victimes d'un côté, désinformés et hystérisés contre "l'étranger" en général, et ils la combattent de l'autre, conscients d'être pris dans la nasse d'un "système" politico-économico-mediatique qui s'auto-protège. Comme l'ami Nicolas, avec qui je tape le carton au rade de quartier où je vais le soir, nombreux sont ceux qui ne voient que les effets du néo-libéralisme et non leurs causes. Comme celui regarde le doigt au lieu de voir la lune, ils parlent de la menace de l'islam pour le modèle culturel français.

Mais ils ne voient pas que le modèle culturel français est un manteau d'arlequin tissé au cours des siècles de l'histoire de France. Il est métissé de l'Italie, de l'Espagne, des Flamands, des Anglais, des Arabes,  des Turcs, des Serbo-croates. La France est le Brésil de l'Europe.

Et s'il doit être victime, il l'est d'abord par l'influence culturelle du néo-libéralisme U.S et sa présence quotidienne qui fait entrer dans les cerveaux, par la force de la répétition, les schémas des séries à la télévision. La classe populaire est présenté comme la classe dangereuse, et dangereuse, elle en vient à se méfier d'elle-même. Il serait même intéressant de faire une étude sociologique où figurerait les habitudes télévisuelles et les votes.


Ils voient -et je le sais pour en discuter avec eux- que l'on précarise les salariés, ils voient qu'on rend les services publics inefficaces, dont la Police, et qu'ensuite on envoie cette même Police faire le ménage ou passer son kärcher... Ils voient que l'on méprise ensuite ceux qui ne votent pas comme il faut (le Non de 2005). Ils pensent même être victimes d'irrespect post-électoral en 2012, alors même qu'on ne parle que des propositions du F.N durant cet entre-deux tours !




La persécution est un sentiment intarissable. Elle traduit un sentiment qui affecte toutes les sociétés démocratiques européennes qui souffrent de plus en plus de se sentir dirigées d'une main de fer. Un Italien aujourd'hui depuis la démission de Silvio Berlusconi vous dira avoir le sentiment d'être sous occupation allemande.



Mais ils ne voient pas que l'on désigne des boucs-émissaires faciles, pauvres comme eux, français comme eux, et que l'atomisation des familles et des quartiers en individus, le cauchemar des pavillons, la priorisation des moyens de l'éducation aux beaux quartiers, la relégation au ban des zones où l'éducation devrait être la priorité, que tout cela divise, fait grandir les enfants les uns loin des autres. Pas les mêmes écoles, pas les mêmes colos, pas les mêmes boulots, et bientôt pas les mêmes cimetières !



Si vous ajoutez à ce rouleau compresseur l'hostilité des médias pendant les campagnes, la peur du retour en arrière (alors que la régression est bien là et pas à cause des économies socialistes) la peur de la punition, des chars et des bolcheviques pour les + de 65 ans, vous obtenez une diversion massive de l'électorat populaire vers ce qui les éblouit, et les divise. Sur deux Fronts, il y en a bien un de trop.


"Votutil" et "TINA" vont ensemble leur chemin vers toujours moins de possibilité d'une rébellion, fût-elle démocratique. Pour leur donner toute leur force, l'ignorance organisée est à l'œuvre et, pour reprendre la formule claire de Jacques Généreux en début de campagne, "si les gens savaient (et comprenaient) massivement nos propositions, ils voteraient pour nous massivement".



C'est aussi simple que ça. Malheureusement.





Lire ou relire La Dissociété et La Grande Régression, de Jacques Généreux.
















deux villages qui votent F.N :
http://www.rue89.com/rue89-presidentielle/2012/04/05/dans-ces-villages-de-haute-marne-vote-fn-et-ne-saime-pas-230635

* "There Is No Alternative", il n'y a pas d'autre choix, Margaret Thatcher, dictatrice, apôtre néo-libérale anglaise des années 1980.

vendredi 20 avril 2012

Le chiffre comme arme de manipulation massive de la démocratie


En 2005, nous partîmes libres, en êtres librement informés, mais par un prompt renfort nous nous vîmes entourés de cerbères en arrivant au port. En 2012, ils réitèrent leur tour de garde, car ceux-ci ne s’avouent jamais vaincus ; ça tombe bien, le peuple non plus.



Regardez cette photo publiée sur France-soir : simple photo où l'ordre de la disposition est significative.

Avant, avec Le Pen il y avait un épouvantail. Maintenant avec Sarkozy, ça en fait deux. Je viens de croiser un garçon qui fait dans le diamant et qui m'a dit : au premier tour, je vote Hollande parce que j'ai peur d'avoir Sarko. Mais au second tour, si Mélenchon y est, je vote pour lui... (!...)

Le vote dit "utile" est un vote épouvantail

Si ce blog porte ce nom c'est que je souhaite parler de ce mal qu'est l'indécision. Comme l'Âne de Buridan, à hésiter entre le boire et le manger on finit par mourir de faim et de soif. L'indécis, au bord de s'abstenir par indécision n'a pas à être blâmé, mais à être compris dans le contexte de défiance nourri à l'encontre des medias. On n'est plus en 1970.

Malgré ses efforts pour se positionner, le citoyen finit par se retirer ; mais serait-ce pour contempler ? Ou une façon de ne pas être victime de l'abrutissement de la rumeur ? Je n'entends pas l'abstention électorale comme un attitude murie, mais au pire comme une soumission ; au mieux un éblouissement, qui n'aveugle pas mais affecte un temps la vision, hélas.

Je serai heureux dimanche prochain si l'on me dit, quels que soient les résultats des uns et des autres, que les électeurs sont venus en masse pour voter ; ce droit n'est pas acquis partout dans le monde.

Notre époque fait face à une déferlante de sondages d'intention de vote. A ce rythme soutenu de cinq sondages par jour, cela n'est plus de l'information : c'est du matraquage, donc de la manipulation mentale de masse.


Face à la déferlante de chiffres, notations, sondages, des milliers de fois répétés, instituant une situation de fait, acquise pour sûre, l'instinct humain grégaire se rallie au reste de la troupe qu'on nous montre comme celle majoritaire. De la prédiction aux visées auto-réalisatrices, ou plutôt dé-réalisatrices de toute velléité de rébellion, le bon sens commun, ce rafiot malmené, contre tous ces vents et toutes ces marées tout de même s'exprime. Et si d'aventure, par on ne sait quelle folie, le résultat envisagé comme seul possible devait être différent, alors ce serait "une surprise" ! 

Or, qualifier un résultat de "surprise", c'est en nier l'expression même et la force de loi. C'est minimiser la réflexion qui l'a amenée ou les peurs qui l'ont engendré. Faire fi du murissement d'une opinion collective. Les commentaires désobligeants suivent ou même précèdent l'expression démocratique. On l'a vu assez en mai 2005 : le 28, les Français étaient très raisonnables ; le 30, c'était des ânes.


Donc chiffres, montages, et commentaires
Nous sommes bien sur-informés, aussi bien désinformés, et faisons face le plus consciemment possible (mais c'est dur) à l'hystérie de la prédiction. Le monde gouverné par notre cher capitalisme  global totalitaire soumet les Hommes, à défaut de gouverner vraiment, à l'instabilité d'une mer sans cesse agitée de mouvements. Ces mouvement sont analysés, décortiqués, et surtout quantifiés. On en vient à naviguer à courte vue et nous trouvons sans cesse contraints à sous-peser les risques. On convoque des modèles statistiques au secours de l'incertitude, grande ennemie des marchés financiers. Ces phobiques ont besoin de confiance. Le maître du gouvernant étant le chiffre, il lui faut recourir en permanence aux évaluations, quelles soient sondagières de l'opinion, quelles soient de notation financière.



Et puis le chiffre est bien pratique, il a une force qui fait peur. Au mieux, il organise verticalement les choses et s'affranchit de la complexité.  Le chiffre renseigne les vrais puissants et les soi-disant sachants, sur leurs boueés de sauvetage installées, sur les pertes, sur les gains, sur la hauteur du risque. De telle sorte et si souvent que le citoyen se noie dans cette océan de quantités. Il renseigne seulement et a posteriori ceux qui les utilisent sur les effets d'effroi ou d'adhésion recherchés. Telle "menace" deux jours avant le premier tour en Une de Libé, ramène combien de points dans le giron du favori ? Sondons pour le savoir. 






Voilà ! On ne vit plus qu'avec son cerveau droit, celui du calcul, le gauche plus émotif est manipulé. La partie créative est maltraitée, déconsidérée.


Ainsi cette année 2012 vit un record s'établir, celui de la plus longue prédiction électorale jamais enregistrée. Depuis 7 mois, tous les soirs sur quelque chaîne que l'on regarde, on nous présente un panneau établissant un duel électoral entre deux candidats, alors qu'il y en huit autres. Ces deux candidats demeurent en opposition tout au long du processus de  campagne, dans une pure prédiction à visée performative, ignorant par avance tout des évolutions de la campagne au jour du premier tour de scrutin. C'est d'une arrogance éhontée.

La disparition éventuelle de l'un des deux favoris (comme au tiercé) le fait chuter d'autant plus haut. L'on se souvient que cette situation avait fait quitter la vie politique à un Premier ministre. L'opprobre a remplacé le fair-play.

Le résultat, nest-ce pas décourageant pour la démocratie, nous est donné à l'avance, et martelé comme acquis, même dans les pires situations de volatilité économique, politique, institutionnelle, et même peut-être a fortiori ; et ce avec une exactitude qui confine au ridicule et à l'insulte.




Les officines de production de l'opinion sont bien évidemment de parti pris. Il n'est qu'à se reporter à la note du Vénézuela en matière de capacité de remboursement d'une éventuelle dette publique. Ce pays adhère à la Banque du Sud, premier défaut ; ensuite il est d'économie socialiste, second défaut ; mais il possède 25 % des réserves mondiales de pétrole lourd. Il est noté AAA me direz-vous. Non, de BB-, il vient d'être rétrogradé à B+... la justification ? Le Crisis Group estime préoccupante la "rhétorique incendiaire du président Hugo Chavez". On voit à quoi ça tient. 

L'opinion est matraquée comme une viande qu'on attendrit avant de la cuire tout à fait.

On court-circuite un peu plus encore l'attention ou la critique du citoyen en lui parlant non plus de la légitimité de la place de ces deux favoris, mais de l'écart entre les deux. L'écart, ah, voilà une belle affaire. Encore un chiffre pour les réinstituer un peu plus profondément dans la légitimité fabriquée. Et dans les méandres de chiffres se perd la nature des programmes. qu'un Président sortant ne soit pas au second tour n'a rien d'inéluctable, c'est le jeu, pourquoi faudrait-il que ce soit une "surprise", voire un tremblement de terre. Ce ne serait que le résultat d'une sanction démocratique, un mouvement collectif légitime. Loin d'être une catatstrophe, ce serait même un signe de bonne santé de la république.



Alors comment blâmer l'électeur qui s'abstient ? 
Sauf à s'apercevoir que souvent celui-là est pauvre, victime du monde du travail comme il est, du chômage, et prisonnier de sa banque où il fait crédit. En ne votant pas, il ne soutient pas les intérêts de la classe sociale où il pourrit. Il laisse les autre voter pour lui. Sauf à s'apercevoir qu'on est dans un moment où une chance historique se présente et qu'il faut la saisir. Bientôt, la désespérance remplacera bientôt la volonté politique. 

Si l'un d'eux s'apprêtait hier soir à voter Mélenchon, par exemple, et qu'il a vu son meeting en différé sur LCI, il n'aura entendu que le produit du montage que cette chaîne a fabriqué. Un ersatz de tribune où seuls les bons mots du candidat ont été passés. Ceux qu'on utilise pour faire rire le public. Son contenu découpé, aseptisé, digéré, réduit aux vingt minutes de pure forme, et surtout les moins politiques, sera commenté. Le montage de LCI atteignit des sommets de vice. Exemple : "Le feu a pris à la plaine et leur grille les fesses" a été préféré à "...ce sera alors la victoire de l'individu qui se domine et choisit à tout moment son humanité ." C'est beaucoup moins flatteur et ça en dit moins sur les valeurs que véhicule le candidat, ça prête plus le flanc, comme la pute à son client, à la caricature à venir. 

Notation avant, réduction pendant, et digestion. En attendant la défécation


Les outils de destruction massive de la démocratie que sont des medias utilisés par un pouvoir autoritaire nous montre à quel point, lorsqu'il y a un mouvement populaire d'un intérêt non conforme à ses valeurs, ils font caca dans leur froc. 

Résistons et votons, que faire d'autre ? 
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chez Bruno Leprince : Souriez, vous êtes sondés.

Acrimed : combien valent les médiacrates ? (avec vidéo)