vendredi 18 octobre 2013

D'un rideau-de-fer, l'autre

Paris, Café de Flore, octobre 2013. Photo Eliette Abécassis. 

Ce billet parce qu'une écrivaine en a été l'étincelle. Eliette Abécassis.

Elle prit hier soir cette photo dans les rues de Paris. Cette famille dort dans la rue à côté des belles gens du café de Flore.

Cela fait plusieurs mois que cette famille est là, et j'atteste avoir vu M. Cambadélis qui sortait du siège du P.S un soir les regarder tout en continuant sa discussion l'oreille collée au portable, il était vers 23 h 30 en juin 2013. Qu'il me dise le contraire les yeux dans les yeux. S'en souvient-il, au moins ?








Eliette Abécassis a une certaine aisance, elle publie depuis vingt ans des livres qui se vendent bien, son éditeur est sûrement encore plus fortuné mais baste ces considérations, elle choisit en personne humaine d'appeler le Samu qui n'intervient pas dans ces cas. Les pompiers ont accepté d'acheminer cette famille vers un hôtel pour lequel Eliette Abécassis leur a payé de sa poche 3 nuits d'hôtel. sur Facebook elle a posté cette photo et le lien vers le site Leetchi. (Personnellement, j'ai déjà "donné" 450 euros cette année à deux petites sauvageonnes qui se sont jetées sur mon distributeur de billets dans la rue.)

Merci donc à Eliette pour ces personnes humaines fragiles qui ont eu la chance de rencontrer une autre personne humaine. 

Son initiative est très louable, mais la question se pose : Pour quoi paie-t-on encore des impôts ? Faut-il qu'on soit fatalement réduits à espérer que se mette en place la charité, alors qu'on vit dans un pays qui dégage 2000 Milliards d'Euros par an (PIB) ? 

Ce sont nos dirigeants qui doivent se sentir coupables. Envoyons cette photo à tous les cabinets ministériels, à Matignon, et à l'Elysée en leur demandant s'ils n'auraient pas dans cette occurrence une responsabilité historique...

Après tout, ils consentent à ce que la totalité de notre Impôt sur le Revenu aille au remboursement de la dette publique aux banques privées (50 Milliards d'euros/an); Honte à eux ! Et pitié pour les pauvres que nous serons peut-être demain !

Je viens justement de finir le livre de Maxim Leo. La collection Lettres Allemandes que dirige Mme Martina Wachendorff (Acte Sud) nous propose un témoignage au titre simple de "Histoire d'un Allemand de l'Est" de Maxim Leo, urtittel "Haltet euer Herz bereit. Eine ostdeutsche Familiengeschichte", déjà traduit en anglais par Red love... (tradutore traditore... )

Le sujet en est le parcours de deux familles mi-juives qui ont résisté sous Hitler, vécu en DDR, et de ce garçon qui n'eut pas en 1989, face aux Vopo, la moitié du courage de ses aïeux et qui le dit.
Ce récit de famille s'appuie non seulement sur les mémoires personnelles de Maxim Leo, Ostie avant de devenir Westie, mais aussi sur les écrits familiaux restés impubliés ou publiés de faits de guerre, et de vie sous le régime de la DDR (Deutsche Demokratische Republik). 

Bien des passages pittoresques émaillent ce récit issu de ses archives personnelles, et aussi de situations cocasses où, un temps jusqu'à 1961, certains Berlinois ont choisi de passer la frontière du secteur Ouest de Berlin pour sortir de ce quartier dit libre mais enserré, pour s'installer à l'Est, ce qu'on ne décrit jamais...

Mais voilà encore un livre de plus, écrit par un journaliste de renom en Allemagne (chroniqueur de Der Spiegel) qui nous convainc de l'inanité du système autoritaire stalinoïde qui sévit en RDA, mais qui ne fait en aucun cas, et c'est tout le second volet auquel on exhorte l'auteur de se livrer, un témoignage contemporain sur l'évolution de son pays (côté ex-Est) depuis 1989, et au-delà de son pays.

Or, j'en reviens à cette famille sauvée pour 3 jours par une écrivaine française de renom. Souvenons-nous : il fallait donc à tout prix endiguer le communisme n'est-ce pas ? Faire tomber le mur de Berlin ? Sans surtout mettre en place de républiques sociales dans les pays de l'Est démantelés ? "Intégration européenne" disait-on, horizon de lait et de miel, non ?

20 ans après, on voit physiquement les effets de cette histoire dans nos rues de Paris, et ironie cruelle, au pied des établissements de luxe. 

Cette famille apparemment immigrée de l'est (Roumaine, Bulgare, Kosovare, allez, trève de pudibonderie) est une des millions de victimes de ce fanatisme euro-américain, drapé de l'épithète mélioratif "libéral". 

Des choses comme ça à nous faire regretter le "mur de la honte" et le "rideau de fer". 
Aujourd'hui c'est sont ces plus pauvres de l'est qui dorment dans le froid contre les rideaux (de fer) des magasins et ce sont nos riches murs (de la honte) qui abritent ces pauvres gens.