mardi 25 mai 2010

III/Que la peur change de camp

Pour continuer sur ma lancée, je me propose d'analyser les termes et les propositions avancés par l'un et l'autre des débateurs de la semaine dernière, à savoir Jacques Généreux et Dominique Strauss-Kahn. Deux hommes de gauche.

J. Généreux L'esprit de Munich a envahi les têtes qui ...
envoyé par FranceInfo. - L'info internationale vidéo.



D. Strauss-Kahn, futur grand candidat, et en tous cas grand désiré de la presse et des médias français, se dit heureux que les institutions européennes aient pris peur :-"La peur c'est pas mal, ça permet de faire avancer tout le monde dans le même sens". L'effroi me saisit mais trève de sensiblerie.

Jacques Généreux, économiste du Parti Socialiste ayant rompu avec lui pour s'engager derrière Jean-Luc Mélenchon au Parti de Gauche, préconise au contraire que la peur change de camp. Que les banques privées preneuses de risque soient laissées en faillite et que nos Etats mettent en place des banques publiques (16' sur la vidéo stupéfaction au micro, journalistes hagards...). 

Selon lui, le principe est simple et respecte l'économie de marché : la responsabilité, l'éthique. Le rôle de l'Etat n'est-il pas de défendre les intérêts publics, et non les richesses privées ?

Nous aurions donc pu prendre les agences de notation à leur propre règles, en leur disant que les titres devenus nuls, dégradés par une note "grecque" (BB+), ne vaudraient d'être rachetés qu'à leur niveau. "Vous avez joué , vous avez perdu, vous n'aurez rien. C'est vous qui dégradez les titres..." Que la peur change de camp.

Plus loin, il précise justement qu'une partie du niveau de la dette étant due à la sur-spéculation financière, "elle n'a pas à faire pression" sur les comptes sociaux.

Voilà qui remettrait la responsabilité économique et politique au goût du jour.

Résumons-nous donc : nos pays ont donc été rendus accros à la dette, nos maladies contagieuses de déficits des comptes publics appellent à nos chevets des médecins qui nous font payer cher les consultations et les remèdes. Le projet européen imposé par Helmut Kohl dès 1986 est bien arrivé à ses fins, puisque les conditions de financement des pays sont soumises aux conditions du marché mondial et non aux conditions d'un marché interne Européen. Portes et fenêtres grandes ouvertes, risque de tempête prévisible.

Philippe Delmas, lui,* craint une chose en particulier : la Chine achètent encore des bons du Trésor mais peut-être vont-ils cesser de le faire : "S’ils se tournent vers un modèle de société plus proche du nôtre, plus orienté vers la consommation, ces pays vont par là même réduire le financement de notre mode de vie à crédit qu’ils fournissaient jusqu’à présent". Voilà qui nous rassure peu. Voilà même qui nous fait peur ! 


Comme s'il fallait absolument que nous continuions à vivre selon le même modèle de profit sur le dos de l'Afrique et de la dette. Comme s'il n'y avait pas d'autre solution possible. On commence à connaître la chanson.



Ces toujours pareil et c'est là où l'entretien de Généreux est rafraichissant : lorsqu'on nous parle d'économie, on emploie à notre égard pour nos oreilles effarouchées des termes simples destinés à nous embrouiller.

Or, ce sont toujours les dealers qui parlent. Mais le dealer a quelque chose à voir dans l'addiction de son client, et pendant que l'un "dope la croissance", l'autre s'enrichit. Pendant que l'Europe essaie  d'organiser ou de maintenir une protection sociale, l'Asie, qui n'a pas tous ses services, épargne, épargne, et même nous prête. L'Europe est donc  vue par les "mains invisibles du marché" comme un enfant en qui on ne peut pas avoir confiance, un garnement qui a des problèmes de croissance, qui a sûrement été empêché de grandir à son rythme...

L'Allemagne, elle, est une sportive qui court sous hormone de croissance, c'est-à-dire qui dope sa balance commerciale (+30 Mds d'Euros) grâce à une rigueur salariale -sur le dos de ses employés- qui la rend "compétitive" depuis dix ans au détriment de ses voisins, dont la France, avec laquelle elle s'entend si bien, c'est donc la paix, l'Europe, nous dit M. Strauss-Kahn...

Ceux qui courent moins vite comme l'Espagne, le Portugal, L'Italie et la Grèce par exemple, sont montrés du doigt par les médecins du F.M.I qui nous disent à la télévision qu' "ils font n'importe quoi, ils augmentent les salaires des fonctionnaires et les retraites" (cit. D. Strauss-Kahn, jeudi 20 mai 2010) 

En effet, on voit des pays faire vraiment n'importe quoi... Rendons-nous compte, augmenter les salaires et les pensions des gens qui vivent avec 750 € /mois !

Or, les bonnes gens ont compris que la richesse est, jour après jour, détournée, déplacée, transférée, un peu tous les jours, vers l'Action et l'Epargne. Si les revenus d'un pays productif comme la France n'augmentent pas c'est que certains intérêts n'y tiennent pas. Ce vol est devenu la règle.

D. Strauss-Kahn se félicite plutôt que l'Euro, qu'il a contribué à mettre en place, ait protégé "l'économie européenne" (les rentiers, les épargnants) pendant la crise des sub-primes (cit. même bonhomme, même jour)


Qui s'étonnera après ça que les biens portants, les cerveaux, les innovateurs fuient l'Europe ? Nos états sont condamnés à gérer le social, le chômage de masse, les déficits, en un mot les ennuis, et à se laisser dicter leurs politiques par les intérêts financiers devenus essentiellement privés. 
Nous citoyens, sommes condamnés à nous laisser enchanter par DSK-Sarko- et réélire les mêmes. 
Voilà l'état du monde en Europe aujourd'hui, cher habitant de la lune.

Dans ce concert européen, notre économiste du Front de gauche établit que si nous avions des hommes d'Etat à la tête de nos pays aujourd'hui -et pas des lavettes- nous pourrions faire changer la peur de camp. 

En ce début de mai 2010, les Etats européens tous d'accord (pour une fois !) pour mener de concert une politique d'austérité budgétaire et donc sociale. Ils ont peur. "Ils ont perdu leur honneur et ils auront la guerre", dit Généreux dès le début de l'entretien.  
Mais peut-être la peur est-elle déjà en train de changer de camp, puisque des personnes qui n'ont jamais rien entendu à l'économie commencent à y voir clair dans le manège et les formules enchanteresses. Dominique de Villepin avait bien raison de dire qu'il y a dans le pays aujourd'hui un sentiment révolutionnaire. C'est bien que la peur change de camp.

Ce constat est posé de façon sérieuse et brillante par l'économiste Jacques Généreux dans son ouvrage "La Dissociété" qui analyse ces mécanismes qui conduisent une démocratie présumée saine à choisir ce qui est le plus mauvais pour elle. 

Une croissance inégalitaire qui repose sur la dette des Etats et des ménages et dont on ne trouve pas l'issue, sans être grand clerc, est sûrement le signe d'une société malade, déséquilibrée, schizophrène, osons le mot, qui aurait peut-être besoin d'une cure de socialisme appliqué, à commencer par une reprise en main du politique sur les lobbys financiers, et que les élus s'exprime et agissent au nom du peuple qu'ils représentent.

Philippe Delmas : Lewis Carroll au pays de la mondialisation, in le Nouvel économiste.fr

La dissociété J. Généreux, livre de poche Points

lundi 24 mai 2010

II/ Les Médecins de Molière fondent sur l'Europe

On pourra retenir de l'époque où nous sommes que c'est le printemps des sévices publics. Rigueur austérité.. Les peuples paient deux fois, et tant pis pour les plus pauvres, et tant pis pour les classes moyennes sur qui toute la pression, sociale et fiscale, repose.



Pour filer la métaphore médicale chère à M. Strauss-Kahn, nos démocraties sont donc malades et ont besoin de médecins. Oui mais voilà, il y a plusieurs médecines et non pas une seule. Tous les médecins, du reste, ne se valent pas.

La preuve, revenons sur les précautions oratoires du Dr Strauss-Kahn selon lequel, "il n' y a pas que des spéculateurs. Il y a des banques qui prêtent aux pays endettés et qui veulent protéger votre épargne". 



D'un côté la bonne banque, de l'autre, selon le médecin du F.M.I, il y a la méchante spéculation, qui n'est "en rien pardonnable"...


Double discours subliminal et habile, qui consiste à faire croire qu'il y a d'un côté les bons et de l'autre les méchants, nobles banques versus spéculateurs pourris, alors que ce sont les mêmes. Quel discours de la part d'un "socialiste"!

Si c'est des médecins néo-libéraux dont DSK parle, qui œuvrent au chevet de l'Europe depuis sa création, M. Monnet compris*, il n'est qu'à se rappeler leur constance :
  • Interdire les monopoles d'Etat (l'ennemi public n°1 des marchés)
  • Privatiser les services publiques nationaux (SNCF, EDF, La Poste, etc)
  • Instituer l'incapacité des Etats de la Zone Euro à emprûnter à la Banque Centrale, par des dispositions influencées de haute main par les fondateurs de l'Euro. (art. 123 du code de la BCE)
Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ont réussi leur coup.

Jacques Généreux appelle de ses vœux une médecine économique plus socialiste, au moins égale à celle qu'organise aujourd'hui les U.S.A. Qui aurait cru avant 2008 que la Fed et le Trésor capteraient à hauteur de 79,9% le capital de AIG ?. Il dit dans cette interview, vue 38 000 fois en une semaine, que "la question des financements de la sphère publique ne doit plus passer" comme il est de rigueur en Europe "par la sphère financière privée". La France a des actifs en épargne rappelle Généreux. Puis il explose les micros de France Info qui en restent muets, à faire remarquer qu'aucun dirigeant, et surtout pas M. Papandréou, n'a eu le courage d'annoncer la création d'une banque publique. (16' ci-dessous)






C'est là que nous sommes totalement coincés et condamnés à vivre ce que nous vivons.

On le voit aux graphiques que donne l'Insee, car nos pays d'europe ont l'obligation de se tourner vers des banques privées, alors que selon les caprices du marché -et des agences de notation qui vous classent bien si vous imposez des politiques économiquement libérales**- le loyer de l'argent augmente (5% aujourd'hui pour la Grèce). Or, depuis 1975 les dettes publiques dépassent régulièrement 1% du P.I.B, et nos pays ont été placés dans l'interdiction de se financer en jouant sur leur monnaie : les prêteurs se frottent donc les mains. (voir ci-dessus)  pour la france depuis 1959, source Insee)



Les peuples d'europe sont confrontés à une telle idéologie totalitaire de l'appartenance à l'€, et à cette Europe des rentiers, où la croissance est inégalitaire et détournée vers l'épargne et l'action -au lieu du salariat- qu'une indépendance monétaire, comme celle qu'a réalisé l'Argentine en 2001, ne serait pas possible (pas possible selon les commentateurs, les experts, mais je vous invite à les faire mentir et à reconsidérer la puissance de notre bulletin de vote...)

Aujourd'hui l'Argentine s'en sort bien, avec la naissance de Sociétés Coopératives Ouvrières de Production, d'usines ou d'hôtels repris en main par les employés, qui ont réouvert en l'absence des patrons et des investisseurs repartis aux USA (tout le pays, que j'ai connu personnellement, appartenait alors à des fonds Américains du nord). Résultat : après 4 ans d'instabilité, la croissance Argentine est de 8,5 % en 2009, un niveau qui ferait presque rêver un Chinois !
La France n'a jamais vu sa croissance remonter depuis qu'elle a intégré l'Euro, et en tout cas n'a jamais rejoint 4% de croissance depuis 1974 ! (alors que Mme Lagarde tablait justement l'an dernier sur 2,5 % en prenant allègrement tout les citoyens pour des imbéciles).

Est-ce à dire, Dr. Strauss-Kahn, qu'il y a un problème de confiance depuis 35 ans et que personne n'a rien fait pour aller là-contre ?


Source : comptes nationaux, Insee.




De l'aveu même de Dominique Strauss-Kahn, "le vrai problème de l'Europe, ce n'est pas vraiment la dette mais plutôt la croissance", car l'économie est notamment entravée par la "crise de confiance des marchés vis-à-vis de l'Europe".

Et la crise de confiance des peuples vis-à-vis de l'ensemble européen ? On ne parle pas de cette crise là ? On ne parle que d'austérité, au détriment de toujours les mêmes, qui ont besoin de protection, les plus pauvres de tous les pays d'Europe.

Selon Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie: "L'Europe a besoin de solidarité, d'empathie. Pas d'une austérité qui va faire bondir le chômage et amener la dépression".
Voilà : pas de confiance en la zone Euro à l'extérieur, et pas de solidarité entre européens à l'intérieur. Nous voilà bien.


Donc, ces médecins là, qui sont bien contents aujourd'hui de solliciter les Etats pour éponger leur pertes de produits toxiques avec notre argent, comme nous l'avons fait en 2008, de cautionner leurs prises de risque inconsidérées, de légaliser le banditisme financier, et qui viennent vous étrangler dans votre lit l'année d'après, même les Etats-Unis n'en voudraient pas. Mais "les banques, il faut les comprendre", nous assure D. Strauss-Kahn depuis Washington, "elles font un métier risqué...". Les pauvres !

Avec 44% de chômage des jeunes en Espagne, 30 % en Grèce, 25% en France, les pays placés sous perfusion du F.M.I se demanderont peut-être à terme s'ils n'ont pas plus intérêt à revenir à un contrôle de leur monnaie nationale plutôt qu'à rester sous les dictats de l'économie de marché.

la suite au prochain numéro "Que la peur change de camp"


* lire "La Faute de M. Monnet" sur le péché originel de la création de l'Europe. J-P Chevènement, ed.Fayard 2006
** le Vénézuéla, fort de ses capacités pétrolières, est noté aussi mal que la Grèce en capacités de remboursement (!)



samedi 22 mai 2010

I/ Prédateurs, sauveurs et tricheurs

Cette semaine a été marquée par deux événements médiatiques qui me permettent de vous livre une petite analyse de ma façon.

L'émission de France-info qui invitait l'économiste du Parti de Gauche Jacques Généreux, à s'exprimer sur les solutions à apporter à la crise de "la dette".

France 2 s'était quant à elle déplacée à Washington pour interviewer sur une durée équivalente Dominique Strauss-Kahn, l'ange du F.M.I


Auparavant, ayant suivi ce qui a pu se dire sur le sujet de la crise des dettes et la crise du crédit aux USA en 2008, j'ai d'abord remarqué quelques traits de vocabulaire récurrents dans les médias, dont j'aimerais vous entretenir.

On parle sans cesse depuis deux mois de "mauvais élèves" en ce qui concerne les pays de la zone euro qui ont "triché" sur les chiffres. Voilà qui trahit bien une autorité du maître à l'élève, qui juge, qui évalue les économies à l'aune d'une morale. Les peuples sont au passage infantilisés, voire émasculés quand il s'agit de leur souveraineté.


Les experts non-élus de Bruxelles sont eux-mêmes -n'est-ce pas- les bons élèves des institutions internationales comme le F.M.I ou l'O.M.C, et ne sauraient commettre aucune entrave à leurs règles, non ? 
On a oublié que la Mme la Commissaire à la Concurrence n'a pas toujours été bonne élève puisqu'elle a fermé les yeux sur l'aide de renflouement accordée aux banques privées du Luxembourg par la France en 2008, au mépris des appels d'offre nécessaires, oubliant quand ça l'arrangeait les sacro-saints fondamentaux économiques bruxellois. Ou encore lorsque la concurrence libre est faussée par des fonds souverains qatariote ou chinois abondant en liquidités les multinationales aussi respectables que Total ou B.P. (monde diplo N° 650 mai 2008)

Alors baste cette culpabilisation des peuples quand les dirigeants ont si peu d'éthique ! 


Il y aura des complicités s'il y a larcin : La banque Goldman-Sachs n'a-t-elle pas "aidé" la Grèce en lui prêtant quelques milliards d'Euros dans le plus grand secret ? Selon le New-York Times du 3 février 2010, l'astuce comptable a été facturée 300 millions de $ au peuple Grec : il fallait ne pas mettre en péril l'entrée de la Grèce dans l'union monétaire européenne. Et à qui d'autre en douce ? Alors ? Qui triche ?

Les récentes velléités de flicage des institutions européennes (mesures de redressement, de contrôle des budgets nationaux) très soucieuses de la bonne santé des marchés spéculatifs mais moins sensibles à la santé du marché du travail des pays membres, en font un drôle de médecin. 

Se pose alors un nouveau problème démocratique, dont nous avions prévenus nos concitoyens lors du débat sur le T.C.E. : une Europe de plus en plus lointaine des peuples et de plus en plus proche des fonds d'investissements privés, pour ne pas dire, à leur botte.

Les mauvais élèves, c'est bien connu, finissent en prison. Cette fois, ce sont les victimes qui sont en prison, le peuple grec, sous contrôle serré, sous surveillance financière, et comme l'a si bien dit un représentant de la gauche grecque "en état d'occupation économique".


*la suite au prochain numéro "Malades et médecins imaginaires".

dimanche 16 mai 2010

saignés en pleine hémorragie



Je poste ce que j'appelle un document. Au cours de cette heure d'émission web "parlons.net" de France Info, Jacques Généreux nous fait respirer un bol d'air, et on se dit que toutes les paroles ne sont pas encore vérrouillées. Il y a des gens dont l'indignation n'exclue pas la réflexion, et qui proposent des solutions altenatives à la crise inéluctable et le serage de ceinture inévitable qu'on nous vend à longueur de pages et d'heures d'antenne.

Et de l'air on en a besoin.
Car on entend beaucoup de paroles et plus rien n'a de sens. Mais écoutons bien :

Nous venons, nous, et avec nous les plus pauvres d'entre nous de renflouer les plus riches de la planète. Le temps qu'il se refassent une santé ils viennent nous étrangler.

Non contents d'avoir eu à leur botte un Euro fort (un Deutsch-Mark fort devrait-on dire) qu a permis à toutes droites européennes de faire pression sur des entreprises pour les rendre plus "compétitives".

On nous parle de "rigueur" alors qu'en définitive les gouvernements complaisants des spéculateurs sont laxistes. Rendons-nous compte. Aujourd'hui la droite est laxiste alors que la gauche est sévère.

On est entré dans un nouvel âge.

vendredi 7 mai 2010

Réponse à L'électrice du FN Marseillaise pour sa LETTRE A BRICE HORTEFEUX






Je réponds à un mail qui fait le tour de nos boîtes. La lettre d'une dame de Marseille aux Ministres Besson et Hortefeux leur demandant de durcir leur politique (lettre ci-jointe) 


Chère Madame,

Je ne sais pas ce que va vous répondre le secrétariat de M. Hortefeux.
Moi non plus je ne supporte pas la burqa. Cet ustensile qui n'est pas un pilier de l'Islam est associée à un signe religieux extérieur, à une manifestation de prosélytisme, à l'enfouissement social de la femme et laisse supposer qu'un homme est assez bestial pour ne pas supporter la vue des charmes féminins sans être pris par les tourments du cochon. Beaucoup de Français sont comme vous et moi, chère Madame, de droite comme de gauche. Mais...   

D'abord un point me dérange :  "Revenir à la loi du sang"... Vous rendez-vous compte de ce que vous dites ?

Cette dame, citoyenne Française comme moi,  propose tout bonnement une loi anti-constitutionnelle. La République ne reconnaît aucune origine, race, sexe, religion. Vivre ensemble avec un droit du sang différencié reviendrait à discriminer selon quels critères... quoi... d'origines ? raciaux ? génétiques ? J'espère que ce monde n'adviendra jamais. Car alors il faudrait mettre au ban 90 % de la population française, puisque nous sommes le Brésil de l'europe. Personne ne rentrerait dans les bonnes cases. On appelle ça le fascisme, le vrai. 
Et puis quelle idiotie, quand on pense à l'histoire dix fois séculaire de mélanges des "sangs" (alors qu'il n'y a qu'un sang, le sang de l'Homme) qui ont eu lieu en France, ce pays au carrefour de toutes les guerres et de tous les commerces.
Alors, sur ce point je suis d'accord avec cette dame : "Il y en a assez de bafouer la république et nos valeurs"...

Plus loin, la dame s'interroge : Combien de familles polygames vivent tranquillement dans notre pays...(oui, combien, qui a des chiffres ?)
Combien de messieurs, en effet, ont plusieurs femmes ? Personne légalement mais... mon voisin en a deux. Tous les curés en ont au moins une, et on rirait bien d'aller voir ce qui se passe chez celles ou ceux qui disent n'avoir jamais péché.
Par ailleurs faut-il remettre en cause un système égalitaire de sécurité sociale que les pays développés comme le nôtre peuvent financer (on refinance bien des délinquants bancaires) parce que hélas, des citoyens indélicats ont fraudé ou vont frauder ? Il y a aussi des pratiquants chrétiens, blancs, aux cheveux blonds qui fraudent et dans les grandes largeurs. J'ai des noms.
Le plus beau, c'est cette citoyenne de Marseille est l'ennemie du patronat français. Voyons le :
Cette dame prend le pouvoir, et sucre tous les dispositifs sociaux de soutien financier. Alors il faudra mécaniquement que le patronat accepte d'accorder une augmentation immédiate de 30% aux salaires et une diminution de 30% de tous les loyers (ce que peu de patrons et de propriétaires sont prêts à faire). Supprimons le RSA et les allocations logement et la France perdra des rentrées fiscales de TVA et commerciales, et la France se bloquera par une grève généralisée. Prévoyez alors des émeutes et des soulèvements, et en tous cas une râclée pour les amis de M. Hortefeux aux prochaines élections... et ils n'ont pas besoin d'une nouvelle déconvenue.
"Assez des menus spéciaux dans les cantines, des quick hallal,"... nous dit-elle. 
Madame P. de Marseille déteste donc la différenciation des droits mais voudrait qu'on revienne au droit du sang... qui a compris lève le doigt. Entre nous, il y a des gens qui ont des problèmes de riches. Considérer aujourd'hui en 2010 que les menus hallal et les revendications de quelques extrêmistes soient la plaie de notre société revient à regarder le doigt quand on montre la lune.

Ne voyez-vous pas, Madame, et vous, électeurs du Front National, à qui je m'adresse, qui êtes mes concitoyens, la monstrueuse Organisation Commerciale du Monde que les élites jamais élues du FMI (dont Dominique Strauss-Kahn) et de l'O.M.C mettent en place ? Qui assèche à jamais les potentiels de l'Afrique ou de l'Amérique Centrale ? Ce sont elles qui provoquent un appel d'air migratoire vers les pays européens, et non les pays européens qui s'organisent socialement qui sont fautifs. 

Quel parti propose que les plus haut revenus soient plafonnés à 20%, au lieu des 50 actuels ? 
Le Front National (2007, programme de gouvernement de J-M Le Pen)
Quand tous les pauvres auront élu Le Pen, les riches pourront spéculer sur les marchés à terme avec encore plus d'efficacité ! car ils se seront enrichis grâce aux chèques colossaux de remboursement du Fisc, comme c'est le cas déjà en France hélas, depuis 2007, avec un chèque moyen de 368 000 € par foyer fiscal en 2008, 30 fois le smic remboursé pour les tranches supérieures de l'impôt, bravo !...) imaginons alors les sommes remboursées aux "pauvres" citoyens français sous un gouvernement Le Pen !

Moi, je fais mon devoir de citoyen français : je lis ce qui est écrit avant de voter.

Le Front National, pour séduisant qu'il soit aux oreilles peu averties, trompe les électeurs populaires qu'ils sont censés défendre. Il constitue ainsi le plus gigantesque aspirateur électoralde ces vingt dernières années, sans lequel la gauche anti-libérale serait au pouvoir aujourd'hui ou pèserait infiniment plus fort sur un Parti $ocialiste corrompu par le dogme européen.

Les banlieues, que vous montrez du doigt, sont sorties de terre pour alimenter en main d'œuvre proche de leur lieu de travail les industries, qui étaient florissantes, hélas autrefois ! car les droites libérales européennes, les amis de M. Hortefeux, grands contempteurs de l'Europe financière et délocalisatrice, ont contribué à détricoter le tissu industriel qui occupait "ces gens-là". Les immigrés ou leurs descendants et les plus pauvres sont les premiers touchés. 

Et vous voudriez que ces gens actuellement au pouvoir, qui sont pour moi la véritable racaille "reprennent en main notre beau pays? Mais vous rêvez les yeux écarquillés, ma chère Madame. Prenez une zone euro compétitive, des usines qui marchent à plein rendement, un chômage aussi faible qu'en Norvège, et vous verrez les dérives communautaristes dont vous parlez, qui sont en effet bien réelles, s'évaporer comme la neige avec le retour du beau temps.

Ce sont ceux à qui cette dame écrit (à qui je ne jette pas la pierre car elle est endormie par les sirènes ou s'informe mal) qui voudraient accuser les étrangers d'être les responsables (tout trouvés) de la déliquescence où nous sommes tous en Europe. La Grèce ne croule pas sous le poids des immigrés, que je sache. Alors...

Je comprends bien, pour en parler avec de nombreuses personnes de ma famille, paysanne et ouvrière toutes les raisons que vous évoquez. Je n'ai pas de mauvais sentiments à votre égard, ma réponse est celle d'un citoyen, pas d'un partisan. Moi aussi je suis d'origine sous-prolétaire, ma mère était seule et sans aucune aide, a toujours été sous employée et exploitée. Ce que j'essaie simplement de dire c'est que les partis de droite UMP Modem et FN font une politique qui -en définitive et malgré les beaux discours- aident les classes favorisées, et jamais les classes moyennes, même bourgeoises. Il y a donc tromperie, abus de confiance.






La financiarisation de l'économie, ce que V. Forrester appelait l'horreur économique, est venue leur dire qu'il y a plus d'argent à se faire en spéculant à court terme qu' à œuvrer dans l'économie réelle, l'industrie. Placer l'argent, acheter de l'argent, rapporte plus qu'en aidant une classe moyenne à accéder à un niveau raisonnable. Voilà ce qui a changé depuis le rêve de progrès que nourrissait même Giscard...
Vous parlez au fond de valeurs de sociabilité et de comportement dans vos écrits. 
Moi aussi, mais je désigne le mauvais comportement des grands de ce monde, qui devraient bien montrer l'exemple aux petits délinquants.

Et puisque vous déclarez votre appartenance politique, chère Madame, je voudrais jouer à égalité avec votre franc-parler : parce qu'il y a des gens qui parlent comme vous, dont j'entends l'indignation mais dont je vois trop bien l'égarement, je viens de rejoindre le Parti de Gauche.








La lettre reçue par mail :











"Marseille, le 24 avril 2010

Monsieur BRICE HORTEFEUX


Ministère de l’intérieur


Place beauvau


75800 PARIS


Monsieur le Ministre,


J’espère que vos dernières réactions à l’affaire de la femme en burqa de Nantes,

ne sera pas qu’un effet d’annonce, et que vous irez jusqu’au bout.


En effet, combien de familles polygames vivent tranquillement dans notre pays, aux frais des contribuables que nous sommes.

Combien sont dans l’illégalité, et vivent sans travailler de nos largesses : allocations femmes isolées, allocations familiales, RSA, allocations logements, allocations à la rentrée scolaire,

et j’en passe, plus la CMU (pour la famille et la famille de la famille…..), c’est sans fin,

et ça nous entraine vers le fond.


Nombre de français sont exaspérés de constater ces abus, et de

se sentir colonisés à l’envers, par une population qui ne parle

que de droit et jamais de devoirs.


Si vous voulez être vraiment crédible, il faut aller jusqu’au bout, beaucoup plus loin,

démasquer tous les fraudeurs et les profiteurs de tous poils qui nous empêchent de nous redresser.


Ces situations créent un appel d’air, c’est évident.

Et en faisant le contraire, on arriverait peut-être à inverser la tendance.

Il faut arrêter de dérouler le tapis rouge pour toute la misère

du monde, nous n’avons pas les moyens !!! Et en plus, ça se retourne contre nous :

il n’y a qu’à voir ce qui se passe dans nos banlieues.


Il y en a assez de bafouer la république et nos valeurs.

Assez des horaires réservés aux femmes dans les piscines,

des refus de se faire soigner par un homme dans les hopitaux,

assez des menus spéciaux dans les cantines, des quick hallal,

et même de la nationalité française bradée. Assez de la loi du sol.

Il serait temps de revenir à la loi du sang.

Je ne suis pas raciste, mais l’immigration musulmane n’a rien à voir

avec l’immigration judéo-chrétienne. Il ne faut pas se leurrer.


Je suis tolérante, je ne suis pas raciste, mais j’ai voté

au 1er tour des élections régionales pour le Front National,

car je trouve que vous êtes responsables de cette dérive

communautariste. J’ai voulu vous donner un avertissement.

Et si vous souhaitez reconquérir vos électeurs dont je suis,

il faut vraiment aller très loin dans la reprise en main de

notre beau pays.


Je vis à Marseille, nous allons avoir la plus grande mosquée

d’Europe, plus grande que notre cathédrale !!! Et vous voulez

après ça que les musulmans ne se sentent pas en pays conquis.


Allez Monsieur le Ministre, il faut que cesse le politiquement

correct. Il faut que vous et Monsieur Besson preniez des mesures

fortes et bien lisibles pour que toutes ces combines cessent,

et qu’on dise dans le monde musulman, qu’en France, on ne peut

plus faire ce qu’on veut. Il faut leur résister, pour qu’ils

comprennent que tout n’est pas permis.



Quant aux femmes qui portent la burqa, qu’elles aillent avec

leur mari et autres concubines, et leur ribambelle d’enfants,

vivre dans un pays où elles seront au diapason, puisque la

liberté de la France ne semble pas leur convenir.

Parce qu’en ce qui me concerne, elles me gênent considérablement.



Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’assurance de ma parfaite considération


Copie adressée à Monsieur Patrick Besson, Ministre de

l’Immigration et de l’identité nationale."