vendredi 11 décembre 2015

Le Front de Gauche paie les pots que Hollande et le FN cassent

De quoi le Vote-FN est-il le symptôme ? Je suis de conviction socialiste et écologiste. Je ne m'en suis jamais caché et je ne dénie à personne le droit d'avoir d'autres sensibilités. Mais je voterai "blanc" dimanche encore au second tour des Régionales 2015, parce que je saisis mal comment un Exécutif peut proclamer l'Etat d'Urgence et ne pas reporter des élections. On nous demande de restreindre nos libertés publiques, très bien. On nous demande de nous acquitter en même temps de tous nos devoirs. Non. D'autant que... au second tour, on nous donnera le choix entre la peste et le choléra, entre le suicide et le sacrifice. Non.


Ce parti en lui-même, le FN, passons, c'est une boutique politique où l'on trouve de tout, une épicerie armée qui a toujours tenu sa porte close. Mais regardons plus profondément dans le pays, de la part de tous ces pauvres gens qui n'ont jamais la parole, ni à l'écrit, ni dans les médias ? 

Le Vote-FN est encore une forme avortée de contestation. Un signal morbide, adressé au Pouvoir (pouvoir évidé de sa substance), un geste de colère plus qu'une adhésion. 

Moi, je discute avec des gens qui votent FN. Ils sont même quelquefois de ma famille, originaire d'un bassin désindustrialisé (comme par hasard !). Nombre d'entre eux ne voient pas le lien direct entre l'arrivée du FN et l'éloignement de la Révolution Economique et Sociale dont tous les pays d'Europe ont besoin (les "gens" de ces pays je veux dire, pas les banques qui, elles, n'ont pas de pays). Le point central est la construction européenne faite dans notre dos, la perte de souveraineté. Nous sommes d'accord sur les mêmes constats. Et le malentendu entretenu, désiré, est total, multi-dimensionnel, multi-culturel. 

Des gens pauvres votent FN pour plus de protection (et ils croient sincèrement que ce projet leur prodiguerait !) et donc de frontières. Des riches votent FN parce que le P.S (qu'ils appellent la Gôôôôche) menace leur niveau de vie pourtant exorbitant. Des habitants des cités votent FN par désespoir d'un retour à l'ordre et à la sécurité. Des villageois par peur de l'étranger, qu'ils ne côtoient pourtant pas et contre la désertification des campagnes. Le pavillonnaire en retraite, parce que ses impôts le massacrent et qu'il voudrait du travail pour ses enfants. Des invalides, parce que la Gôche a dé-remboursé leurs médicaments. Des juifs de droite pour ses amitiés chez les Faucons Israéliens, son hostilité à toute politique arabe. Des cathos pour son rejet des valeurs du Mariage pour tous, etc.

Ces malentendus TRAGIQUES sont rendus possibles par un pouvoir impopulaire qui n' a pas trouvé mieux que le FN pour diviser la droite et être réélu PAR DEFAUT. Du même coup, la Gauche de droite Hollandaise se débarrasse de la contestation sociale et économique du Front de Gauche et le réduit à un rôle mesquin de porte-serviettes, le stérilise grâce à la fameuse "menace du FN" qui marche à tous les coups, l'humilie au dernier degré, le rabaisse au rang de réservoir de voix docile alors qu'il lui a donné ses 4 millions d'électeurs pour faire battre Sarkozy ! 

Pour parvenir à cette fin de renversement démocratique absolu, la complicité des médias de masse complaisants et mercantiles est incontournable : on ne pourrait parvenir à de tels malentendus sans une hypnose collective de grande ampleur.

Le FN, parlant de virilité face à des exécutifs impuissants, n'a que deux mots à la bouche "les profiteurs" et "les pompes aspirantes".

Justement. Le programme des Le Pen, s'il est si peu exposé sur le fond au profit d'une surexposition de l'image, incarnée par deux femmes, n'est absolument pas dangereux pour les véritables "profiteurs" que sont les banques, les marchands d'armes et les médias qui leur sont liés financièrement. Il ne remet pas en cause le capitalisme. 

Son discours qui vise à mystifier et vampiriser les suffrages des Français de la classe moyenne est, elle, une véritable "pompe aspirante" contre la nécessaire Révolution politique qui, décidément, désespérément, ne vient pas.