samedi 11 janvier 2014

Le bon, la bête et le truand

L'affaire Dieudonné comporte un enjeu de lutte contre le racisme. C'est ainsi que Manuel Valls présente ses requêtes en interdiction des spectacles de Dieudonné à Nantes, puis à Tours... et partout où il se produira. Au même moment où la France croule sous les plans sociaux, que le chômage progresse inexorablement, un membre du gouvernement se fait le hérault des valeurs de la république. Une requête en annulation de spectacle sous le motif de "trouble à l'ordre public". 


Manuel Valls est pourtant un homme politique aguerri. Qui peut croire qu'il n'est pas au fait des institutions de notre pays ? Le Ministre de l'Intérieur est-il devenu, après Claude Géant devant l'appartement de Mohammed Merah en 2012, le chef de la Police ? Dérive autoritaire, vous disiez ? 

Pourtant un Ministre, ça gère l'administration d'un ministère. Il n'est pas un super-Préfet. Et la Justice, autre pilier de la République, est séparée constitutionnellement des autres pouvoirs. Elle n'a pas à se plier aux volontés du prince.

La machine d'Etat va donc courir sans fin derrière le lapin Dieudonné. Beau match en perspective, vendeur pour la presse, et divertissant pour le grand public. Au chapeau l'illusionniste Valls ! Applaudissez Mesdames-Messieurs ! Avec la gauche, on va voir ce qu'on va voir. L'autorité de l'Etat, en matière de liberté d'expression, n'aura rien à envier à la Russie de Vladimir Poutine. Or, devant la Cour des Droits de l'Homme, M. le Ministre Valls aura forcément tort vu le primat de liberté d'expression observé par cette Cour. Qu'importe ! Foutaises que tout cela !  Le bon sheriff et le truand se font mutuellement mousser. Et puis le ventre de la bête est toujours fécond : une censure élève Dieudonné au rang de martyr de sa cause. Le coup politique de Valls ne fait que radicaliser le vote de droite, celui que se gausse tellement de "liberté" à longueur de discours. En martyrisant Dieudonné, il ne fait que favoriser la contre-révolution Lepeniste avec une efficacité dont on devrait s'indigner. Valls se moque de Dieudonné comme d'une guigne. Mais il n’oserait pas interdire le Front National…

Comme si l'Etat, ou mieux la Justice, pouvait courir derrière chacun et tout le temps, et parvenir à museler qui ne lui plaît pas. 

Ce faisant, il manie la baguette au secours d'un gouvernement totalement incapable d'avoir une volonté économique et encore moins industrielle, Montebourg ayant été cyniquement placé où il est pour faire la démonstration que les mesures économiques de la gauche ne marchent pas, étouffées qu'elles sont par le cadre néo-libéral des traités européens.

Je ne vais pas ici revenir sur la chronologie judiciaire abracadabrante de la journée du 9 janvier 2014, où l'on vit pour la première fois le Conseil d'Etat réagir en quatre heures. Ce qui s'appelle une justice pour le moins expéditive. Et l’Arrêt de censure est une première. Bien des justiciables qui attendent un jugement, qui sont privés de liberté à tort, emprisonnés durant des mois avant leur procès, aimeraient que la Justice française soit aussi véloce !

à l'inverse, quelle mollesse administrative  ! Voilà 10 ans que Dieudonné prospère dans le XI° arrondissement de Paris. Il est étonnant de constater que son maire, le très discret Patrick Bloche (P.S), plus préoccupé par son futur maroquin de ministre que par sa mairie, n'ait pas fait intervenir plus tôt les forces de l'ordre pour faire interrompre ses représentations du Théâtre de la Main d'Or à Paris. On peut se demander pourquoi, puisqu'y sont proférées depuis si longtemps des paroles antisémites ! Il faut être logique, messieurs. 

Inaction en forme d'aveu pour des gens dits de gauche, comme Valls ou Moscovici, plus préoccupés de rassurer les marchés et de faire avancer les "réformes" du MEDEF que de protéger les intérêts de ses citoyens les plus pauvres.


Je reviendrai plutôt sur la vaste opération de diabolisation de Jean-Luc Mélenchon et de son parti, derrière laquelle j'entrevois s'agiter Manuel Valls. Ce qu'il ne faut pas perdre de vue, depuis en gros 2011, c'est que l'intelligentsia parisienne médiatique a mis systématiquement dans les pieds de M. Mélenchon un rapprochement symétrique odieux de Mme Le Pen, par le recours à des caricatures grossières, des intentions déformées, des propos odieux de caciques du P.S qui n'aident pas à distinguer les antipodes que sont les éco-socialistes du Front de Gauche et les anti-libéraux fascistoïdes qui dirigent la fabrique Le Pen. Mais la ficelle est un peu grosse tant les programmes sont éloignés. Alors on sort un nouveau lapin du chapeau…

Le P.G lui aussi défend par ailleurs sa liberté à s'exprimer. Mais ici, il donne raison à Manuel Valls... qui l'aurait cru ?

Parce que le FN, lui, désapprouve l'interdiction du spectacle, le Parti de Gauche a cru bon symétriquement déclarer dans un billet de notre camarade Alexis Corbières : "le Parti de Gauche tient à rappeler que Marine Le Pen a ces derniers mois attaqué en justice trois secrétaires nationaux du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, Raquel Garrido et François Delapierre, pour essayer de les faire taire." 

Est-il si difficile au Parti de Gauche de dire que l'Etat n'a pas à se mêler d'interdire ? Est-ce si difficile de dire que ce n’est pas comme ça qu’on va combattre l’extrême-droite, mais qu’elle disparaîtra, mécaniquement, en même temps que la désespérance sociale et l’ignorance ? Le gouvernement actuel aurait du mal à la dire, puisqu’il ne le fait pas, et sciemment !

Lorsque ces circulaires d'un Ministre de l'intérieur décrèteront que les rassemblements massifs autour de M. Mélenchon provoquent "un trouble à l'ordre public", serons-nous toujours favorables à ce régime de censure ? Plutôt qu'à percer les tonneaux sans fonds de la censure, le P.G n’a-t-il pas confiance en sa capacité à conquérir le pouvoir par l'exposition de ses principes positifs d'éco-socialisme ? Est-ce comme ça que l'on conquiert un pouvoir lorsqu'on prétend gouverner autrement ; autrement que Valls et Guéant ?... Pas sûr.

La tradition d'une Gauche républicaine et laïque est de s'opposer à toute immixtion du débat religieux dans le débat public. Le sionisme est une idéologie politique qui en tant que telle peut être combattue. L'anti-sionisme aussi. N'y avait-il pas pire débatteur que Dieudonné sur cette question ? Et n'y avait-il pas pire promoteur du drapeau national que les Le Pen ?

Le P.G était donc obligé de prendre cette position pour ne pas avoir à se justifier de l’accusation infamante, qui se préparait dans les medias dans la logique décrite ci-dessus, de "défendre Dieudonné" en défendant la liberté d’expression. Triste condition.


M. Dieudonné M'Bala M'Bala lui aussi est un homme politique qui a présenté une liste anti-sioniste en 2009 aux élections Européennes. Très bien. Mais ses allusions à la shoah en public, fussent-elles de second degré et sous couvert de spectacle, sont bien évidemment de très mauvais goût quand elles ne sont pas inaudibles.

Or, à cause de Dieudonné et de l'hystérisation du débat due à l'action de force de Manuel Valls, à cause de l'amalgame entretenu entre anti-sionisme et anti-sémitisme, il devient périlleux d'expliquer la position de la Gauche laïque et républicaine.

Les socio-démocrates dits "libéraux", tels que M. Valls ou Moscovici, ne le seraient pas tant que ça. Ils seraient plutôt du genre staliniens quand ça les arrange, à Paris ou à Bruxelles. Ils ont pris un peu facilement l'habitude d'agiter des épouvantails de droite. C’est tellement pratique un Dieudonné, une Le Pen, qui disqualifient pour longtemps tout idée d'un pacte organisée autour d'une nation sociale, et de toute nation qui ferait sa politique conformément aux intérêts de son peuple.



L'antisémitisme, comme toutes les questions de valeurs sociétales, sont les nouveaux couteaux suisses des pouvoirs impuissants et frileux. Et voilà que ce délit si particulier de racisme est instrumentalisé à nouveau par le marketing politique. Quelle époque ! Si j'étais sioniste moi-même, j'en serais furieux pour ceux qui en sont morts.

Moi, je commence tout juste à intégrer qu'il y a des sujets tabous, et indémerdables politiquement. Et que le sionisme en est un.

Ce que je sais, c'est qu'une position de défense, à force, au bout de quelques années, rend invariablement paranoïaque. Tous les gens qui ont un un procès long le savent. Je pense que c'est ce qui lui est arrivé. Et un paranoïaque par définition, c'est facile à persécuter....

J'ai des amis communistes qui l'ont souvent croisé, et qui aujourd'hui ferment leur gueule. Aujourd'hui, dire "je suis un fan de Dieudo" laisse le champ ouvert aux interprétations, hélas, car la force de la position d'homme de spectacle est d'emmener bien des ouailles au-delà de leur conviction politiques, par naïveté, ou par la force du rire.

Le télescopage ironique entre cette affaire et les louanges adressés à Ariel Sharon, y compris par le Président de la République François Hollande, en dit long sur les allégeances du Pouvoir et la peur que les Etats-Unis nous inspire.

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Voici 9 minutes, essentielles selon moi pour expliquer par l'exemple la bêtise totale du racisme, mais qui ne bénéficie d'aucun retentissement sur le net pour l'instant. J'aimerais que des choses comme ça soient réalisées en France, et que ce documentaire américain du nord de 1968 serve d'exemple. 

C'est aussi comme cela qu'on peut combattre l'ignorance :


samedi 4 janvier 2014

Le P.G, parti défouloir pour ogres microbiens

Attention, ce billet est sulfureux, il n'est pas consensuel. C'est un billet écrit par un militant du Parti de Gauche qui entend que son identité politique et son étiquette partidaire soit respectée. Or, ça n'est pas le cas.



Ce billet donc, on me le reprochera. Mais je veux dire, à titre personnel et tout haut, ce que bien des militants et des citoyens impliqués dans la campagne des Municipales 2014 taisent. Ils encaissent sans rien dire. Ils se tiennent. Bravo. Moi, je revendique une liberté de ton. Je ne me tiens pas.

Un militant issu d'une mouvance libertaire et pressenti pour être dans les premiers d'une liste municipale à Paris, écrit sur un mail collectif :
"Nous ne sommes pas le Front de Gauche" (entendez, sans le grand frère du P.C.F) et il ajoute : "une organisation minore ses partenaires". J'e lui ai répondu personnellement que j'étais bien d'accord avec lui, que le P.C.F minore sûrement ses partenaires en s'alliant dès le premier tour au P.S. 

Démenti immédiat : -"Je parlais du P.G".

Voilà. On monte au créneau pour démentir qu’on ait pu oser critiquer le P.C.F, mais on y va à cœur joie, et à bras raccourcis, pour taper sur le P.G. 

Certains pensent que le P.G (12 000 adhérents et des millions de sympathisants) ne pourrait faire campagne sans eux. Alors qu’on rigolerait bien de voir les petites formations faire campagne sans lui, avec leurs trois adhérents...

Le P.G minore les autres organisations ? Voyons un peu :

Alors qu'on est dans cette situation -folle !- où le P.C.F foule aux pieds, pour quelques mesquines places municipales, le travail d’au moins 5 années de militants qui ont œuvré pour le Front de Gauche, le P.G ouvre ses listes, souvent au détriment de ses propres militants, au profit de vieux briscards (quand on a 40 ans en 2014, ça fait vingt ans qu'il y a un vieux qui bouchonne) ceux-là mêmes qui en profitent viennent dire la bouche en cœur, en gros, C’est le P.G qui pose problème ! 

Mais on rêve à gauche, ou bien on le fait exprès ?

Quand le P.G déploie ses militants de terrain, on les regarde distribuer, coller, se faire chier, et on les trouve bien ces petits. Mais quand on se défoule dans les réunions "unitaires", on les trouve soudain «écrasants», «hégémoniques»...

Faites cet effort : mettez-vous deux secondes à la place des militants du PG. Il est où le mépris, sinon de la part de cette génération de 68tards qui jadis ont foutu les vieux dehors et qui projettent aujourd'hui ce fonctionnement, devenu une peur, sur la génération qui les suit, et ce depuis 40 ans ? Elles sont donc encore là les frustrations de ceux qui ont courbé le dos devant le Pcf durant des années et qui s’en prennent -avec courage- à ceux-là qui n’en sont pas et qui n’y peuvent rien.

Ces petits poucets sont des ogres. Que dire de Gauche Unitaire qui avec 200 adhérents sur le territoire a placé tous ses candidats aux Régionales et les a fait élire (avec l’appui du PCF contre les colistiers du P.G dans tous les cas).

Et quand je dis "petits" c’est sans jugement. Quoiqu’on on ait quelquefois affaire à des gens qui ont 5 adhérents pour une ville comme Paris, mais qui exigent une représentativité que le P.G leur accorde en les "écrasant" , au nom de la diversité, de l’unité à gauche, bla, bla… On croît rêver de voir les gauchistes à l'œuvre sans le moindre complexe. Plus je suis petit, plus je braille. C'est comme les mioches.

Mais à la fin, si cette camaraderie se retourne contre le P.G, ne soyez pas étonnés un jour qu’il vous laisse en chemin. Les tracts, ils iront les distribuer l’hiver tout seuls. Les porte-à-porte, tout seuls. On verra alors quelle est l’indépendance réelle et le poids effectif de ces ogres microbiens lorsque le PCF ou le PS n’y sont pas.

Pas assez internationaliste ?


Une autre camarade quelques jours plus tôt, écrivait sur une liste d'échanges : "Je suis plutôt proche de partis qui s’affichent clairement internationalistes. Ce qui n’est pas le cas du PG.". 

Aussi aurais-je aimé que cette camarade précise sa pensée. Je suis personnellement abasourdi par une telle assertion, aussi lourde de sous-entendus. Car si on est Socialiste et qu'on n'est pas internationaliste, une seule solution : on est alors national-socialiste. 

J'ose donc espérer que cette saillie a dépassé sa pensée. Ce ne serait d'ailleurs pas plus grave que ce qui a déjà été proféré naguère. 

Je rappelle que durant la campagne de 2012, des individus comme Jacques Julliard ont osé écrire dans Marianne que les meetings de M. Mélenchon lui rappelait "les temps les plus sombres de notre histoire" ; que nous avons eu à subir les outrages infamants de caricaturistes de la presse nationale assimilant notre co-président à un tribun néo-nazi aux côtés de l'infecte Le Pen ; que le mot de François Delapierre au congrès du PG, désignant les douze ministres de l'économie comme des salopards, a été -de façon incroyable !- réduit à une allusion aux origines juives de M. Moscovici ; etc. etc. etc...

Votez pour la pire illustration
C'est alors que nos camarades du Front de Gauche ne doivent pas ignorer, avant d'écrire que le P.G ne serait pas internationaliste, que cela s'inscrit dans un contexte où leurs camarades du P.G, et plus largement les citoyens qui ont pensé voter pour le candidat du Front de Gauche, ont déjà été assez lourdement insultés

Je n'entends absolument pas l'être par des camarades. Encore moins pas ceux avec qui je m'apprête à faire campagne.

Pour ce qui est du fond socialiste et internationaliste du Parti auquel j'adhère, j'aimerais renvoyer à ce qu'il produit comme textes, ou bien à un seul discours, prononcé à Marseille, en 2012 devant quelques centaines de milliers de personnes, internationalistes comme nous. 

On a alors entendu des voix qui trouvait cette vision trop internationaliste. A l'extérieur, on ne s'en rend peut-être pas bien compte, mais depuis le jour de sa création, il se trouve toujours quelqu'un pour reprocher au Parti de Gauche tout et son contraire : tantôt trop petit, trop gros, trop républicain, trop socialiste, communiste pour les uns, puis pas assez libéral quand il n'est pas anti-capitaliste, enfin trop écolo, puis pas assez gros, trop rouge, pas assez rose, pas assez républicain, pas assez vert, trop libertaire, quoi d'autre... 



Sans commentaire


En fait, j'ai l'étrange impression que le P.G sert régulièrement de punching-ball à toutes les frustrations de la presse et la classe politique. Il semble être aussi devenu la mouche du coche à une foule d'organisations à qui, au nom de la diversité, il dégage des places éligibles au-delà de ce qui leur serait dû, au détriment de ses propres militants !

Et ça, ça échappe à bien des orgas, groupusculaires à l'implication souvent crépusculaire, qui se disent au contraire "écrasées" !... 
(cf. les jolies chaises musicales lors des Régionales en Idf en 2010)

Alors, le P.G doit-il servir de défouloir à tout ce qui n'a pas été reproché ouvertement au PCF pendant des années, plutôt qu'à être reconnu comme une force de propositions où des citoyens engagés travaillent honnêtement et parfois au péril de leur vie ? (cf. les menaces de mort sur la jeune Julie del Papa). Si c'est cela, dis-le moi que j'arrache ma carte tout de suite, si c'est enfin ce qu'il faut faire pour contenter ou les uns ou les autres !


Bref, nous avons une identité politique de gauche qui tient en trois mots. République, Socialisme, Ecologie. Quand commencerons-nous à être considérés normalement comme un interlocuteur normal ?

Ne vient-il à l'esprit de personne que cela pouvait devenir vexant à la longue d'être obligé de s'en justifier en permanence, et que cette préoccupation de l'identité, tellement spécifique pour certains qu'elle les obnubile, cadre mal avec l'horizontalité constitutive du Parti de Gauche, et au-delà, du Front de Gauche tout entier, avec ou sans le PCF. N'en déplaise, le PG était à sa création un front de gauche en petit. 


Les origines de ses militants sont diverses, je m'en réjouis. Heureusement qu'il n'y a pas des esprits obtus en ce parti qui jetterait un œil circonspect à qui viendrait du MRC, du NPA, du PCF, des Alternatifs, qui du P.S, qui vient de nulle part et même d'ailleurs. Ce serait la guerre. Car l'affaire est autrement sérieuse.

Enfin, a-t-on déjà surpris un seul membre du Front de Gauche, écrire à une tête de liste communiste quelque chose comme "Je me sens proche de partis qui s'affichent clairement pacifistes, ce qui n'est pas le cas du PCF" ... Imagine-t-on un instant qu'on puisse balancer ça sans sourciller ?
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Dans les médias aussi ça tape sur Mélenchon. Destin christique ?

jeudi 2 janvier 2014

1er janvier 2014 : les vœux d'outre-tombe de François Mitterrand