mardi 18 décembre 2012

Ma lettre à moi : "Le départ d'Dieu"

Je ne peux m'empêcher de faire mon Gérard à l'envers, là aussi en forme d'adresse au Premier Ministre... 



Je suis né en 1969, j'ai commencé à travailler comme artiste dramatique à seulement 23 ans. Je suis un auteur et un acteur. La première fois que j'ai payé un impôt, c'était un bon signe accueilli avec joie à déjà 34 ans. Les nombreux films historiques auxquels j'aurais dû participer, si le service public audio-visuel n'avait pas été démantelé, m'auraient révélé au public dans mon talent. Je vous ferai donc grâce des citations que je n'ai pas eu l'honneur de déclamer.

J'ai tout à faire ici, mais je ne cesserai de rester vigilant même si la raréfaction de l'emploi me pousse déjà à me centrer sur ma survie personnelle.

Je reste ! alors que la France m'a abandonné juste après ma formation publique : elle avait su s'organiser pour que j'aille manger au restaurant social, mais surtout pas pour que je trouve un emploi.
Je reste ! alors que je pourrais aller faire fortune ailleurs, que je ne paye que 4% d'impôt, et que je n'ai pas dépassé les 1800 €/mois, en encore les bons mois... Vous me direz qu'avec si peu de moyens en poche, difficile de quitter le pays...

Moi, si je gagnais plus de 30 000 €/mois, j'aimerais être taxé à 100%. Et puis je vous fais un aveu, qui me vaudra des ennuis peut-être. Je n'ai jamais payé l'Impôt Foncier : je ne possède rien. Je suis donc prêt à subir un contrôle et un redressement.

Mieux, je demande à ce que ma contribution fiscale soit plus forte ! Mais qu'elle ait du sens, enfin quoi... ça me bouleverse, comme dirait un grand acteur pour qui cette lande était Trop belle pour lui. 

Que mon Impôt sur le Revenu soit mieux à même de subvenir aux besoins éducatifs, de santé, d'infrastructures dont les particuliers et les entreprises ont besoin, dont la culture a besoin, dans ce pays que j'aime de moins en moins, moi aussi, vu le nombre d'égoïstes qui y pullulent. 

Mais je refuse qu'on destine ma contribution au plein remboursement d'étrangleurs de la force publique, ces établissements bancaires privés qui contraignent mon pays que j'aime à leur emprunter pour mieux être remboursés. 

Qui êtes-vous M. le Premier Ministre de François Hollande pour faire semblant d'ignorer l'intérêt supérieur de la nation, et ne pas nous jeter de vraies bouées de sauvetage depuis votre paquebot France, devenu pédalo France ? On se noie dans votre Europe, là. 

Oui, je suis furieux contre les dirigeants de tous ces pays soit-disant unis qui ont pris des décisions à l'encontre de tous nos intérêts vitaux depuis quarante ans. 

Les richissimes menacent de s'installer derrière les frontières ! Il y a donc encore des frontières ? Comme c'est bizarre... Celles qui limitent la circulation des hommes pauvres, mais s'aveuglent sur la circulation des capitaux ! Les frontières qui arrangent les fiscalistes et les policiers... ah, je comprends.

Ils s'en vont ? Qu'ils partent... Nous sommes un pays libre et les riches sont plus libres que les autres... 
Qu'ils partent ! Car il n'y a pas de place dans mon pays pour les banksters et les asociaux fiscaux. Qu'ils rendent leur passeport tout de suite et se déclarent apatrides. 
Que partent les égoïstes : au faîte de leur gloire, ils se prennent toujours pour dieu, ils se croient indispensables car banquables. 

Dans cette affaire je demande le départ des dieux."Nous créons des emplois" se targuent-ils... mais ne font qu'utiliser et profiter d'une ressource humaine disponible, par trop disponible, hélas, ça presse sur le prix de leur travail : leurs salaires trop petits, ils paieront moins d'impôts, et seront à plaindre. 
Certains richissimes ont la contrainte sélective. 
Ils l'évoquent à tout crin, alors qu'ils prônent par ailleurs les doubles contraintes, l'actionariale et la concurrentielle qui n'ont pas l'air de les gêner beaucoup celles-là !... ... 
Contraints de s'enfuir parce qu'ils sont obèses quand d'autres sont contraints de rester parce qu'ils sont faméliques. Le piège de la pensée. Prends donc l'oseille et tire-toi, eh maraud ! 

Ne pourrait-on pas offrir une aide au départ à tous ces riches Français asociaux qui veulent s'expatrier ? Je suis sérieux, ils nous coûtent cher, ils prennent de la place, ils font monter le prix de nos logements, ils polluent... 

Mon public, je ne l'ai quasiment jamais rencontré. Tout comme les employeurs, très peu rencontrés. Tapis qu'ils sont dans leur féodalité, ils ne se penchent pas sur "les minables". Trop occupés. J'aurai reçu toute ma formation sur les deniers publics de mon pays qui a financé ma qualité d'acteur. Je le remercie pour cela. J'ai fini mes études complètes dans une école nationale supérieure d'Art Dramatique, ça se paye ça, car je n'ai jamais déboursé un centime pour ma formation. Et une formation, quelle qu'elle soit, ça n'a pas de prix, et en particulier les formations de l'esprit. 

Il faut donc que l'esprit de certains soient bien déformés par ceci : la Comparaison. 

Tant qu'on donnera la possibilité à des gens, à des peuples, de se comparer avec ce que paie son voisin, on instaurera une injustice de fait, qui génèrera frustrations et comportements asociaux, le départ de ceux qui en ont les moyens. La question centrale est ici.

Ceux qui ont du cholestérol, du diabète ne sont plus nécessairement ceux qui sont gras. Ce sont à présent ceux qui mangent mal ; ça se paye, ça... 

Cependant, tous ceux qui quittent la France ne peuvent pas être injuriés. On n'a pas lynché la famille Auchan ou Bernard Arnault sur le départ après tout. Les acteurs, c'est commode, lorsqu'ils sont pauvres, ils profitent du système, et quand ils sont riches, ce sont des salauds. 

Ils sont victimes comme je le suis d'un système mal foutu.

L'Europe est arrivée à un tel point dans la glorification de la concurrence commerciale qu'elle opère à des mutations. Les citoyens se muent en traîtres et se demandent combien ils paieraient ici ou là. Les investisseurs industriels se muent en apothicaires et se demandent combien on peut économiser sur la rétribution de ceux qui travaillent ici ou là. Les cinéastes cherchent les figurants les moins chers. Les éditeurs cherchent l'imprimeur le moins cher.

Le citoyen européen qu'on nous vend est réduit à chercher, chercher comment dépenser toujours moins d'argent. Pas dans un yacht, un hôtel particulier ou une voiture, non, non : ...moins dans les contributions légales destinées au bien-être collectif. 

Partout où les Etats sont privatisés, l'impôt perd sa raison d'être. Demandez à un Italien et à un Suédois, vous n'aurez pas la même réponse...

D'aucuns me considéreront comme un minable, alors que je n'ai jamais fait de mal à personne. En neuf ans d'imposabilité, j'ai donné 6000 euros. 

Je n'ai pas les moyens de m'exiler, moi, sinon je vivrais à Vanuatu. Tant qu'à faire, partir c'est mourir un peu, alors autant que ce soit au soleil.

Malgré mes façons austères, ma fréquentation des magasins discount, je conserve un amour de la vie et je reste poli.

samedi 1 décembre 2012

Ecosocialisme en France, l'An I

Le Parti de Gauche créé en 2008 appelait ce samedi 1er décembre aux premières Assises de l'Ecosocialisme. Se dégageait là un enthousiasme qui tranchait sévèrement avec la pusillanimité qui règne en ce moment dans certaines sphères politiciennes. Au même moment, ironie du calendrier, le gouvernement français cédait une fois de plus aux sirènes qui réduisent Ulysse à l'impuissance, et décidait donc de ne pas nationaliser les acieries de Florange.

L'écosocialisme, il ne s'agit ni d'un gadget ni de marketing politique. Comme l'a rappelé Henri Pena-Ruiz (Marx, quand même ed. Plonet d'autres intervenants de qualité, ce parti politique a été fondé sur cet axe qui unit Ecologie-Socialisme-République, avec les tirets, indissociablement.

C'est à une perspective de convergence, ou de dépassement des divergences, que s'attellent Jean-Luc Mélenchon, Martine Billard et Susan George, Arno Munster, Jacques Testart, Michaël Löwy, Paul Ariès (c'est tout sauf un homme seul, qu'on se le dise). En cela, il confirme une cohérence dans la construction politique. Nous n'avons pas affaire à des fanfarons.

Mieux, car on parle de "crises" et non de "crise", il s'agit en 2012 en pleine crise de l'Europe, accélérée par la crise financière des dettes privées américaines du nord, de trouver une issue par le haut et tracer un avenir. Il s'agit aussi de déclencher une synthèse par ce projet aux enjeux ô combien contemporains, de la faire avancer au sein des organisations politiques de la gauche du "Non" dans notre pays, et par contagion à d'autres. Cette journée aurait pu avoir comme sous-titre, "l'avenir se prépare".
C'est à un aggiornamento historique du socialisme que Jean-Luc Mélenchon convie la société, adossé à une analyse marxienne de la crise du capitalisme. Pour confrontés que nous sommes à des comportements problématiques de l'humanité, qui n'a pas le même impact sur son environnement à 7 milliards d'habitants qu'à deux milliards, que faisons-nous ? On regarde, impuissants ? Confrontés que nous sommes, tous, et c'est même la seule égalité politique, à un système capitaliste qui a  non seulement pour symptômes le surendettement généralisé des particuliers, des entreprises et maintenant des Etats, mais surtout la sur-production, la sur-consommation et la sur-pollution. Car on ne le dit jamais, la face sombre de la société de consommation c'est la société de défécation... 

Le capitalisme qui est dans l'impasse depuis 2008 n'a aucun intérêt pour survivre à ce que les 99% prennent conscience des dégâts dont il est le responsable dans l'ombre, même si -il faut le concéder aux courageux contempteurs de ce système défaillant qui sont légion dans l'intelligentsia- la mer d'Aral aussi a souffert, et souffre encore, des maux du productivisme, M. Mélenchon le rappelait lui-même.

Discutant, confrontant les points de vue tout au long de la journée, Jacques Généreux a parlé de "4ème Voie". Et pas d'une nouvelle troisième voie, qui ne ferait que trouver un compromis social-démocrate entre Marché et Etat, entre Efficacité et Justice, toutes synthèses bancales entre deux principes opposés, etc, mais d'un nouveau contrat républicain qui ne s'dresse pas à la gauche mais à l'humanité, adossé à la conscience de l'homme du XXI° siècle, conscient d'un monde aux ressources limitées, qui ajouterait à son triptyque Liberté, Egalité, Fraternité, la Viabilité.
Hervé Kempf lui, trouvait que le « Manifeste des Assises pour un écosocialisme » mis à l'amendement ce jour était encore prématuré, qu'il fallait encore faire aboutir ce nouveau paradigme politique, que les Equatoriens appellent, par la voix de son ministre Gallego, présent à Paris, appelait le Socialisme du "buen vivir" et son contrat écologique. Pour cela, rappelait-il, leur Président Rafael Correa a d'abord fait modifier la Constitution du pays pour s'affranchir des dépendances financières extérieures qui brideraient tout projet de ce genre, comme le feraient ici les Traités européens. Puis il montré par le menu comment les moyens de productions agricoles ont été modifiés, comme tout cela a procédé, quelles lois ont contraint même les banques privées à participer au financement d'un RSA local, etc.

Comment doit être appelé la doctrine à laquelle se réfère le Parti de Gauche ? Néo-communisme comme le décrie nos adversaires ? Socialisme de gauche ? Ecoscialisme?  Ce dernier concept d'Ecosocialisme avait une histoire.
En 1974, déjà la déclaration de Cocoyoc débattait de « l'utilisation des ressources, de l'environnement et des stratégies de développement ». Puis Joël de Rosnay employait dès 1975 le terme d'écosocialisme pour décrire « une convergence des grandes politiques économiques et sociétales vers la protection de l'environnement ».


Plus récemment, Michaël Löwy co-écrivait ainsi avec Joel Kovel en 2001 le premier «Manifeste écosocialiste international», qui servira de référence au «Réseau écosocialiste international» fondé à Paris en octobre 2007. Puis, lors du forum social mondial de Bélem en 2009, est rédigée la «Déclaration écosocialiste de Bélem». C'est donc bien dans la volonté de se rapprocher un peu plus encore des révolutions citoyennes qui ont eu lieu, ou qui sont en train de se réaliser, en Amérique du Sud l'ancrage du Parti de Gauche que président Martine Billard et Jean-Luc Mélenchon. 

L'ordre commercial du libre-échange, carcan juridique et arme de destruction massive de l'environnement, doit être aboli dans sa forme dictatoriale qui pratique un internationalisme de mauvais aloi depuis plus de quarante ans. Il ne s'agit pas de se refermer sur soi. On peut continuer l'ouverture entre les nations mais coopérative, mais sur la base d'une autonomie retrouvée, alimentaire, financière etc. Ce paradigme nouveau structurera les futurs programmes de gouvernement écosocialiste alternatif qui piloteront des Economies solidaires. Cela nécessitera bien sûr, non sans une transition laborieuse, une conversion écologique et sociale nationale de nos moyens de production, en trouvant les outils pour le faire ou les fabriquer. Loin du maketing qui vendrait un rêve, ce projet vend plutôt un défi.

Cette transition ne pourra se faire que sur un long terme, en orientant les capitaux de façon stratégique. Cela est présenté comme un vrai projet de politique concrète, qui n'a rien à voir avec un quelconque gauchisme car ce projet ne peut se réaliser qu'en changeant le cadre constitutionnel et juridique. C'est donc bien un projet ambitieux de gouvernement, tel qu'on peut en voir les prémisses en Amérique du Sud. L'avantage sur les autres utopies, c'est que celle-ci est en cours de réalisation, et offre son expérience à une Europe désormais en retard sur le monde.  

Voilà qui devrait donner des idées aux autres organisations de gauche, dans tous les pays où notre Europe s'englue.  

Celle qu'on appelait la gauche du non, la gauche indignée, la gauche de la gauche, se verrait bien en la gauche éclairante du XXI° siècle, qu'on appellera alors peut-être au XXII° siècle, "... des Lumières".














mercredi 28 novembre 2012

Petite réponse à Emilie P., Doctorante en mal d'avenir...

J'ai été ému à la lecture d'un article d'Agoravox d'une certaine Emilie P. et je me suis fendu d'une petite réponse que je publie ci-dessous. Son article est à lire ici.

Emu et agacé à la fois, car j'y ai vu à quel point le discours dominant, le syndrome TINA (There Is No Alternative), traverse toutes les consciences, y compris les plus fines.

Chère Emilie,
Comme on a de compassion et d'intérêt à vous lire. Il faut louer cette initiative de crever le mur du silence en décrivant honnêtement votre quotidien de chercheuse. Cela est suffisamment rare pour être souligné et vous le faites avec brio. 
Vous faites un constat élaboré mais restez évasive sur des préconisations qui semblent implicites, à vous lire. 

Ainsi vous dites : "L’adoption, il y a cinq ans, de la loi relative aux libertés et responsabilités des universités ne règle pas les problèmes de sous-financement et ne permet pas une (ré)organisation efficace de son infrastructure. Les Universités françaises sont politiquement autonomes et terriblement seules. Même si les fonds privés sont* une solution à plusieurs égards, qui investirait dans la recherche littéraire ? (…) L’idéal serait de trouver un juste équilibre entre un financement public et privé."

Or, je vous invite à reconsidérer l'inéluctabilité que vous trouvez "idéale" d'un financement pour partie privé. En quoi serait-ce une "solution, à plusieurs égards" et quels sont-ils ? Si c'est pour vous un horizon indépassable, je vous conseille de vous rapprocher du Parti Socialiste qui se fera un plaisir de vous accueillir et de vous trouver un poste, armée comme vous l'êtes et dotée de cette belle sensibilité adossée à un vécu. Le bon constat mais les mauvaises réponses, apprises un peu par cœur...

Pour ma part, les fonds privés j'en vois assez les inconvénients. Ils sous-tendent même tout ce que vous décrivez par ailleurs dans la dévalorisation du travail, la pression à la baisse sur son prix (et non son coût), le découragement et le gâchis humain que vous-même représentez, alors-même que vous n'avez pour ainsi dire pas commencé. "Solution" est ici un postulat. Il serait plus scientifique -et c'est lié directement à votre condition- d'envisager la possibilité d'autres solutions. 

Je voudrais mieux me faire comprendre.


Prenons un exemple véridique de présence de fonds privés, et de l'influence de son actionnariat, dans le monde de l'édition. Des universitaires avaient réuni leurs travaux récents à propos la Shoah pour un très grand éditeur français spécialisé en Histoire. Un autre travail non moins important, mais qui aurait demandé cinq années de travaux, avec des contraintes de langue et des avances de frais qui auraient été nécessaires pour publier une originale Histoire des Tziganes. L'éditeur avait alors à faire face à deux types de pressions, concurrentielle et actionariale, et s'est vu devoir trancher entre les deux sorties. Que croyez-vous qu'il fût choisi ? Le sujet "le plus porteur sur le marché", la Shoah. Voilà un exemple parmi d'autres des exigences du privé, et de ses possibles répercussions négatives sur la recherche et la connaissance.


Vous touchez, peut-être sans le savoir encore un autre type de désordre, lorsque vous évoquez les nouveaux docteurs ès qui seront dans l’obligation de se tourner vers d’autres emplois en passant des concours. 


Vous ne savez pas à quel point ils désorganisent -à leur corps défendant- toute une filière de recrutement : à la Mairie de Paris on voit des DESS postuler aux concours pour des postes de Cat. B (niveau bac). Ce faisant, il sont mal employés, mal entourés au quotidien, malheureux ils s'engourdissent et pour les plus chanceux quittent le poste au bout de dix mois. En attendant, les "niveaux Bac", eux, sont au chômage de longue durée ou au RSA, car les premiers arrivés aux concours sont bien évidemment les sur-diplômés. Aucun espoir pour les plus modestes (intellectuellement) alors qu'ils auraient trouvé là une place à leur mesure…
 
Voilà pour la pression du chômage sur la société. Travail, recherche, création, c'est tout le corps social qui collapse sous ces diverses pressions, continues, lentes, interminables.

Vous comprendrez Mademoiselle, pourquoi j'en appelle de ce point de vue, pour ne citer que celui-là sans aborder les questions de choix économiques et de démocratie, à une révolution citoyenne.

P.S : le journalisme n'est pas bouché pour tout le monde, idem pour le cinéma, le théâtre, la littérature, la haute-finance et assurance, la médecine, bref, partout où il y a des niches argentifères, il y a une néo-aristocratie et ses jeunes pousses.



* présent corrigé par l'auteur elle-même, qui avait d'abord écrit "seraient" (!)

lundi 26 novembre 2012

Jean-Luc Mélenchon et le bien-être économique national

Même Martine, ma voisine de rez-de-chaussée dont le petit cœur balance entre un Copé fort en gueule et un Fillon en marbre dur, le reconnaît : "T'as vu chez Ruquier ? encore une émission de télévision où Jean-Luc Mélenchon fait un carton !". Puis mon amie Ariane Walter en a immédiatement conçu un énième article sur Agoravox, un de trop peut-être, sur le sujet de son admiration pour cet homme-là.


Or, je pense que cette focalisation sur la personne de Mélenchon est comme l'image inversée des attaques ad hominem. Aussi irrecevables : 

Il serait temps de passer à d'autres considérations. C'est vrai, jusqu'où va-t-il hisser le niveau des prestations télévisées que les spectateurs attendent d'un homme politique ? Mais attention, à force de trouver à Jean- Luc Mélenchon des qualités d'orateur, on ne cesse de prêter attention à la forme, qui est brillante certes, et on en oublie un peu le fond. Tout orateur, pour brillant qu'il soit, ne fait pas le visionnaire. Là, on a la chance d'avoir les deux pour le prix d'un.

La question du talent oratoire reste secondaire alors que la placer devant la rendrait dangereuse. Elle donne du crédit au pouvoir sur-dimensionné des mass-média au détriment de la critique ou de l'objectivité du citoyen. Car enfin Jean-Marie Le Pen en était un autre, qui maniait la langue française, à la rouerie et à la répartie légendaire, qui en a scotché plus d'un sur son siège de journaliste à la solde de l'intelligentsia social-démocrate ou démocrate-chrétienne suivant que l'interviewer était Libération ou La Croix. 

On oublierait alors un peu vite le fond de la pensée politique de Mélenchon et du combat que lui et ses centaines de camarades proches mènent actuellement, quelquefois au détriment de leur santé ou de leur vie de famille, pour innover en politique, pour faire avancer l'idée d'un socialisme alternatif ou Eco-Socialisme, bref, pour que ne cesse pas le Progrès.  

Effet pervers supplémentaire des médias, on ne cesse d'enfermer Mélenchon dans une solitude qui n'est pas la réalité de l'homme Jean-Luc. Qui parle de son journal en ligne tenu et daté de toutes les séances du Parlement européen où il siège avec une application qui force le respect. Quel autre député en fait autant ?

Qui parle du "Contre-budget" rédigé voici quelques jours par le Parti de Gauche ? (Il est ici disponible) 

Qui parle des femmes et des hommes qui œuvrent autour de lui, de Martine Billard, de Eric Coquerel, de Delphine Bauvaois, de Gabriel Amard, de François Delapierre, de Henri Pena-Ruiz, de Raquel Garrido, de Alexis Corbières, de Jacques Généreux, de François Longérinas, de Nathanäel Uhl, de Guillaume Etiévant, de Mathias Tavel, de Laurent Mafféis, de Laurent Levard, de Jean-christophe Selin, de Corinne Morel-Darleux, de Pascale Le Néouannic, de... il y en a cent comme lui, et autour de lui. Ariane pourrait leur consacrer autant de brillants articles.

Et puis survient la fin de l'émission, et Ariane Walter a raison tout de même : l'inoxydable Carole Bouquet, à la sensualité tellement débordante qu'on ne rêve même pas de la croiser autour d'un buffet froid, le reconnaît : "trésor national" a-t-elle lancé au milieu d'un parterre conquis. 

Je ne sais pas non plus si j'irai jusque là, car il y a dans cet excès de flatterie un zeste d'hypocrisie dont je sens bien cette femme là capable (la Carole, pas la Martine). Mais voilà : (je mesure mes paroles conscient que ça va faire grincer) 
  • C'est l'expression de "national" qui m'interpelle. Car en effet, selon moi, n'en déplaise à tous ceux qui s'effarouchent avec les mots et se couvrent de leurs lunettes rouges carmines, Mélenchon serait peut-être plus "nationaliste" que Marine Le Pen, au sens du bien-être économique et social "national". Absolument pas au sens du droit du sang bien entendu. Mais au sens hérité de la Commune où la Nation est un cadre juridique garantissant le contrat social. Il n' y aura pas photo à l'arrivée, si arrivée il y a. Quand plus de gens en seront persuadés, et cesseront de prendre la vessie de Marine Le Pen pour une lanterne, le programme politique du Front de Gauche, économiquement performant, écologiquement responsable et socialement juste obtiendrait facilement la majorité dans ce pays. Et c'est la même Carole Bouquet qui ajoute ce mot plus inspiré : -"Je préfère mon pays avec lui que sans lui". Moi aussi.



Oui, car la gauche socialiste est libérale philosophiquement (relire "Le Manuel critique du parfait européen" de J. Généreux). Mélenchon l’étant, il n’a rien d’un extrêmiste de gauche puisque son programme est socialiste (et pas communiste, désolé, ce sera pour plus tard, peut-être...).

On peut être parfaitement libéral et haïr le néo-libéralisme financier. Libéral et pour autant réorganiser les institutions juridiques, les cadres constitutionnels, les régulations financières et les barrières commerciales ! On peut très bien prôner et favoriser les échanges culturels internationaux et vivre dans un régime commercial moins ouvert, pour ne pas dire fermé, que celui organisé de force par l'OMC et ses thuriférarires de La Commission du dikat européen de Bruxelles ... (lecteurs de Fichte, bienvenue ici ...)

Qui nous a vendu depuis 1971 la libéralité des échanges culturels et linguistiques comme étant la valise embarquée du néo-libéralisme et des libres échanges commerciaux ? Les faucons américains, suivis par leurs toutous de la droite française Giscardienne puis Balladurienne. Or, c’est un mensonge.

Il y a des alternatives, et c’est ce que Mélenchon commence à faire saisir à un auditoire désorienté. Il faut le faire patiemment, car la re-création de représentations adéquates prend du temps face au rouleau compresseur totalitaire d'une information par trop univoque. Et c'est sur ce sujet (à la fin) que Mélenchon a été brillant, face à un Aymeric Caron qui ne savait plus quoi trouver pour que son patron Laurent Ruquier ne le trouve pas totalement transparent.

C’est la droite financière qui ne l’est plus, libérale. Pour faire 50% aujourd’hui enFrance après ce qui s’est passé en 2008, il faut donc qu’elle entretienne un rêve, voire qu’elle mente et sur le diagnostic et sur ses intentions. Si j’étais de droite et libéral, je serais furieux. Et je me dirais qu’il manque un Mélenchon à droite.

Peut-être que cet homme là, cet homme et les équipes qui l’entourent (et ils sont de plus en plus nombreux, experts, économistes, ingénieurs, écologues) est un trésor national au sens où dans le contexte hautement volatil et dangereux qui est le nôtre, il sera un déclencheur, porteur d’une voie tracée par d’autres mais incarnée par lui aujourd’hui.
Plus important que tout ce qui vient d'être écrit plus haut : au cours de cette émission Laurent Ruquier a eu la courtoisie d'évoquer les 1ères Assises de l’Eco-socialisme qui auront lieu le samedi 1er Décembre à Paris XII°, aux pelouses de Reuilly. 
  • Avec : Hervé Kempf, Susan George, René Ramirez (ex-Ministre de la planification et du développement d’Equateur), Michael Lowy, Jeanette Habel, Aurélien Bernier, Martine Billard, Arno Munster, Jacques Généreux, Jean-Luc Mélenchon, François Ruffin, Corinne Morel-Darleux, Gabriel Amard, Myriam Martin...

> Lire le blog de Corinne Morel Darleux, auteur, et accessoirement bras-droit écologiste (avec d'autres) de M. Mélenchon. http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2012/11/13/La-raison-de-mon-silence

Michéa, la Servitude libérale
http://www.lepoint.fr/actualites-chroniques/2007-09-06/jean-claude-michea-et-la-servitude-liberale/989/0/199481

jeudi 22 novembre 2012

"On sera vieux, nous aussi" de Katia Ponomareva



« Als das kind kind war… ». « Quand l’enfant enfant était… » écrivait avec sa plume arrachée l’un des deux anges que le temps fracasse, dans le film Les Ailes du désir

Il est des spectacles qui vous remémorent des tranches de vie et de poésie, des moments de scène qui vous traversent et vous laissent une trace bien après qu’on les a vus, comme ce « Nous serons vieux, nous aussi » de Katia Ponomareva. Ils s’impriment sans que l’on comprenne toujours pourquoi avec ce qui nous reste de cerveau. C’est donc bien avec ses tripes qu’il faut aller voir ce spectacle de l’Ensemble « A Nouveau », collectif artistique composé d’artistes venus du théâtre, de la danse ou de la musique, de France, de Russie et de Belgique. 
L’intention affichée est pour une fois respectée : une tentative théâtrale avec pour support la vidéo, la photographie et le mouvement, d’appréhender le sens de l’âge et celui de l’existence.

La jeune Ponomareva y réussit et s’adresse là à notre intime. Ici nulle pré-digestion de complaisance, on ne vous donne pas la becquée. Katia Ponomareva nous donne, non pas à voir ce spectacle de danse et de textes essentiels de Gilles Desnots, elle nous le donne à regarder.





À chacun d’entre nous la chorégraphe s’adresse avec une finesse qui oxygène, qui renouvelle l’air de nos vieilles cellules grises, et avec le plus intime, sans scories, sans ostentation, sans agressivité feinte ou inutile. Elle ôte le voile prude qui est posée sur la Vieillesse avec une tendresse qu’on avait peur d’avoir perdu.



Peut-être bien que notre société merdique et déshumanisée, c’en est un syptôme, ne sait plus quel regard porter sur la vieillesse et s’arrête encore au chiffre, à l’âge... Comme il est moqué et bousculé par notre temps cet aboutissement de « la vie qui se déroule ». Ce serait encore poli de dire que ses qualités ne sont plus primés par nos codes irréverencieux et formatés, où la jeunesse, la performance, le remplacement du vieux par le neuf s’érigent en modèle totalitaire, et nous angoissent à la fin (sans jeu de mots). Ce grand âge est médicalisé et donc oublié. Merci Katia Ponomareva de nous réconcilier avec ce sentiment d’exister au temps présent, irrespirable quelquefois, qu’on tient à distance trop souvent, et même à 103 ans passés comme le dit cette personne qui n’a plus d’âge, qui l’a dépassé, et se trouve embarrassée d’envisager la question.




On se surprend à détourner le regard, à osciller comme un pendule entre le sens à donner au temps qui fait notre existence, et à celui cruel de la montre qui fait notre âge. De l’un à l’autre, en tableaux construits et profonds, par de magnifiques témoignages audio-visuels et un rare, trop rare extrait du « Conte des contes » de Youri Norstein, dont il serait blasphème que d’en parler tant la beauté à couper le souffle de cette création visuelle russe des années 70, ce collectif nous emporte loin, très loin des clichés convenus. Sur scène, on n’a plus d’âge non plus, ce sont des figures humaines universelles qui tiennent la vedette. Et elles sont nombreuses. C’est nous. Elles nous regardent. On se voit à leur âge. Leur silence nous renvoie à notre aveuglement sur la chose.



Subtilement emmailloté par une bande-son magnifique mais discrète de Julien Fezans (les chuchotis évoquent le film de Wenders) comme un accord de fond avec la poésie du plateau.


Le tempo quasi-hypnotique que Ponomareva tient de main de maître nous plonge dans cet univers sonore et visuel et c’est aussi grâce à cette forme si bien tenue qu’on sort interpellé. C’est à mon avis l’une des grandes réussites de ce très beau spectacle tendance Off, hors-norme, à la scénographie et aux éclairages si professionnels (Ivan Mathis), qui aurait bien sa place parmi les In, des plus grands. Dans l’ombre Kantor n’est jamais très loin, tout du moins sa noirceur mais une élégance en plus peut-être, ou plutôt l’urgence féminine qui s’exprime tout au long d’un spectacle qui ouvre sur une citation de Pina Bausch : « Dansez, dansez, sinon il sera trop tard ».
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Dépêchez-vous, il reste encore des places.
Les vidéos du web
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Vidéo sponsorisée



À Paris XI° jusqu’au vendredi 22 novembre 2012 à Confluences, 190 boulevard de Charonne 75020 PARIS. (Père-Lachaise, M° Philippe Auguste)
7, 13 et 15 €.
Resa 01 40 24 16 46 / mail : resa@confluences.net





Spectacle produit par L’Ensemble À Nouveau,

Auteur Gilles Desnots
Lumières Ivan Mathis
Son Julien Fezans
Costumes Anna Chyra et Sylvie Delalez
Administration Archipel Nouvelle Vague
Conception, mise en scène et scénographie Katia Ponomareva
avec Jacques Maury et Roberto Ruiz
Subventionné par le Conseil Général du Var, la DRAC PACA (aide à la production dramatique 2012), avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication – DGCA dans le cadre du dispositif de compagnonnage de Mabel Octobre, et le soutien en production du théâtre de la Méditerranée (Toulon) et du PôleJeunePublic - TPM - Le Revest (résidence de création)

vendredi 16 novembre 2012

Les contre-vérités éhontées de François Baroin

François Baroin sort un livre, et les medias sont sur le coup. Ruquier samedi dernier, France-Inter dès lundi matin, et Taddei mardi soir. Ouf ! On n'aura pas pu y échapper, quelle belle voix ! C'est tout le génie que je lui reconnais. Nous n'avons pas les mêmes valeurs, ceci est clair. Mais ce qui me distingue des gens comme lui, c'est que n'avons pas les mêmes sources.


Baroin, ce n'est plus de la droite, fut-elle Gaulliste, c'est du dextrisme : à plusieurs reprises, sa seigneurie nous déroule par le menu  (à la suite de nombreux prédécesseurs, experts, chroniqueurs qui nous servent cette bouillie comme une soupe populaire) la doxa monétariste ultra-libérale dans laquelle l'Europe s'est enfermée depuis plus de 40 ans (le consensus de Washington, la dématérialisation de l'argent, c'est 1971 avec Nixon  et son conseiller Milton Friedman).








C'est comme on le sait aujourd'hui, le refus des règles du jeu capitaliste qui a conduit à transformer des échecs industriels financiers en autorisations de continuer, impunément, en endettant la puissance publique (les Etats) et en absolvant le privé (les banques d'affaires). Toute l'attitude des pays capitalistes a donc été porteuse d'un signal d'irresponsabilité qui tranche assez merveilleusement avec tous ces discours appelant à pratiquer une économie "responsable", énoncé par tous ceux qui comme Baroin se font les défenseurs du néo-libéralisme financier...

Alors comment dès lors dissumuler leurs contradictions ? Vous l'allez voir : en travestissant la vérité.
Je me propose donc de revenir sur sa lecture de l'histoire, régalons-nous :


Voici en 50 mn un chef d'œuvre de langue techno-propagandiste, un condensé de toutes les contre-vérités politiques et économiques énoncées à longueur de JT depuis 30 ans.  


(Comme il le dit lui-même, François Baroin est journaliste de formation. Il faut dire qu'avec un DESS de Défense, un DESS de sciences de l'information et des bibliothèques de l'Institut supérieur de gestion (ISG Paris), et d'un DEA de Géopolitique, il avait de quoi faire carrière dans les médias.
Et s'il est un homme politique connaissant leurs rouages, leurs réseaux de connivences et leur fonctionnement, c'est bien François Baroin. Mais son éloge s'arrêtera là. J'ai découvert sur France 2 ce samedi soir dernier un personnage retors, habile et arrogant. J'ai pris aussi la mesure, tout comme Natacha Polony lors d'une de ses meilleures prestations (à 10' on l'applaudit), de ce qu'est un ancien ministre affecté par un bilan catastrophique. 

En termes de télé, c'est un bon client, il maîtrise les pitchs qui font vendre son livre, les histoires qu'il raconte, les anecdotes sont ciselées, ont été maintes fois répétées. Il est bon. Lorsque la télé l'interroge ou fait un sujet sur lui, il ressort toujours un bon vieux "spread", à glisser au détour d'une phrase pour impressionner ceux qu'il prend pour des illettrés, et cette émission n'a pas fait défaut à cette étrange manie. En fait de grand argentier, on a plus affaire à un fils de, un aristocrate d'Etat, qui fait de son incompétence un étal)

D'abord, on est effrayé avec Polony et Caron d'entendre la relation que Baroin nous fait des exigences de Merkel et Sarkozy sur Papandréou (12') : "Tu ne vas pas demander aux Grecs s'ils veulent oui ou non de l'argent que nous allons te prêter (de force donc) mais tu vas leur demander s'ils veulent rester dans la zone Euro (la question piège). Baroin nous explique que le dirigeant d'un pays n'est pas libre de poser la question qu'il veut à son pays et que, s'il voulait continuer de faire partie de la Zone Euro, c'était à leurs conditions. Autant dire que Papandréou a démissionné le revolver sur la tempe, comme Berlusconi l'a fait quelques semaines plus tard, vous ne l'avez pas oublié. 


On eut donc droit à près de minuit (l'heure des loups) à un véritable plaidoyer monétariste, où toutes les mesures de sauvetage des banques privées à coup d'argent public ont été justifiées par le souci de sauver l'économie.... Hélas faut-il vous faire l'injure d'une explication ? Quand on pense que même les américains du nord qui ont pourtant vu naître les théories de l'Ecole de Chicago se gardent bien d'appliquer leurs principes monétaires sur le plan intérieur (que les Européens les expérimentent !)


Mais par dessus tout, écoutez à telle minute M. Son Excellence le Ministre Baroin dire que "les USA ont laissé tomber les banques" ; ça vaut son pesant d'or. Je crois que si Baroin laisse une place dans  l'histoire ce sera d'être le seul homme occidental à croire (et à faire croire) à ce rôle-là des USA ans la crise dite des"subprimes". 


Vous entendez bien, il dit que les USA ont émis un signal inquiétant de faillites bancaires aux marchés (spéculatifs financiers). En l'occurrence, après la faillite de "Fanny Mae & Freddy Mac" les USA ont dès octobre 2008 recapitalisé à hauteur de 79% la plus grosse banque d'affaire en péril, et ont donné pour tout signal l'assurance qu'elles étaient trop grosses pour les laisser calancher, qu'elle tenaient en otage l'économie réelle de l'Amérique toute entière.

(lire à ce propos l'article de Fred Lordon : http://www.monde-diplomatique.fr/2008/10/LORDON/16354)

Et ils l'ont fait à telle enseigne qu'un sénateur américain, loin de la tranquillité Baroinienne, qualifiait même l'adminstration Bush de "socialisme financier non américain" ! 


Donc, le "mauvais signal" dont parle Baroin n'est pas celui de la menace de faillite bancaire, mais au contraire un signal d'irresponsabilité  qui a été donné : ne battez pas votre coulpe, on s'occupe de tout, et si vous perdez votre argent on vous en reprêtera, et à vil prix !



(pour mémoire Sarko avait prêté aux banques BNP et du Luxembourg à 0,7%, mais s'était bien gardé de prendre des parts publiques dans leurs actifs, quant à un contrôle 
de leurs Conseils d'administration, doux rêve !)

C'est ainsi que les dettes privées sont devenues un problème public. Nous sommes en 2012, chacun aura compris cela depuis un moment. Etrange lecture des événements que fait là un ex-Ministre des Finances ! Du point de vue de la DRH de Matignon, y a de quoi s'inquiéter.


En effet, une économie agit à l'intérieur d'institutions qui la régulent, qui la forgent, qui lui donnent un sens. La monnaie n'est que son instrument matériel, sans odeur, objectif. Alors écouter Baroin dire que le sauvetage de l'Euro est indispensable à la bonne santé de l'Europe devient proprement ridicule lorsque l'on sait, 4 ans après, les ravages en terme de santé, et pas seulement économique, que les recettes du bon docteur Baroin ont provoqués. Même les américains U.S se méfient des idéologues monétaristes ; sur ce chapitre Baroin a prouvé ou son indicible connerie, ou l'ampleur de la corruption de ses convictions.




Pour oser affirmer que l'on étrangle des peuples entiers pour la bonne santé de l'Europe, alors qu'il ne s'agit que de la bonne santé des prêteurs de la Finance, il faut être soit de mauvaise foi soit totalement corrompu. Ou alors, à reconnaitre que l'Europe, c'est la Finance....

Car enfin, nous sommes face à des gens sur-diplômés, aussi bien informés que vous et moi de la situation économique objective. Il apparaît comme peu problable que ces gens pensent réellement ce qu'ils disent. La seule solution qui s'offre à mon interrogation revient à soupçonner ces élites au pouvoir en Europe de corruption.


Car c’est justement le capitalisme monétariste de Hayek  qui a fait la dictature en Argentine, au Chili, en Russie. Souvenons-nous que Eltsine a fait bombarder le Parlement parce que celui-ci dans son droit constitutionnel, s’opposait au néo-libéralisme. La dictature européenne est, elle, bien en marche.


La suppression des libertés individuelles a eu lieu partout où le néolibéralisme s’est imposé, en cachette, dans le dos des populations à qui on a interdit le droit de se manifester. Le prétexte de la "science économique", indiscutable parce qu’ainsi décrétée, n’a pu se faire qu’avec la torture policière et militaire et la restriction des droits des individus. 


Les principes de "bon sens économique" n’existent pas, c’est affaire de choix politiques. Et quand, malgré les millions d'Euros corrompant les directeurs de pressee pour qu’ils indiquent au bon peuple pour Qui, ou Quoi voter, le peuple n'obéit pas, alors on contourne la démocratie. L’exemple le plus frappant chez nous est le référendum de 2005. Voilà à quoi mène le capitalisme que Baroin nous propose sous son visage d'ange.


Pour terminer, ce à quoi je vous invite à être attentif au-delà de ces artifices pernicieux de raisonnement, c'est que nous avons eu ce soir-là entendu quelques éléments de langage que la droite a décidé d'employer dans les anénes à venir : 

  • juxtaposer artificiellement Economie et Monnaie, avenir et libéralisme, modernité et rigueur. La Gauche, elle, est taxée d'immobilisme, de conservatisme, d'archaïsme dès qu'il s'agit d'un projet venu de la gauche de la social-démocratie Hollandienne. 

Ce renversement des représentations est à l'œuvre chez Baroin comme chez Copé et Fillon qui font semblant de ne pas s'entendre.Nous le savons, pour cet idéologue mal averti la gauche obtient le pouvoir "par effraction", c'est dire l'esprit borné auquel nous avons affaire.


Heureusement qu'il y a la droite française pour faire aimer la gauche, et Baroin en est l'un de ses plus fameux camelots !


voir : La Dette, un documentaire de Sophie Mitrani et Nicolas Übelmann http://www.youtube.com/watch?v=VIATbS8jumU