samedi 1 décembre 2012

Ecosocialisme en France, l'An I

Le Parti de Gauche créé en 2008 appelait ce samedi 1er décembre aux premières Assises de l'Ecosocialisme. Se dégageait là un enthousiasme qui tranchait sévèrement avec la pusillanimité qui règne en ce moment dans certaines sphères politiciennes. Au même moment, ironie du calendrier, le gouvernement français cédait une fois de plus aux sirènes qui réduisent Ulysse à l'impuissance, et décidait donc de ne pas nationaliser les acieries de Florange.

L'écosocialisme, il ne s'agit ni d'un gadget ni de marketing politique. Comme l'a rappelé Henri Pena-Ruiz (Marx, quand même ed. Plonet d'autres intervenants de qualité, ce parti politique a été fondé sur cet axe qui unit Ecologie-Socialisme-République, avec les tirets, indissociablement.

C'est à une perspective de convergence, ou de dépassement des divergences, que s'attellent Jean-Luc Mélenchon, Martine Billard et Susan George, Arno Munster, Jacques Testart, Michaël Löwy, Paul Ariès (c'est tout sauf un homme seul, qu'on se le dise). En cela, il confirme une cohérence dans la construction politique. Nous n'avons pas affaire à des fanfarons.

Mieux, car on parle de "crises" et non de "crise", il s'agit en 2012 en pleine crise de l'Europe, accélérée par la crise financière des dettes privées américaines du nord, de trouver une issue par le haut et tracer un avenir. Il s'agit aussi de déclencher une synthèse par ce projet aux enjeux ô combien contemporains, de la faire avancer au sein des organisations politiques de la gauche du "Non" dans notre pays, et par contagion à d'autres. Cette journée aurait pu avoir comme sous-titre, "l'avenir se prépare".
C'est à un aggiornamento historique du socialisme que Jean-Luc Mélenchon convie la société, adossé à une analyse marxienne de la crise du capitalisme. Pour confrontés que nous sommes à des comportements problématiques de l'humanité, qui n'a pas le même impact sur son environnement à 7 milliards d'habitants qu'à deux milliards, que faisons-nous ? On regarde, impuissants ? Confrontés que nous sommes, tous, et c'est même la seule égalité politique, à un système capitaliste qui a  non seulement pour symptômes le surendettement généralisé des particuliers, des entreprises et maintenant des Etats, mais surtout la sur-production, la sur-consommation et la sur-pollution. Car on ne le dit jamais, la face sombre de la société de consommation c'est la société de défécation... 

Le capitalisme qui est dans l'impasse depuis 2008 n'a aucun intérêt pour survivre à ce que les 99% prennent conscience des dégâts dont il est le responsable dans l'ombre, même si -il faut le concéder aux courageux contempteurs de ce système défaillant qui sont légion dans l'intelligentsia- la mer d'Aral aussi a souffert, et souffre encore, des maux du productivisme, M. Mélenchon le rappelait lui-même.

Discutant, confrontant les points de vue tout au long de la journée, Jacques Généreux a parlé de "4ème Voie". Et pas d'une nouvelle troisième voie, qui ne ferait que trouver un compromis social-démocrate entre Marché et Etat, entre Efficacité et Justice, toutes synthèses bancales entre deux principes opposés, etc, mais d'un nouveau contrat républicain qui ne s'dresse pas à la gauche mais à l'humanité, adossé à la conscience de l'homme du XXI° siècle, conscient d'un monde aux ressources limitées, qui ajouterait à son triptyque Liberté, Egalité, Fraternité, la Viabilité.
Hervé Kempf lui, trouvait que le « Manifeste des Assises pour un écosocialisme » mis à l'amendement ce jour était encore prématuré, qu'il fallait encore faire aboutir ce nouveau paradigme politique, que les Equatoriens appellent, par la voix de son ministre Gallego, présent à Paris, appelait le Socialisme du "buen vivir" et son contrat écologique. Pour cela, rappelait-il, leur Président Rafael Correa a d'abord fait modifier la Constitution du pays pour s'affranchir des dépendances financières extérieures qui brideraient tout projet de ce genre, comme le feraient ici les Traités européens. Puis il montré par le menu comment les moyens de productions agricoles ont été modifiés, comme tout cela a procédé, quelles lois ont contraint même les banques privées à participer au financement d'un RSA local, etc.

Comment doit être appelé la doctrine à laquelle se réfère le Parti de Gauche ? Néo-communisme comme le décrie nos adversaires ? Socialisme de gauche ? Ecoscialisme?  Ce dernier concept d'Ecosocialisme avait une histoire.
En 1974, déjà la déclaration de Cocoyoc débattait de « l'utilisation des ressources, de l'environnement et des stratégies de développement ». Puis Joël de Rosnay employait dès 1975 le terme d'écosocialisme pour décrire « une convergence des grandes politiques économiques et sociétales vers la protection de l'environnement ».


Plus récemment, Michaël Löwy co-écrivait ainsi avec Joel Kovel en 2001 le premier «Manifeste écosocialiste international», qui servira de référence au «Réseau écosocialiste international» fondé à Paris en octobre 2007. Puis, lors du forum social mondial de Bélem en 2009, est rédigée la «Déclaration écosocialiste de Bélem». C'est donc bien dans la volonté de se rapprocher un peu plus encore des révolutions citoyennes qui ont eu lieu, ou qui sont en train de se réaliser, en Amérique du Sud l'ancrage du Parti de Gauche que président Martine Billard et Jean-Luc Mélenchon. 

L'ordre commercial du libre-échange, carcan juridique et arme de destruction massive de l'environnement, doit être aboli dans sa forme dictatoriale qui pratique un internationalisme de mauvais aloi depuis plus de quarante ans. Il ne s'agit pas de se refermer sur soi. On peut continuer l'ouverture entre les nations mais coopérative, mais sur la base d'une autonomie retrouvée, alimentaire, financière etc. Ce paradigme nouveau structurera les futurs programmes de gouvernement écosocialiste alternatif qui piloteront des Economies solidaires. Cela nécessitera bien sûr, non sans une transition laborieuse, une conversion écologique et sociale nationale de nos moyens de production, en trouvant les outils pour le faire ou les fabriquer. Loin du maketing qui vendrait un rêve, ce projet vend plutôt un défi.

Cette transition ne pourra se faire que sur un long terme, en orientant les capitaux de façon stratégique. Cela est présenté comme un vrai projet de politique concrète, qui n'a rien à voir avec un quelconque gauchisme car ce projet ne peut se réaliser qu'en changeant le cadre constitutionnel et juridique. C'est donc bien un projet ambitieux de gouvernement, tel qu'on peut en voir les prémisses en Amérique du Sud. L'avantage sur les autres utopies, c'est que celle-ci est en cours de réalisation, et offre son expérience à une Europe désormais en retard sur le monde.  

Voilà qui devrait donner des idées aux autres organisations de gauche, dans tous les pays où notre Europe s'englue.  

Celle qu'on appelait la gauche du non, la gauche indignée, la gauche de la gauche, se verrait bien en la gauche éclairante du XXI° siècle, qu'on appellera alors peut-être au XXII° siècle, "... des Lumières".














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