En
2005, nous partîmes libres, en êtres librement informés, mais par un
prompt renfort nous nous vîmes entourés de cerbères en arrivant au port.
En 2012, ils réitèrent leur tour de garde, car ceux-ci ne s’avouent
jamais vaincus ; ça tombe bien, le peuple non plus.
Regardez cette photo publiée sur France-soir : simple photo où l'ordre de la disposition est significative.
Avant, avec Le Pen il y avait un épouvantail. Maintenant avec Sarkozy, ça en fait deux. Je viens de croiser un garçon qui fait dans le diamant et qui m'a dit : au premier tour, je vote Hollande parce que j'ai peur d'avoir Sarko. Mais au second tour, si Mélenchon y est, je vote pour lui... (!...)
Si ce blog porte ce nom c'est que je souhaite parler de ce mal qu'est l'indécision. Comme l'Âne de Buridan, à hésiter entre le boire et le manger on finit par mourir de faim et de soif. L'indécis, au bord de s'abstenir par indécision n'a pas à être blâmé, mais à être compris dans le contexte de défiance nourri à l'encontre des medias. On n'est plus en 1970.
Avant, avec Le Pen il y avait un épouvantail. Maintenant avec Sarkozy, ça en fait deux. Je viens de croiser un garçon qui fait dans le diamant et qui m'a dit : au premier tour, je vote Hollande parce que j'ai peur d'avoir Sarko. Mais au second tour, si Mélenchon y est, je vote pour lui... (!...)
Le vote dit "utile" est un vote épouvantail
Si ce blog porte ce nom c'est que je souhaite parler de ce mal qu'est l'indécision. Comme l'Âne de Buridan, à hésiter entre le boire et le manger on finit par mourir de faim et de soif. L'indécis, au bord de s'abstenir par indécision n'a pas à être blâmé, mais à être compris dans le contexte de défiance nourri à l'encontre des medias. On n'est plus en 1970.
Malgré
ses efforts pour se positionner, le citoyen finit par se retirer ; mais
serait-ce pour contempler ? Ou une façon de ne pas être victime de l'abrutissement de la
rumeur ? Je n'entends pas l'abstention électorale comme un
attitude murie, mais au pire comme une soumission ; au mieux un
éblouissement, qui n'aveugle pas mais affecte un temps la vision, hélas.
Je
serai heureux dimanche prochain si l'on me dit, quels que soient les
résultats des uns et des autres, que les électeurs sont venus en masse
pour voter ; ce droit n'est pas acquis partout dans le monde.
Notre
époque fait face à une déferlante de sondages d'intention de vote. A ce
rythme soutenu de cinq sondages par jour, cela n'est plus de
l'information : c'est du matraquage, donc de la manipulation mentale de masse.
Face
à la déferlante de chiffres, notations, sondages, des milliers de fois
répétés, instituant une situation de fait, acquise pour sûre, l'instinct
humain grégaire se rallie au reste de la troupe qu'on nous montre comme
celle majoritaire. De la prédiction aux visées auto-réalisatrices, ou plutôt dé-réalisatrices de toute velléité de rébellion, le bon sens commun, ce rafiot malmené, contre tous ces vents et toutes ces marées tout de même s'exprime. Et
si d'aventure, par on ne sait quelle folie, le résultat envisagé comme
seul possible devait être différent, alors ce serait "une surprise" !
Or, qualifier
un résultat de "surprise", c'est en nier l'expression même et la force
de loi. C'est minimiser la réflexion qui l'a amenée ou les peurs qui
l'ont engendré. Faire fi du murissement d'une opinion collective. Les
commentaires désobligeants suivent ou même précèdent l'expression
démocratique. On l'a vu assez en mai 2005 : le 28, les Français étaient très raisonnables ; le 30, c'était des ânes.
Donc chiffres, montages, et commentaires
Nous
sommes bien sur-informés, aussi bien désinformés, et faisons face le
plus consciemment possible (mais c'est dur) à l'hystérie de la
prédiction. Le monde gouverné par notre cher capitalisme
global totalitaire soumet les Hommes, à défaut de gouverner vraiment, à
l'instabilité d'une mer sans cesse agitée de mouvements. Ces mouvement
sont analysés, décortiqués, et surtout quantifiés.
On en vient à naviguer à courte vue et nous trouvons sans cesse
contraints à sous-peser les risques. On convoque des modèles
statistiques au secours de l'incertitude, grande ennemie des marchés financiers. Ces phobiques ont besoin de confiance. Le maître du gouvernant étant
le chiffre, il lui faut recourir en permanence aux évaluations, quelles
soient sondagières de l'opinion, quelles soient de notation financière.
Et
puis le chiffre est bien pratique, il a une force qui fait peur. Au mieux, il organise
verticalement les choses et s'affranchit de la complexité. Le chiffre renseigne les
vrais puissants et les soi-disant sachants, sur leurs boueés de sauvetage
installées, sur les pertes, sur les gains, sur la hauteur du risque. De telle sorte et si souvent que
le citoyen se noie dans cette océan de quantités. Il renseigne seulement
et a posteriori ceux qui les utilisent sur les effets d'effroi ou
d'adhésion recherchés. Telle "menace" deux jours avant le premier tour en Une de Libé, ramène combien de
points dans le giron du favori ? Sondons pour le savoir.
Voilà ! On ne vit plus qu'avec son cerveau droit, celui du calcul, le gauche plus émotif est manipulé. La partie créative est maltraitée, déconsidérée.
Voilà ! On ne vit plus qu'avec son cerveau droit, celui du calcul, le gauche plus émotif est manipulé. La partie créative est maltraitée, déconsidérée.
Ainsi cette année 2012 vit un record s'établir, celui de la plus longue prédiction électorale jamais enregistrée. Depuis 7 mois, tous les soirs sur quelque chaîne que l'on regarde, on nous présente un panneau établissant un duel électoral entre deux candidats, alors qu'il y en huit autres. Ces deux candidats demeurent en opposition tout au long du processus de campagne, dans une pure prédiction à visée performative, ignorant par avance tout des évolutions de la campagne au jour du premier tour de scrutin. C'est d'une arrogance éhontée.
La disparition éventuelle de l'un des deux favoris (comme au tiercé) le fait chuter d'autant plus haut. L'on se souvient que cette situation avait fait quitter la vie politique à un Premier ministre. L'opprobre a remplacé le fair-play.
Le résultat, nest-ce pas décourageant pour la démocratie, nous est donné à l'avance, et martelé comme acquis, même dans les pires situations de volatilité économique, politique, institutionnelle, et même peut-être a fortiori ; et ce avec une exactitude qui confine au ridicule et à l'insulte.
Les officines de production de l'opinion sont bien évidemment de parti pris. Il n'est qu'à se reporter à la note du Vénézuela en matière de capacité de remboursement d'une éventuelle dette publique. Ce pays adhère à la Banque du Sud, premier défaut ; ensuite il est d'économie socialiste, second défaut ; mais il possède 25 % des réserves mondiales de pétrole lourd. Il est noté AAA me direz-vous. Non, de BB-, il vient d'être rétrogradé à B+... la justification ? Le Crisis Group estime préoccupante la "rhétorique incendiaire du président Hugo Chavez". On voit à quoi ça tient.
L'opinion est matraquée comme une viande qu'on attendrit avant de la cuire tout à fait.
On court-circuite un peu plus encore l'attention ou la critique du citoyen en lui parlant non plus de la légitimité de la place de ces deux favoris, mais de l'écart entre les deux. L'écart, ah, voilà une belle affaire. Encore un chiffre pour les réinstituer un peu plus profondément dans la légitimité fabriquée. Et dans les méandres de chiffres se perd la nature des programmes. qu'un Président sortant ne soit pas au second tour n'a rien d'inéluctable, c'est le jeu, pourquoi faudrait-il que ce soit une "surprise", voire un tremblement de terre. Ce ne serait que le résultat d'une sanction démocratique, un mouvement collectif légitime. Loin d'être une catatstrophe, ce serait même un signe de bonne santé de la république.
Alors comment blâmer l'électeur qui s'abstient ?
Sauf à s'apercevoir que souvent celui-là est pauvre, victime du monde du travail comme il est, du chômage, et prisonnier de sa banque où il fait crédit. En ne votant pas, il ne soutient pas les intérêts de la classe sociale où il pourrit. Il laisse les autre voter pour lui. Sauf à s'apercevoir qu'on est dans un moment où une chance historique se présente et qu'il faut la saisir. Bientôt, la désespérance remplacera bientôt la volonté politique.
Si l'un d'eux s'apprêtait hier soir à voter Mélenchon, par exemple, et qu'il a vu son meeting en différé sur LCI, il n'aura entendu que le produit du montage que cette chaîne a fabriqué. Un ersatz de tribune où seuls les bons mots du candidat ont été passés. Ceux qu'on utilise pour faire rire le public. Son contenu découpé, aseptisé, digéré, réduit aux vingt minutes de pure forme, et surtout les moins politiques, sera commenté. Le montage de LCI atteignit des sommets de vice. Exemple : "Le feu a pris à la plaine et leur grille les fesses" a été préféré à "...ce sera alors la victoire de l'individu qui se domine et choisit à tout moment son humanité ." C'est beaucoup moins flatteur et ça en dit moins sur les valeurs que véhicule le candidat, ça prête plus le flanc, comme la pute à son client, à la caricature à venir.
Notation avant, réduction pendant, et digestion. En attendant la défécation
Les outils de destruction massive de la démocratie que sont des medias utilisés par un pouvoir autoritaire nous montre à quel point, lorsqu'il y a un mouvement populaire d'un intérêt non conforme à ses valeurs, ils font caca dans leur froc.
Résistons et votons, que faire d'autre ?
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chez Bruno Leprince : Souriez, vous êtes sondés.
Acrimed : combien valent les médiacrates ? (avec vidéo)
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