mardi 25 janvier 2011

Privilégiés vous disiez ?


Je tombe sur une étude réalisée en 2004, et passée sous silence concernant la précarité dans les métiers de la culture. 
Plus précisément des sociologues missionnés par Le Ministère de la Culture ont interrogé un échantillon de 643 comédiens  exclusivement issus des Ecoles Nationales Supérieures d’Art Dramatique, titulaires du DNSPC (niveau II, Master).


Ils sont 55% à déclarer moins de 1250 €/mois






Et ceux-là sont bien lotis !
  • car ils sont 23% à déclarer moins de 625 €/mois (!) autant dire les minimas sociaux pour ces travailleurs intellectuels de haut niveau qui remettent leur métier tous les jours sur la table


  • Le salaire médian français est atteint pour seulement 22 % d’entre eux (2000 €/mois).


  • 2,5 % n’a aucun revenu...


  • 3 % seulement déclarent plus de 3125 €/mois, un salaire de cadre moyen.


Sont pris en compte les revenus des prestations d’assurance chômage. Ces chiffres ajoutent la pauvreté des revenus artistiques à la précarité que je décris dans mon pamhlet (à paraître*) sur le gâchis monumental à l'œuvre dans le monde du spectacle. 
Ces chiffres sont bas, et pourtant l’étude inclut les comédiens installés en Ile-de-France qui ont accès à des revenus supérieurs par la proximité de l’audio-visuel, pub, ciné, synchro. C’est dire si la moyenne des revenus est basse partout sur le territoire, épouvantablement basse.
Cette étude s’inscrit dans la suite des études précédentes où la faiblesse des revenus apparaît pour la majorité des comédiens. Mais celle-ci a la vertu d’indiquer les revenus des artistes issus de ces Ecoles supérieures agrées par l’Etat après 1994, et par la précision de l’échantillon sondé, montre que cette précarité touche aussi ceux dont on aurait pu croire qu’ils sont des privilégiés de la culture, une élite. Et bien voilà l'élite. 
Mon expérience menée auprès des chanteurs lyriques solistes** montrerait qu’ils subissent les mêmes difficultés, avec, pardonnez-moi amis acteurs, une préparation et une formation plus longue et encore plus exigeante, une fragilité intrinsèque à l’instrument, une concurrence européenne et même mondiale totale due aux langues indifféremment utilisées.
Sur le plan du niveau de vie, l’enquête montre que 81% d’entre eux sont locataires, que 52% ont un père en activité qui exerce une profession intellectuelle supérieure, dont la moitié ont une mère dans ce cas. Pour 60% d’entre eux leur maman est employée de profession intermédiaire. Cerise sur le gâteau, 49% déclarent occuper un emploi non-rémunéré dans le spectacle vivant. Voilà ce qui valait pour la France entière et pour le début du XXI° siècle.

Cela revient à dire que ces études là, si enthousiamantes soient-elles, sont couronnées par la perspective de gagner moins que le SMIC. De rester locataire, ne rien transmettre à ses enfants que sa précarité, et vivre au milieu des vagues, avec des hauts quelquefois, et des bas dont les creux ressemblent aux houles des avis de gros temps qui menacent de vous emporter sur le pont.

A quand un gouvernement qui en finisse avec la précarité dans les métiers de la culture ?
** Le Parlement des Artistes
* je cherche un éditeur, j'ai bien une piste mais si vous avez une, contactez-moi. merci.

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