jeudi 13 janvier 2011

EPR de Flamanville, ma lettre au Député Claude Gatignol


M. Claude GATIGNOL
Député
Assemblée Nationale
de la République Française
126 rue de l'Université
75355 Paris 07 SP
Paris, le 13 janvier 2011
Cher Monsieur le Député,
Je me permets de vous interpeller en tant que simple citoyen sur la situation révélée sur une station de radio en votre présence par M. Jacques Tord, Délégué spécial de la C.G.T sur le site de construction de l’EPR de Flamanville, dont vous êtes le Député de circonscription.
Je vous avoue être assez inquiet de la façon dont les opérations de construction semblent menées, quant au respect du Code du travail et sur le plan des conditions d'emploi mêmes des salariés de ce chantier.
Si les allégations du Délégué syndical intervenu hier en direct sur RMC étaient exactes, il serait inadmissible à tout citoyen respectueux de la loi, et a fortiori à un représentant du peuple, d'imaginer un instant que des ouvriers et techniciens, œuvrant à un chantier aussi sensible et complexe qu'une nouvelle centrale nucléaire, ne soient pas correctement traités, ni considérés en regard du Droit du travail français. 
Faut-il rappeler le triste précédent sur ce même chantier du licenciement d'un grutier qualifié en mai 2010 exerçant son droit de retrait face à des manipulations que son expertise jugeait dangereuses ? Que signifie de telles mesures de sanction à l’égard d’employés qui font de leur mieux ?
Il est révoltant à la conscience d'imaginer que l'on fasse pression sur les ouvriers et qu’on leur fasse -de plus- prendre des risques, que de piètres conditions d'existence leur soient offertes, et pire, que certains soient payés à la tâche ou à la tonne, que le Droit de leur pays d'origine s'applique en termes d'horaires, de salariat voire de niveau de rémunération... 
Pis encore, comment pourrait-on comprendre l'absence de réaction d'un Député qui serait à connaissance de pratiques sociales douteuses sur un chantier techniquement supervisé par des instances réputées aussi sérieuses et compétentes que E.D.F ou l'Autorité de Sûreté Nucléaire ?
Dans ces conditions, comment imaginer que le Maître d’œuvre privilégie -comme cela semble être le cas- le critère de 60 mois de délai de livraison d'un tel chantier, à l'exigence, autrement responsable, de qualité d'ouvrage et -in fine- de sécurité générale ?
D’autant plus que cette Centrale, on le sait, est une tête de série dont l’organisation sociale et industrielle conditionnera celle des suivantes : est-ce alors de bon augure ? 
Je ne veux pas croire qu’un chantier public devienne un lieu d’esclavagisme “high-tech” ou de régression du Droit du travail digne du XIX° siècle. Je pense que cela mériterait une sérieuse enquête de l’Inspection du Travail, quand bien même cela dût allonger les délais.
Les allégations du Délégué syndical sont extrêmement fortes mais il est plus inquiétant encore de ne pas vous avoir entendu réagir.
Ce chantier de Flamanville, emblématique de l'entêtement de l'Etat à opter pour des projets énergétiques nucléaires, offre aujourd’hui une claire image de son peu de souci pour la sécurité publique à long terme et pire, du bien faible souci des conditions humaines de réalisation d’un chantier hautement sensible.
Je vous demanderais enfin de comprendre le ton de ce courrier, car l’avenir de ce site industriel particulier est en définitive l'affaire de tous. Je me sens parfaitement dans mon rôle de citoyen de me mêler de ce qui me regarde. 
Recevez, Monsieur le Député, l’expression de mes salutations citoyennes.

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