20 h 15, 18 octobre 2010, Place de la République à Paris, un air de 4 août. Déjà une heure que les derniers sont arrivés. Sur les mille personnes qui pressent pour écouter le meeting de Jean-Luc Mélenchon et Martine Billard, deux cents ne pourront rentrer. À l’intérieur, on joue à guichet fermé. Soudain le vent tourne, et il surgit comme un sprinter des starting-blocks. Le gars Mélenchon attendu dedans arrive dehors, au milieu de nous. Il prend place sous les glycines. Je filme. Il flotte une attente perceptible dans les yeux de tous ceux qui ont rejoint la cohorte des manifestants, qui battent le pavé depuis maintenant cinq semaines. Qui a des gosses au lycée, qui est déjà à la retraite, qui est au chômage ou travaille, un peu. Tous se sentent concernés par la vie de ce pays. Qu’est-ce qu’il va dire ?
Sous un néon rouge de bar-tabac, au milieu des grises fumées de clients distraits, les crieurs qui vendaient son denier ouvrage se sont tus. Cet homme ordinaire est venu parler à tous ceux qui n’ont pu rentrer à temps. Un mot pour les oubliés. Ça lui ressemble. On entendra sa voix de la Place de la République dont les murs résonnent aux accents furieux de la saine colère des opprimés.
Jean-Luc Mélenchon prononce alors ses premiers mots, vibrant, ému, le souffle court. Puis très vite, une énergie considérable semble s’emparer de lui. Il rugit.
Notre bateleur national est affuté à la façon d’un Cyrano : “Ils disent “Les secrets du remaniement ?” Moi j’aurais dit les secrets du chambardement !..”.
Digne Artaban, il se fait lyrique : “...l’Europe populaire nous regarde et retient son souffle... ce que nous réclamons c’est la retraite à 60 ans !”
Jean-Luc Mélenchon se mue en Don Quichotte providentiel. Il nous dit que la peur doit changer de camp : “Ce ne sont pas les élites que nous dénonçons, car Nous sommes une élite humaine ; ce sont les ouvriers formés, les techniciens qui font tourner ce pays à la sueur de leur front ! Nous sommes les élites de la patrie républicaine !”. Un sens se fait jour. Toute l’assistance le perçoit. Le verbe l’emporte. L’hommage touche au cœur. Il y avait donc adéquation entre ses actes et ses paroles.
Sur le boulevard des Enfants du Paradis, il y eut à ce moment, à cet endroit, un discours exceptionnel de justesse qui s’est déroulé sous nos yeux. Le message est bien passé. Nous sentons revenir la force qui nous manquait, nous retrouvons l’espoir qu’un monde plus juste est encore possible, et que nous en sommes les vrais, les bons acteurs. Les bouquins encore chauds de l’imprimerie partent comme des petits pains. Le bonimenteur n’a dit que des vérités. “Qu’ils s’en aillent tous !”
©vidéo et textes droits réservées, déposés chez Maître Le Roy.
Qu'ils s'en aillent tous : meeting au théâtre Dejazet
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