vendredi 31 mai 2013

Une Europe aliénée aux Etats-Unis se prépare dans notre dos

Mise-à-jour : http://www.assemblee-nationale.fr/14/propositions/pion1020.asp

François Hollande n'en a pas parlé, mais la France est bientôt lourdement engagée pour des décennies dans ce projet d'un accord entre l'U.E et les U.S.A pour la libéralisation générale du commerce entre les deux ensembles. Et cette fois, ce n'est pas un accord commercial classique mais un véritable marché global intégré et dérégulé qui se prépare dans notre dos.



 
L'initiative (qui s'en étonnera ?) est venue d'Angela Merkel d'accélerer ce projet qui était tapis dans l'ombre. Quel candidat s'en émouvait durant la dernière campagne présidentielle ? M. Hollande, M. Sarkozy, Mme Le Pen ? Non. Il faut rendre grâce à M. Mélenchon qui lui l'a fait, et M. Dupont-Aignan à sa traîne, informés de cet ouvrage de Cherenti et Poncelet.

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Ainsi, le 1er Février 2013 M. Barack Obama s'est entendu avec MM. Barroso et Van Rompuy pour accélérer l'extension du TTIP (Accords de libre échange transatlantique en anglais).

Pourquoi n'y a-t-il pas de débats nationaux organisés sur cette question majeure ? Parce que dans les Traités qui font fonctionner l'Europe, la Commission européenne a une compétence exclusive sur les accords commerciaux, donc pas de débat ! Ce sera une fois de plus une marche forcée menée dans notre maison de redressement Bruxelloise. Ce sera une fois de plus des menottes en plastique que nous consentirons à porter.

Comme le dit très bien Laurent Mafféis ci-dessous (directeur de la collection "Politique à gauche" aux éditions Bruno Leprince) ce sera l'Union Européenne en pire, avec moins de capacité normative, plus d'exposition à la concurrence commerciale des produits U.S et en premier lieu, du Dollar, qui profitera de son avantage compétitif avec l'Euro... heures sombres pour le chômage en perspective. 

Avec le risque de délocalisation vers les U.S.A, les citoyens des divers pays d'europe verront assez vite les conséquences sur leur vie quotidienne. Notre chère Exception culturelle et les dispositifs d'aides publiques à la création seront menacés pour bien sûr ne pas faire d'ombre aux productions U.S, mais aussi l'industrie classique, l'agriculture intensive et même les marchés financiers, plus liés que jamais à l'agressivité des "Colony capital" et autres mastodontes de la Finance privée.
 
Aux U.S, les normes environnementales sont moins élaborées qu'en Europe, il faudra donc encore s'aligner sur le moins-disant : Bœuf aux hormones, volailles lavées au chlore, forage pour les gaz de schiste, intrants chimiques etc...

La seule gloire à mettre au compte de la Commision europeéenne va fondre dans l'encre des signatures
C'est toute la chaîne de la qualité écologique alimentaire qui en fera les frais? Ironie de l'histoire, au travers les normes environnementales (ISO 9001 etc.) cette volonté transnationale et consensuelle est bien la grande vitrine politique de l'Europe. Vitrine positive dont Europe-Ecologie-les Verts fait des gorges chaudes, et sur la base desquelles les autres divers partis écolo-européistes ont été fondés ! Après 2015, les U.S.A demanderont l'ouverture de forages en Europe ou de construction de centrales nucléaires U.S au nom de la libre ouverture des marchés, et nous ne pourrons nous y opposer...

Comme toujours, la logique néo-libérale reviendra à la baisse sur ces normes sacrifiées sur l'autel de la libre concurrence. Les droits de douane étant globalement moins élevées pour les importations U.S qu'elle ne le sont aux Etats-Unis pour nos produits, cet accord se fera unilatéralement en leur faveur. Sinon, les américains sont pragmatiques, ils ne le feraient pas...

Menottes en plastique

L'enjeu stratégique est aussi pour les Américains du nord de prendre de vitesse le déclin de leur influence dans le monde, en s'aliénant économiquement l'Europe contre le bloc des pays émergents et en particulier la Chine, disons-le clairement. La France, elle, après son intégration par M. Sarkozy dans le Commandement intégré de l'OTAN, n'aura décidément plus aucune marge de manœuvre militaire, de crédibilité diplomatique, ni de pouvoir de négociation dans ses intérêts commerciaux ou industriels (si tant est qu'elle en ait encore). Autant désarmer tout de suite, et cesser d'entretenir à grands frais notre arsenal nucléaire. Ne sommes-nous pas en temps de crise ? Allons, voyons...

Ce n'est pas un mince affaire pour les Etats-Unis. Leur perte d'influence mondiale est bien réelle. Souvenons-nous qu'au lendemain des premiers bombardements d'Israël sur la Syrie M. Nethanyaou a dû se rendre à Pékin, et non plus à Washington. Signe des temps.

L'enjeu pour la Gauche est d'attirer l'attention des Français sur ces véritables coups d'Etat permanents qui se jouent loin des medias et des débats démocratiques. 

Il faut d'ores et déjà annoncer un débat national et international au moins aussi important -et dans sa continuité- de ce que nous avancions déjà en 2005 lorsque le Front de Gauche était encore épars mais où toute la Gauche, en passant par la base des militants du P.S, était unie contre le Traité Constitutionnel Européen.

M. Laurent Mafféis, source ce billet, expose cela remarquablement 
dans une vidéo très synthétique


Plus de précisions le site Parti de Gauche 

Théorie du tout : http://www.theorie-du-tout.fr/2010/08/billet-chroniques-transatlantiques-4.html

Réactions sur Agoravox à cet article : 

Par Pierre Régnier (---.---.---.147) 2 juin 08:20 Pierre Régnier


Cet article est bien intentionné mais son titre est très mauvais. Comme souvent quand on s’est trompé, on masque ici son erreur dans une présentation incomplète. La soumission économique et politique de l’Europe aux USA est bien réelle mais elle ne se « prépare » pas, elle s’aggrave, et cela ne se fait nullement "dans notre dos".

C’est depuis des décennies que les Gauches européennes, ayant abandonné tout projet de transformation socialiste de leurs pays et du monde, se sont alignées sur les exigences américaines d’accorder très officiellement la conduite de l’économie planétaire au marché.

La soumission de tous aux lois de marché est explicite dans les accords de Maastricht et, même s’il l’a regretté par la suite, Jean-Luc Mélenchon l’a voté.

Pour redresser une situation dramatique - et celle qui est ici mise en lumière l’est bel et bien - il vaut toujours mieux reconnaître les erreurs historiques commises, y compris les siennes propres, plutôt que d’accepter la déformation dans la présentation de la réalité. Laissons cela aux journalistes tricheurs et normalisateurs des « grands » médias. Ceux-ci sont aujourd’hui très majoritairement « de gauche » mais ils en sont une bonne image réelle : avides de pouvoir personnel, néo-conformistes et même négationnistes en de nombreux domaines de la plus haute importance.

Ce qui s’aggrave c’est la poursuite de la politique très cohérente des Droites françaises et européennes renforcées par la trahison - ou, pour être conciliant  : l’aveuglement - des Gauches françaises et européennes.



votes : 5
Par Christoff_M (---.---.---.96) 2 juin 00:43
Christoff_M
Une Europe au service de la finance anglo saxonne se fait depuis longtemps ce n’est pas nouveau !!
De Gaulle avait mis engarde sur les dangers qui nous guettaient dans des alliances avec des anglo saxons qui ont toujours été de faux frères dans l’histoire de ce continent !

Franchement ne pas voir que l’Euro brillant produit marketing de financiers aux belles paroles douteuses style Minc ou Attali... était une vaste fumisterie de banquiers et de rentiers !!!
Notre franc était fort, nous exportions dix fois mieux que maintenant, nous n’étions pas endettés, le chomage était deux fois moins important avant cette obsession d’intellos de faire une monnaie au niveau du dollar... une monnaie pas dévaluée qui paralyse notre pays et detruit notre production industrielle depuis des années... qui ne nous permet aucune marge de manoeuvre...
Quand j’ai vu le coup de bambous sur les prix au passage du franc à l’euro aubaine pour tous les nantis et les spéculateurs de ce pays... ne parlons pas des grandes surfaces important moins cher ailleurs en nous faisant payer plus cher dans notre pays un produit moins bon !
Si vous n’avez pas vu venir ce montage et cette aubaine pour les nantis et tous ces grands groupes qui ont en plus delocalisé leur production tout en se faisant plus de marges c’est que vous etes vraiment naifs ou aveugles !

Comme beaucoup de gens qui ont cru aux discours mirifiques d’escrocs au service de cette Europe de la finance des beaux pays sans frontières (ce qui veut dire libéralisme sauvage et mise en concurrence avec des gens qui gagnent moins de trois cent euros par mois et des pays subventionné grassement par la banque européenne ou le FMI ce qui est du dumping a peine déguisé !)...

Ah, les belles promesses des stratèges et grands cerveaux de l’Europe des banques ! Travail prospérité et autres blablas fumants ! Ce serait plutot une guerre économique sanglante avec des banquiers et des financiers haut placés qui faussent tous les jours les cartes tout en spéculant sur la mort ou la chute d’une société d’une ville d’un état ou de particuliers impliqués dans ce jeu de poker menteur sans frontières bien délimitées avec des activités douteuses ou des détournements d’argent placés dans ce qu’on appelle des paradis fiscaux...

Les charmants argentiers de l’Europe actuelle ne font rien pour lutter réellement contre ces paradis sachant que cela ruine certains états européens !!! nous sommes bien loin du sérieux de la transparence et de l’honnêteté ( avec des brigades financières réelles avec des moyens) nécessaires pour créer une Europe digne de ce nom et pas un montage pour favoriser tous les spéculateurs et mafieux financiers de cette planète !!!

jeudi 16 mai 2013

Mélenchon-bashing

Depuis la dernière élection présidentielle, c'est la douche écossaise à chaque apparition de M. Jean-Luc Mélenchon. Alors qu’on lui connaît une diatribe assez enlevée dont les media télévisés se repaissent, on tire à boulets rouges sur le Porte-parole du Front de Gauche, c’est devenu un sport national chez les journalistes-vedettes depuis que M. Hollande est devenu Président. 

Il est de bon ton de critiquer sans argumenter le porte-parole du Front de Gauche, car il faut ménager le pouvoir en place : à défaut de trouver des qualités à la présidence actuelle, il est autrement plus aisé de faire diversion sur la personne de M. Mélenchon. Les dits observateurs placent les traits de sa personnalité devant sa philosophie politique, manière détournée de consacrer du temps d’antenne à la forme plutôt qu’au fond ; ou mieux, ne pas avoir à en parler.

En exemple parfait, l’émission en direct de France 2 "Des Paroles et des Actes" dont le niveau s’est abaissé le 25 avril 2013, au ring de boxe. On a pu apprécier le choix de la rédaction de faire fondre le temps d’antenne du Front de Gauche en considérations mineures, traits d’humour, calembours, invectives, bons mots... billevesées servies jusque 21.30, heure où le salarié et le petit patron commencent à ne plus tenir éveillés. Dommage, car la suite allait les concerner. 

Puis, pour ceux qui auraient eu le toupet de regarder l’émission jusque-là, le coup de grâce soporifique vint à la fin de vingt minutes exceptionnelles de densité politique M. Jacques Qui-a-toujours-raison,  bien en phase avec l’ambiance de propagande anti-sociale, tel un sniper en mission commando sort sa ridicule “...vous préparez la Corée du Nord”, avant de s’enfuir du plateau. Voilà pour la dramaturgie. 

à partir de 1.29'50" 
(mais le reste de l'émission est intéressant à analyser, ce qu'a brillament fait M. Antoine Léaumont ici sur son blog)

Tiens, c’est drôle, peu voire pas de dirigeants du" Parti dit socialiste” pour s'indigner devant une telle attaque ad hominem, devant une telle insulte faite à la Gauche Socialiste (à gauche du P.S) qui n’a apporté que seulement 4 millions de voix à la dernière Présidentielle, voix bien nécessaires à ceux qui les insultent aujourd’hui de mauvaise foi. 


Tiens, c’est drôle, c’est mot-pour-mot ce qu’avait balancé Alain Madelin dans le dos de Frédéric Lordon sur un plateau où tout le monde -même lui- était époustouflé par son exposé chez Taddei voici un an et demi :



http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=78MporHZZzg#t=3286s


Ainsi, l’exemple de Elisabeth Lévy sur le forum de Yahoo.fr est suffisamment caricatural pour offrir un point d’appui à mon propos.

Verbatim d'Elisabeth Lévy

"Si je le prenais au sérieux je serais très inquiète. 
Mélenchon, je l'ai croisé, n'a pas l'excuse ni d'être sot ni d'être inculte... donc il devra assumer " 
commence-t-elle.  

"Il y a quelque chose qui me fait peur... 
Ils n'ont pas de couteau entre les dents mais
la moyenne d'âge de la manif était relativement élevée...
Eva Joly, -un peu moins Pierre Laurent - 
Mélenchon, ils ont une conception de la politique 
comme la dénonciation des coupables (...)
Toute leur verve est mise au service de ça ! (...)
On commence par dénoncer les  fraudeurs, 
et à l'arrivée, tout riche est un ennemi du peuple"

Ce ne sont pas des "salopards" qui ont contribué à mettre ce système en place, ce sont des gens ,y compris nous, qui voulaient acheter des écrans plats à deux euros 
et avoir leurs usines en France..."

Nul besoin dans ces colonnes de dénoncer l'inanité de ces propos. Remplaçons le mot "riche" par le mot "juif" et on voit qu'il y a des spectres bien facile à convoquer lorsqu'on n'a aucun argument authentique à opposer.

M. Joseph Macé-Scarron lui, (à partir de 3'47") en observateur de la vie démocratique de ce pays endormi, fait remarquer que en revanche les propositions de Marine Le Pen sont, elles, passées au peigne fin sur les plateaux lors de débats d’apothicaires sur les feuilles de papier à cigarette qui la démarqueraient d’avec son père, alors que rien ou presque n’est consacré par les mêmes media aux propositions politiques concrètes du Front de Gauche, incarnées et popularisées par le si terrible M. Mélenchon. 

Merci, ça fait un journaliste qui essaie d'être un peu objectif ; au moins fait-il son travail, car n'est-ce pas le b-a-ba de leur serment ?

Une telle généralisation est bien dommage, car la diversité des points de vue au sein du Front de Gauche entre Trotskystes, Communistes identitaires, Alternatifs libertaires, Anarcho-syndicalistes, Socialistes républicains, Pédagogistes, Ecologistes néo-ruraux, Révolutionnaires anti-capitalistes et autres, ne manque pas. Pour un politologue ou un journaliste politique, le Front de Gauche c’est un Père-Noël suffisamment généreux pour nourrir la chronique, pour donner assez de grain à moudre et pour des années, tant pour disqualifier à leur guise le Front de Gauche que pour apporter un éclairage pédagogique aux téléspectateurs.

Mais je ne me souviens pas non plus qu’on ait eu autant de temps d’antenne à perdre avec d’autres invités, Manuel Valls ou Jean-François Copé.... 

Je me souviens bien en revanche qu’il fut un temps où les journalistes, lassés eux-mêmes de diaboliser J-M Le Pen et le repeindre en nazi, avaient décidé sous l’impulsion de Ivan Levaï, de ne plus lui ouvrir l’antenne (Le Monde, 1986). Or, ils savent aujourd'hui que cette tactique médiatique de l’étouffement n’a pas donné les résultats escomptés, rendant l’image du baillon finalement populaire.

Ce phénomène de dépréciation, de Mélenchon-bashing, comme on dit dans la langue des puissants communicants touche bien sa personne et uniquement. Cette façon dont les médias s'approprient la critique politique aujourd'hui, lorsqu'elle n'abonde pas dans le sens des intérêts soi-disant supérieurs des grands groupes d'investissement media, est une donnée à prendre en compte lorsqu'on apparaît à l'écran. J'en avais moi-même fait les frais, même si je ne leur avais laissé aucune chance (sur le plateau de LCP en Avril 2012, revoir séquence)

Peut-être ces mass-media ne sont-ils pas inquiets de la rélle volonté de Pierre Laurent d'exercer le pouvoir (mais peut-être se trompent-ils, que sais-je ?). Je ne me souviens pas avoir entendu quoique ce soit d'odieux concernant le Premier Secrétaire du Parti Communiste Français par exemple, (Elisabeth Lévy en fait une exception dans sa présentation loufoque, mais comme c'est loufoque...) dont le programme serait grosso modo identique aux propositions du candidat Mélenchon s'il était élu, car le PCF est lié au Front de Gauche, et se manifeste d’ailleurs assez bruyamment en tant que parti identifié lors des différentes manifestations unitaires ou meetings du Front de Gauche. (je pense à la profusion de drapeaux PCF qui ont dû faire penser un instant que M. Mélenchon était le candidat du seul Parti Communiste, au mépris total, il faut bien le dire, des sept autres organisations politiques qui avaient choisi Mélenchon comme Candidat à l’élection présidentielle et qui se tenaient plus discrètes, disons moins folkloriques).

N’en déplaisent à tous ceux qui sont en mal de tourisme asiatique, ni Jean-Luc Mélenchon, ni Pierre Laurent, ni François Bayrou, ni encore Jean-Louis Borloo ne sont des “hommes seuls”, comme le dit en estoc un certain Jérôme Cahuzac à la toute fin du débat qu’il accepta de livrer en début d’année... 

Les vidéos du Front de Gauche sont compilées sur cette page Dailymotion

mercredi 24 avril 2013

Enfin le Printemps !

Christiane Taubira, Ministre de la Justice, porteuse du projet de la loi dite du Mariage pour tous

Tu parles d'un Printemps ! À peine les premières gueules-de-loup étaient-elles écloses que par centaines de milliers des familles montaient vers la capitale donner à la France son visage le plus mufle et le plus régressif (on appelle aussi ces fleurs des mufliers...).
Au nom d'un certain ordre moral, établi pour une grande part au Vatican, il aurait fallu que les progrès sociétaux acquis dans d'autres pays n'eussent pas lieu en France. Ouf !

Voilà qui aurait eu de quoi démystifier une bonne fois ce pays, encore auréolé de "Pays des Droits de l'Homme".


Pierre et Gilles, le martyr de Saint Sébastien


Très comme il faut, combien de dames chaussées et de messieurs cravatés sont venus nous expliquer pacifiquement que la possibilité administrative donnée à un couple de même sexe de se marier et donc d'adopter était primo contre-nature (mais la nature légifère-t-elle ?) et secondo de nature à faire trembler sur ses fondements chrétiens notre contrat social ?

Or, l'adoption est un des actes les plus beaux, car le plus désintéressé qui soit ; plus fondé et souvent plus motivé à se réaliser que l'ordinaire parentalité du fruit des corps. A-t-on parlé des enfants abandonnés dans ce débat d'outre-tombe et mortifère sur les conséquences d'un droit positif supplémentaire ? Je n'ai pas lu une ligne. 

On ne peut dénier à  la droite une certaine cohérence  : autrefois contre le divorce, puis contre la reconnaissance des enfants dits « adultérins », même contre la pilule, surtout contre l'IVG, et naguère contre le PACS. Aujourd'hui elle est contre le mariage pour tous. Dans cinq ou dix ans, elle dira, une fois de plus, Ah.. on s'est trompés, finalement, il n'y a pas de problème. Comme à chaque fois, le droite lutte pour de faux sujets ou des sujets de diversion. Et il y a sujet à planquer sous le tapis les affaires en cours, Woerth, Sarkozy, Lagarde... la droite aussi est servie.

Comme j'aimerais voir la droite et la gauche ensemble dans la rue le 5 mai 2013, demander la convocation d'une Constituante. Mais fi ! Ils reviendront le même jour, hors-sujet, braqués sur leurs antiennes obsolètes et non avenues.

Bien sûr, d'aucuns, des plus libéraux, redoutent une situation à la Elton John. Que des femmes puissent se prêter à la marchandisation de leur ventre a lieu d'effrayer touts les humanistes, et j'en suis. Mais tous n'ont pas fait montre d'autant de nuance dans leurs positions.

Il est même pour m'expliquer qu'il y a un danger à l'adoption d'enfants par un couple homosexuel "ce qui'ls veulent, c'est de la viande frâiche..." ai-je entendu de la bouche d'un habitué des homélies en latin de St Nicolas du Chardonnay. Le même se disant effondré par les affaires de pédophilie de ... son Eglise ! Quiad balayam davantum sus portis...

Que n'avons-nous entendu ? Trente-deux ans après l'abrogation de la pénalisation de l'homosexualité, il subsiste une part non négligeable de citoyens, catholiques, de droite et assez âgés, sinon assez séniles pour confondre criminalité et sexualité. Bonjour jeunesse.

Mais le plus déprimant encore, pour nous autre gens de gauche philosophiquement libéraux (car cette loi du 23 avril 2013 est d'inspiration libérale...)  c'est de voir des factions de jeunes néo-fascisants, à peine sortis des bacs-à-sable de Neuilly, venir porter le fer contre la Police devant l'Assemblée le soir de l'adoption législative. Que n'aurait-on dit de syndicalistes ou de sympathisants de gauche s'ils s'étaient comportés ainsi au soir de l'adoption du texte portant Réforme des retraites, sous Nicolas Sarkozy ?

Mais autant pour moi, j'avais sous-estimé la trop longue contention de leurs frustrations fascistoïdes, et leur colère de se voir emmenés sur le pavé par la froide égérie des grands soirs mondains, cocaïnée et somme toute dépassée, en plus d'être improductive. Comme on les comprend.

Ce que l'on comprend moins c'est que, pour autant parler d'adoption, l'enfance abandonnée a été largement absente des débats et des magazines. Cela fait partie des sujets les moins sexy et sûrement les moins vendeurs de notre temps. L'enfance qui souffre, c'est pas du Pierre et Gilles. Qui montre les dizaines de milliers enfants massacrés en Irak, ou à Alep sous des munitions envoyées, entre autres, par la France ?


Syrie 2013

Il y a plus que des lois qui ont besoin d'être doptées, il y a des enfants qui attendent, assoifés d'affection. Et si j'avais été député j'aurais voté pour à ce projet de loi ne serait-ce que pour ce seul aspect. 

Or, ces défenseurs d'un monde jugulé par les préceptes des barbus, si pleins d'amour pour leur prochain, ont-ils eu une pensée, un mot pour ces milliers d'enfants français (comme ils disent) qui croupissent à la DDASS ? Que ceux-là demain trouvent une famille d'accueil dans une famille aimante, quel progrès, quel sauvetage ! Savent-ils seulement ce que deviennent ces enfants sans amour ? Pour les unes c'est le trottoir, pour les autres, les barreaux, hélas, et pour tous les plaies à vie... Cela n'a pas l'air d'émouvoir la grenouille de bénitier et son bourgeois. D'ailleurs parmi ceux qui brandissent leur drapeau chouan ou ces hors-la-loi qui prient dans rue, n'y en a-t-il aucun qui soit trop respectable pour avoir délaissé un enfant après engrossé sa mère ? Personne bien sûr...


Prière de rue en France en 2013



C'est au défilé des hypocrites qu'il faut ironiquement applaudir et se réjouir que la loi du mariage pour tous soit adoptée. On en a pris la mesure, il y a un plan de redressement éducatif à adopter, une véritable rééducation socialiste qui combatte pied-à-pied ces obscurantismes encore féconds.


Pour info, ONED : Observatoire National de l'Enfance en Danger.

Rapport sur la situation des pupilles de l'Etat au 31 décembre 2011.









mercredi 10 avril 2013

Perdre sa vie à la gagner



L'air que nous respirons est chargé, d'interrogations, d'incertitude.  Fabienne Swatly dans Gagner sa vie décrit le monde qui a basculé sous les Reagan et Thatcher, les années 80, sous forme de journal intime littéraire. Il touche d'abord à l'individu, en le glorifiant pour mieux l'écraser. Comment se construit la révolte de la narratrice, par connaissance de la théorie ? Par la lecture de Marx et Engels ? Même pas. Par la vie comme elle est.

Les terrains de friche seraient les miens : cité du nord, pérégrinations au gré du marché du travail (quel terme ! nous rendons-nous bien compte de ce que nous disons ?). Elle verra que ceux qui prêtent leur temps en actions solidaires ou altruistes ne sont pas souvent payés de retour ; à l'usine, où l'on travaille sous les ordres, là où le temps de son corps est donné à la production, on est réglé par un chèque, et pas par la reconnaissance. 



Ainsi, comme par un fait exprès, le livre de Fabienne Swatly de 2006 fait écho à celui de Samira Sedira de 2013, que je viens de refermer. "Gagner sa vie" versus "L'Odeur des planches". Et tous deux sortent gagnants.
Là aussi nous assistons à un parcours de vie dont l'auteur n'a retenu que ce qu'il y a de meilleur, biographie de ce qui est subi, écrite  tout de même, avec tendresse toujours, de façon touchante souvent, au point qu'on aurait envie de prendre toutes les serveuses, toutes les ouvrières du récit dans les bras. Toutes ces femmes qui gagnent petit, qui gagnent dur. L'écriture de Fabienne Swatly rend amoureux alors qu'elle s'ingénie "trouver les mots qui mettent en colère".


  • "...c'est quoi comme travail, directeur de prison ?"

Le récit nous fait entrer par chapitres dans le monde associatif, commercial, industriel, carcéral. Tout sert en effet à une femme de 40 ans aujourd'hui qui a vécu cinq fois ce que vivaient les femmes du XVIII° siècle. 

La vie de ceux qui n'ont pas de spécialité est horizontale, riche s'ils ont la jeunesse et la santé pour eux, vide s'ils ne l'ont pas. 

L'usine ou Pôle emploi prend aux gens ce qu'aucun salaire ne saurait compenser, le temps du corps. Chair dont le thème traverse le texte de part en part, corps souffrant au travail, corps postés, corps blessés, corps enfermés. Ces corps dont parlait Michel Serres dans cet épisode la Légende des Sciences, comparant les peintres au tournant de la révolution industrielle. La vision du corps est idéalisée aujourd'hui que l'on est passé des âges de la Formation à celui de la Transformation puis à celui de l'Information. 



On aurait donc tendance à oublier ce que F. Swatly nous rappelle ici avec une douce force : tout n'a pas la subtilité de l'octet. Il y a une volonté de dissimulation, le corps est encore le lieu de la souffrance, les bêtes de somme sont toujours là, et pas qu'elles car il y a bien au moment où nous lisons ces lignes des enfants de 5 ans que l'on glisse par les tuyères des méthaniers pour qu'ils en décrassent les hydro-carbures -à six ans ils sont trop gros- au mépris de leur santé respiratoire, sinon de leur enfance tout entière. Roulons, roulons, c'est aussi au prix de l'asservissement d'autres humains et voilà que le piège se referme sur nous. C'est dire si le prix du litre est bien au-delà de ce qu'il paraît. 

Voilà comme on peut lire le roman de Fabienne Swatly "Gagner sa vie" ou perdre sa vie à la gagner. L'économie du roman va crescendo, avec une rigueur discrète qui nous emmène du particulier à l'idéal, du quotidien au manifeste, comme si la narratrice se révoltait au fur et à mesure que le texte avance. C'est à mes yeux la réussite de ce texte. 

Enfin, il faut saluer le beau travail d'édition et d'impression de La fosse aux ours, éditeur rhodanien qui privilégie la découverte de nouveaux talents.

"Gagner sa vie", de Fabienne Swatly
(Coup de talent FNAC, prix Léo Ferré), éd. La fosse aux ours.

jeudi 21 mars 2013

Une totale réfondation du régime d'assurance-chômage du spectacle est nécessaire

Le comédien Samuel Churin a pris de la bouteille et revient plus en forme que dans ses précédentes apparitions. Il se fend d'une vidéo qui tourne dans les milieux artistiques et techniques d'une explication chiffrée concernant la propagande du MEDEF, toujours relayée par des mass-media obéissants, sur le fameux déficit de la Caisse des intermittents. Et aujourd'hui d'un billet publié par Libération. Je l'en félicite.


Comme le dit le CIP-IDF, il n' y a pas de "Caisse des intermittents". Ecoutons-le.






Clair non ? Mais sur les moyens de financer autrement l'assurance-chômage de ces salariés diplômés et compétents, peu de choses.  

Or, il faut avoir à l'esprit quelques ordres de grandeur. En voici un fameux : Sur les 40 métiers du spectacle,

  • 80% des revenus disponibles sont captés par 20% des professionnels.
(source Pierre-Michel Menger devant les députés en octobre 2012. Sociologue Directeur de recherche EHESS)

Chiffre étonnant non ? Ou, pour le dire autrement, les 80% d'entre nous se jetons sur les 20% de miettes restantes. Ce état de faits est corroboré par cette vieille étude de l'EHESS, réalisée en 2004 sur 600 comédiens issus exclusivement des Ecoles Nationales Supérieures d'Art Dramatique :

  • 55% déclarent moins de 1250 €/mois
  • 23% déclarent moins de 625 €/mois.  
  • 22 % seulement atteint le salaire médian français (2000 €/mois). 
  • 3 % + de 3125 €/mois, équivalent à un salaire de cadre moyen (assédic compris).
  • 2,5 % n’ont aucun revenu. 
Le "déficit" de l’Intérim (annexe IV) atteint des sommes plus élevées, mais cela ne gêne ni le MEDEF, ni ceux d’entre les acharnés qui n’y connaissent RIEN.

Or, voici : le secteur culturel a un Produit Intérieur Brut de 80 Milliards €/an (eq. à 4% du PIB national).

Il faudrait donc consacrer 1,8% de cette richesse dégagée (2 milliards €/an) pour assurer tous les intermittents à hauteur de 1000 €/1400 €/mois, quoiqu'il arrive, comme cela se fait en Belgique.

Connaissant ces ordres de grandeur, et sachant que nous sommes très forts pour organiser notre chômage, pourquoi ne sommes-nous pas foutus, syndicats et assemblées citoyennes, économistes et intermittents... d'organiser un système d'assurance-chômage plus solidaire, qui aurait un plancher et un plafond proches ? à moins...

...à moins que les inégalités salariales acceptées de fait et intégrées comme un facteur de compétition naturelle, accélérateur mythique de compétitivité, ne soit la véritable raison à cet empêchement...  

Cette proposition est repoussée par les syndicats en place, y compris le SFA, auquel je cotise. Pourquoi ?

Il sera bien sûr 20% de professionnels nantis que ça ne choque pas tellement de laisser chaque année 30 000 artistes et techniciens, dont ils auront un jour bien besoin, sur le bord du chemin.