"On vous proposera de céder... mais céder ne mène nulle part, nos frères
et sœurs grecs ont tout perdu et à la sortie rien ! Il faut résister !"
"Avec les 1000 Mds€ prêtés par la BCE aux banques privées, il y avait de quoi prêter plusieurs fois à la Grèce !"
"Nous serons toujours la force autonome indépendante et exigeante"
"...ce sera l'individu qui se domine et choisit à tout moment son humanité !"
"Votre bilan, je vais vous le dire, puissants de la Terre, l'espérance de vie recule partout où vous passez"
"Partout en Europe les pays vont regarder ce que la France va faire cette fois-ci"
"Jamais je ne me dédierai du drapeau que vous m'avez confié"
Mais aussi, comme l'auront relevé LCI et TF1, et seulement cela :
"La divine odeur de la gamelle ! Les rats quittent le navire.Les mouches ont changé d'âne, les éditocrates ne savent plus à qui il faut cirer les pompes".
Il y a encore quelques jours, quelques semaines, je croyais avoir suffisamment de défiance envers le monde des médias tel qu’il fonctionne aujourd’hui pour être prévenu de ses ficelles et autres entourloupes. Je me trompai.C'est édifiant de voir de quelle façon on donne, soi-disant, la parole aux citoyens. C'est pour les moquer, et la leur retirer aussitôt.
Lundi soir vers six heures je fus appelé par le staff de l’émission “ça vous regarde” sur LCP, une chaîne publique, parlementaire, qui commence à fidéliser un certain nombre de téléspectateurs, toujours la recherche d’une information politique de qualité, un peu plus d’épices que dans le plat standard souvent servi d’une chaîne à l’autre, privée.
Au téléphone, une demoiselle me demande si je veux bien participer à l’émission en tant que "sentinelle citoyenne", ce que j’accepte, le temps d’installer Skype sur mon Mac. Là, une fois les réglages faits, je m’installe, vais me chercher veste et cravate, car après tout, ce n’est pas parce que j’interviens de chez moi que je dois me présenter aux téléspectateurs et à mes hôtes en tenue d’Adam, non plus.
D’abord, il faut s’imaginer l’état de tension qui vous envahit. Depuis 19 h 15 où l’équipe a procédé aux réglages techniques nécessaires, puis une heure de préparation, une heure-et-demi de meeting où j’ai noté, observé, mangé trois tartines en guise de repas, prévenu les copains que j’étais en direct sur cette chaîne, et transpiré en me demandant quelle allait bien être la farce qui allait m’attendre. J’avais accepté qu’on annonçât ma couleur politique, à visage découvert. Je m’étais révélé à l’assistante comme simple adhérent du Parti de gauche, n’en déplaise à quiconque.
De temps en temps, cette jolie voix me disait au casque que ce serait long. Puis la fin du meeting arriva enfin, à peine plus long que celui d’un Mélenchon certes, mais où je n’ai rien appris, à la différence de ses meetings d’éducation populaire. On était là dans la longueur d’un meeting où le candidat savourait une dernière fois sa tribune, égrénant d’ennuyeuses incantations comme dans un opéra de Wagner, faisant des hélas à tour-de-bras, et le constat d’une crise qu’il prétend endiguer avec la volonté du “Conseil National de Résistance”. Tellement convaincu que j’en fus estourbi.
Bayrou un résistant, c'était à rire. Allait-il nous annoncer qu’il formerait un gouvernement avec des Communistes et qu’il allait, comme le CNR nationaliser l’industrie, et peut-être même enrayer l’augmentation de la dette publique en nationalisant les banques ? Que nenni.
Une voix me demande alors de me tenir prêt, que j’allais apparaître à l’image. En effet, je me suis vu soudain téléporté sur le plateau de l’émission. Mais alors que j’essayais de me trouver une contenance, le citoyen n’est pas un habitué des plateaux, cette même voix me dit : -“Attention, on vous demande une seule intervention et très courte, on n’aura pas le temps de faire l’émission comme prévu, le meeting a été plus long que prévu, désolée.” -”Très courte, c’est-à-dire...” repris-je aussitôt, -”Trente à quarante secondes s’il-vous plaît”.
Un bras m’en tombait. Moi qui me trouvais devant trois pages de notes surlignées au fluo, sur l’agriculture, sur la dette, sur les barrières douanières, j’allais placer quoi ? J’avais attendu pour quoi ? J’ai failli jeter l’éponge. Et puis je me suis dit allez, après tout, perdue pour perdue, cette soirée finira comme elle a commencée, je serai ficelé par le stress.
-“Vous le faites quand même ? me demande la petite voix -“Oui, j’ai attendu, j’ai vu le meeting, j’ai pris des notes, je ne vais pas faire demi-tour maintenant."
Là, je sentis l’animateur changer de ton et se tourner sur les écrans muraux où j’apparaissais, comme dans Cosmos 1999. Et il dit "Voyons ce qu’en a pensé Benoît..."
L’autre bras a dû tomber, à ce moment là. C’était à moi et j’avais huit ans ! On va demander à Petit-Jean ! Où était-je passé dans l’affaire, la téléportation n’avait pas bien marché, j’avais perdu mon nom de famille en route ? Je payais le droit de passer en télévision par la perte de mon patronyme ? Les invités étaient bien Judith Waintraub, Dominique Pailler, Christophe Forcari, Arnaud Ardoin, ils avaient un nom ceux-là, on l’écrivait, on le disait, et partout encore ! et puis accessoirement il y avait Benoît…
Mais dites-donc les beaux messieurs, pour qui vous prenez-vous ? Vous ne voyez ce qu’il y a de gênant dans ce comportement ?
N’êtes-vous pas de simples citoyens comme moi libres et égaux en droit ? De quel droit m’appelez-vous par mon prénom , comme à l’école ? Suis-je un manant, un maraud, un fesse-mathieu ? Ah je vous jure que j’ai failli aller au clash, et puis, vous savez, je suis bien élevé. On s’embarrasse de bien des précautions quand ils n’en ont aucune.
On allait donc voir ce qu’on allait voir. Ensuite, je ne sais pas ce qui prit le journaliste politique, il perdit tout sens de ce que ses études à Sc-po lui avaient enseigné, peut-être ma cravate l’avait-il rassuré, car il me demanda comment j’avais trouvé François Bayrou. Etais-je sa mère ? Il avait de bonnes joues, oui, mais sachant qu’il me restait trente secondes je trouvais ça un peu léger et très peu politique, pour tout dire. En ce point, il faut voir le déroulement de la séquence car je voudrais vous laisser apprécier la manière dont ils se sont défendus:
Comme on le voit, j’ai bouffé plus de quarante secondes. J’ai taillé dans le vif assez rapidement, et n’ai malheureusement pas entendu (à cause de Skype) l’intervention de Mme la Duchesse de Waintraub, sinon je m’en serais expliqué. Mais je crois avoir surpris le plateau en attaquant Bayrou là où on ne m’attendait pas.
C’est cette troisième partie de l’affaire qui m’a fait projeter le droit de réponse ci-présent.
Mme Waintraub, alors que mon micro était désormais coupé, a cru bon affirmer qu’il n’y avait “pas de rapport” entre ce que je disais et le discours de M. Bayrou, soucieux d’économies, de rigueur.
Manifestement, Mme Judith Waintraub avait un but : Rompre dans l’esprit du téléspectateur le lien logique qui lui permet de comprendre ici la volonté politique organisée d'avoir une dette publique, dans l'intérêt du monde de la Finance (qui en perçoit les intérêts) :
Faire un constat sans s’attaquer surtout aux causes qui ont amené la situation, dénoncer une dette publique, s’alarmer, se donner des airs de phare dans la nuit qui clignote une fois tous les cinq ans, sans en expliquer les tenants et aboutissants, sans en démonter l'entier mécanisme, pour mieux amener à justifier les décisions qui s'imposent.
M. Bayrou, Mme Waintraub et tous les satisfaits qui se promènent de plateau en plateau sont associés dans cette entreprise de décervelage. Ils sont les armes de destruction massive de la pensée, telles qu’on devrait mener contre eux une véritable opération “tempête du désert”.
J’avais fait allusion sans avoir le temps de le dire, à la dématérialisation de l’argent (décision unilatérale de Nixon de s’affranchir de l’étalon-or pour le pétro-dollar en 1971) puis dans la foulée les lois favorables au secteur bancaire commercial privé qui eurent la manne inouïe de l’emprunt des Etats à la place des banques centrales publiques (loi du 3 janvier 1973).
Il y a donc bien un rapport,Mme Waintraub, entre d'une part l’impossibilité (réformable) pour un Etat d’emprunter à sa banque, de pouvoir monétiser sa dette, et d'autre part les règles d’or (invoquées) qui nous mènent vers des réductions drastiques, voire dramatiques des dépenses sociales (annoncées comme inéluctables). C’est ce que vous ne sauriez reconnaître. Vous voilà prise en flagrant délit de malhonnêteté.
C’est drôle comme, dès qu’on touche à leur poule aux oeufs d’or, les coqs et les poules de la basse-cour montent sur leurs ergots. De plus, j'attire votre attention sur ce point : Je n'ai jamais dit que les positions de François Bayrou étaient "semblables" à celle de Jean-Luc Mélenchon ! J'ai parlé du constat. Mais dans l'esprit d'un communiquant de la politique social-démocrate moderne, et surtout un rapporteur de sa faculté d'incantation, faire le même constat c'est déjà être d'accord... Ne parlons donc pas des préconisations... Ce serait trop long, et trop compliqué...
Puis contre toute attente, le journaliste de Libé vient au secours du député D. Paillier (ex-UMP), en s’amusant de ce que j’aurais rejeté le candidat dans son camp d’origine, la droite, alors que, reprenant les arguments de la droite de la droite, Bayrou se serait “gauchi”. Aucune voix pour expliquer que la société française s’est droitisée, que Hollande est à la droite du PS, face à cet extrémiste du centre qu’est François Bayrou. Aucune voix et surtout pas la mienne, puisque dès lors mon micro était fermé, et ma bouche avec !
Dès lors les éditorialistes ont beau jeu de dire ce qu’ils veulent, du haut de l’autorité qu’on leur prête, puisqu’il n’est pas prévu de controverse avec les “sentinelles” dont je jouais ce soir là le triste rôle.
Un citoyen, si on lui donne la parole, il faut que cette faveur exige une éternelle reconnaissance. Comme on donne l’obole, rubis sur l’ongle. Puis, la monnaie consentie dans cette grande munificence est aussi bien retirée.
Eh bien non, M. Ardoin je ne vous remercie pas de m’avoir donné à jouer ce jeu de dupe, et si je n’avais pas moi-même révélé mon appartenance politique, vous ne l’auriez pas mentionnée. Votre concept n’est autre que de vous donner bonne conscience, comme Science-Po le fait avec la banlieue. Les règles du jeu ne sont pas équitables, entre ceux qui ont la parole, en permanence, sur tous les plateaux, et ceux qui ne l’auront qu’une fois, et à qui on coupe la chique. Ecoutez ce gueux-ci donner un avis autrement que sur la pure forme attendue, leurs oreilles en alerte se lèvent. Le citoyen on veut bien l’informer, mais on le préfère non formé. On le préfère ébloui à lucide. Qu’il en ait plein les yeux. S’il a le malheur d’avoir quelque raisonnement, on lui coupera la parole assez tôt, il n’ira pas jusqu’au bout ; et si d’aventure il allait jusqu’au bout, on s’efforcera de pervertir son message, de le disqualifier après l’avoir réduit à son simple statut de citoyen, pire, d’internaute. Et pis, si d’aventure encore, comme sur cet extrait, le précaire au Rsa partiel se présente en costard cravate, il acquiert en cours d’émission des titres de noblesse inattendus ; il devient aussitôt “un proche de Jean-Luc Mélenchon” ! Pas un des ces citoyens ordinaires, un de ces lambdas qui inondent le plateau téléphonique des radios le matin, non. Il faut alors à tout prix que l’invité surprise, décidé à en découdre en trois secondes chrono, fasse partie d’un certain sérail, qu’il soit “un proche de”, comme on est touché par la grâce d’être un fils “de”. Voyez les Chiens de Garde. Vous donnez dans la caricature. Je n'ai pas été remercié, même par mon prénom...
Ce comportement n’est pas même cynique ou volontairement méchant, il serait peu nuancé de le croire. Il est subconscient. Il appartient aux codes, à l’éducation, au mimétisme d’un milieu de privilégiés qui, comme dirait Monique Pinçon-Charlot, sait faire jouer à pleins tubes les réseaux de connivences et leur solidarité, et où la conscience de classe est plus forte dans ces milieux que partout ailleurs.
On est bien, sur une chaîne publique, mais chez une néo-aristocratie persuadée de détenir la vérité infuse, où la notion de citoyen est tout à fait particulière, partielle pour ne pas dire partiale, infatués de leur patronyme connu et reconnu, dont la notoriété et leur présence en plateau est quelquefois transmise en héritage, et qui sont anxieux d’avoir peut-être à le perdre, du moins à perdre les prérogatives d’un pouvoir qu’ils s’accordent. Pouvoir de faire campagne à la place des candidats pour mieux contourner les règles républicaines, nouveauté de 2012, par exemple.
Je retiens de cette expérience et de cette campagne présidentielle, calamiteuse du point de vue médiatique mais ô combien magnifique quant à l’implication citoyenne, que les tauliers du système médiatico-politique sont vent debout dès le premier frémissement populaire, dès la première velléité de reprise en main des ses propres affaires.
Enfin, j'écris dans un moment où le contexte est tout à fait particulier. Nous étions à J-6 du premier tour de l'élection présidentielle. Prenons la mesure de ce qui se passait :
Que n’a-t-on insulté, vilipendé, tous les jours depuis le grand rassemblement de Bastille le 18 mars 2012, ce mouvement populaire de prise conscience et les meetings didactiques du Front de Gauche, à travers la figure de son porte-parole. Se réclamer de lui en direct deviendrait presque un héroïsme insensé lorsqu’on entend les thuriféraires de Miss Thatcher expliquer qu’une bande d’excités écoutant et beuglant des slogans leur font vaguement penser aux foles des heures les plus sombres de l’histoire, bla-bla... Même Jean-Marie Le Pen ou Pierre Sidos n’ont eu droit à ces répudiations infamantes de la part d’une profession a priori instruite et qu’on dit pourtant plutôt de gauche. C’est dire l’ignominie de ceux qui font dans leur froc. Ils sont conscients de tous leurs nouveaux privilèges, et ils tremblent à voir qu’un candidat un peu plus en raisonnable que les autres y pourrait mettre fin.
Finissons-en avec ces médias à la botte, en élisant les patrons de grandes chaînes publiques comme le propose M. Mélenchon.
Lui comme nous, n’avons pas oublié que les nuits du 4 août pourraient se re-fêter en 2012 et chaque année suivante, au gré des crises, et en particulier de leurs crises de conscience.
En 2005, nous partîmes libres, en êtres librement informés, mais par un prompt renfort nous nous vîmes entourés de cerbères en arrivant au port. En 2012, ils réitèrent leur tour de garde car ceux-ci ne s’avouent jamais vaincus ; ça tombe bien, nous non plus.
Samedi 14 avril 2012, on eut dit que l’entière région de Marseille se fut déplacée massivement pour suivre ce meeting, où 120 000 personnes, une fois de plus après Bastille, se bousculèrent sur la plage du Prado.
Jean-Luc Mélenchon domine de la tête et des épaules cette campagne présidentielle. Stratégiquement ses choix se sont révélés payants. En terme d’organisation de meetings populaires, personne sous la Vème république n’a jusqu’à présent pu se hisser à sa hauteur. Et la teneur du discours est haute elle aussi.
On nous répétait que la société n’offrait plus de perspectives, Le Front de Gauche fait aujourd'hui clairement mentir ce mythe moderne.
En commençant l’an dernier par alerter les citoyens sur le déficit démocratique des institutions européennes, puis en les prenant à témoin sur la confiscation de l’information au profit d’une information pré-digérée, partielle, orientée, puis en allant porter le fer contre les Le Pen, pour à présent révéler l’imposture des politiques sociales façon P.S, puis informé encore sur les coups-bas financiers que Sarkozy et consorts s’ingénient à porter dans le dos des Français, tout, tout aura consisté chez Jean-Luc Mélenchon à faire tomber les masques, sur les discours trompeurs à faire la lumière, à dénoncer les officines de la vaste machine à dé-penser anti-démocratique. Puis à faire des propositions réformatrices concrètes et fortes que l'on appelle aujourd'hui, dans notre société timorée, révolutionnaires.
Ce discours du 15 avril marque l’entrée à Gauche de la renaissance des vraies valeurs libérales de la Gauche. Pas celles, économiques, qui devoient au dernier degré le libéralisme, le "néo" devenu au XXI° siècle totalitaire, bien sûr.
Lorsque M. Mélenchon parle de la “Renaissance” de la gauche, on y entend le rappel des Lumières. Car ce combat là, déjà post-républicain, y ressemble : “Nous écrivons une page de l’histoire de la Gauche, nous sommes la renaissance de cette Gauche qui ne transige pas et qui met ses rêves assez haut”. En effet, dans une période folle de primat du chiffre sur l’humain, de dictature et d’irresponsabilité mêlées des marchés financiers, il n’est point besoin d’être centriste pour être philosophiquement libéral.
On ne peut être plus clair lorsque M. Mélenchon prend pour exemple ce grand chantier que serait une harmonisation sociale et un pacte écologique des pays du pourtour de la Méditerranée, immense idée qui traverse la Gauche républicaine à titre confidentiel* mais qui est enfin révélée, et qui donnerait “tant de travail” qu’une vie n’y suffirait pas, et cesserait alors “la guerre qu’on veut faire mener aux pauvres entre eux”. Si ça n’est pas libéral, je ne sais pas ce que c’est.
Le secret d’une campagne qui connaît la plus forte progression jamais observée, parti de 4% pour terminer près de 20 %, réside dans une chose selon moi (ses concurrents devraient en prendre de la graine) : Il maîtrise parfaitement les mises en perspective historiques. Il imagine son projet à l’aune de la longue histoire de France et de la récente construction européenne. Cette connaissance de l’Histoire permet à Jean-Luc Mélenchon de parler au cœur du peuple, qui fait sa connaissance pour la plupart. Pour qui brigue les plus hautes fonctions de l’Etat et pour l’avenir, c’est plutôt de bon augure.
La Révolution du citoyen Mélenchon est, loin des caricatures de la droite dure mais effarouchée, une révolution humaniste:
Que dit-il d’autre lorsqu’il fait allusion aux grecs anciens : “Ne laissons pas le mer violette, comme disait Homère, devenir ce cloaque”, en prônant l’émergence souhaitable d’une “Université commune à la Méditerranée”. Son horizon est différent que celui de l’Europe bien caucasienne et chrétienne des faux laïcs de tout poils. Il le répète aujourd’hui, et cela touche beaucoup d’esprits, “la France n’est pas une nation occidentale… mais une nation universaliste, son socle est dans la méditerranée... les peuples du Maghreb sont nos frères et nos sœurs”.
Il opère là un glissement de la construction européenne, une vision, un vrai détachement de l’empire nord-américain. Le candidat Mélenchon, en géo-stratège, souhaite transformer l’essai du Printemps Arabe et nous situe bien plus du côté de ces révolutions là, qui devaient advenir, que du déclin du cousin américain. Il appelle ça avec ce sens des formules qui font mouche, après la Grande Régression, “la Grande Bifurcation” politique.
La tâche qu’il nous assigne, à nous citoyens dont le bulletin de vote pèse plus lourd que jamais, est immense :
Transformer le régime politique pour un régime plus parlementaire,
Planifier l’écologie dans tous les secteurs de la production,
Partager les richesses produites (faire revenir les dix points de richesse nationale dérobés depuis trente ans aux salariés),
Sortir du Traité de Lisbonne,
Réorganiser la défense, sortir du commandement intégré de l’Otan,
de sorte que tout citoyen qui se réveillerait sous un gouvernement de Front de Gauche serait averti. Il aurait même un réveil plus heureux qu’il ne le croit, abruti par un discours paranoïaque quotidien. Le mot a été prononcé, et ça n’est pas par hasard. La paranoïa qu’on insinue en nos têtes nous fait nous diviser. J-L Mélenchon se pose en éclaireur.
Celui qui pense le Socialisme comme refondé par l’Ecologie politique, et qui ose le dire avec les mots des poètes, reçoit le soutien d’une centaine de personnalités du monde entier, du Président d’Equateur Rafael Correa aux altermondialistes d’Amérique du Sud qui ont vu ce phénomène se produire chez eux et l’observent aujourd’hui avec un grand intérêt. Ces peuples là et leur parcours récent est sa principale source d'inspiration, et J-L Mélenchon est une voix d'Europe qui compte désormais pour eux là-bas.
Cette campagne du Front de Gauche dépasse de loin le cadre de la petite politique qui naguère vida les bureaux de vote, et dépasse le strict catalogue de bonnes intentions dont d’aucuns se satisfont. Il chiffre, il argumente, il trace une perspective. Il nous fait entrevoir un modèle de société qu’on nous enviera, ou de nouveaux droits des citoyens s’étendent aux entreprises. La nouveauté de ce discours qu’il avait réservée, tient en trois points qui ont à voir avec la vie de l’entreprise, et non des moindres :
Droit de véto des Délégués du personnel sur les licenciements ou délocalisation des sièges d’entreprises, ou restructuration sociale.
Droit de préemption des salariés sur leur entreprise lorsqu’elle est fermée pour défaut de rentabilité en SCOP.
Droit de continuité où le salarié conserve ses droits sociaux quels que que soient les secteurs d’emploi qu’il a occupés, (caisse de sécurité sociale professionnelle transversale aux annexes Unédic).Les intérimaires, pigistes, vacataires, précaires et intermittents du spectacle comprendront.
Bref, des droits collectifs nouveaux sans lesquels il ne sert à rien d’élire un gouvernement de Gauche si ce n’est pas pour le faire. Ses concurrents sont avisés.
Et la France qui aura initié tous ces chantiers sera une fois de plus en avance.
*Jacques Berque disait : «J'appelle à des Andalousies toujours recommencées, dont nous portons en nous à la fois les décombres amoncelés et l'inlassable espérance.»(cité par J-Y Autexier Fondation Res Publica )
mise-à-jour : 3 semaines après son envoi par site interposé, ce message n'a pas été sélectionné au titre des contributions de téléspectateurs, affichées librement sur le site du Médiateur. Mais j'avais anticipé.
Je publie ici la lettre que j'ai envoyé au Médiateur de France 2, sur la transparence de qui il ne faut pas compter pour l'insérer sur son site.
J'appelle calomnie le procédé qui consiste à discréditer quelqu'un. Manipulation celui qui consiste à pervertir l'information.
Dans un reportage consacré uniquement à cela, votre JT de 20 h du mardi 10 avril 2012 l'a fait, par la
voix du journaliste et d'un expert, un seul, en attribuant à l'irruption sur la scène
médiatique des candidatures de Mme Marion Anne Perrine Le Pen et M.
Jean-Luc Mélenchon "la disparition du thème économique de la dette
publique".
Deux questions se posent : Qui choisit les thèmes de
campagne, et les traite ou pas, les met en lumière ou les néglige, sinon
les chaînes d'information (publiques ou pas) que vous représentez ?
S'il y a disparition d'un thème aussi capital que celui-là, les
spectateurs qui sont aussi des citoyens ne peuvent pas croire que ce
serait le fait de deux candidats parmi huit autres. Ou alors ils
faudrait en conclure que les medias sont eux-mêmes bien légers, pour se
laisser divertir des sujets importants par la place qu'occupe deux
candidats dans les sondages des instituts privés...
Ensuite :
Comment affirmer sans conteste que le thème de la Dette publique est
traité par les susdits candidats "comme si elle n'existait pas", pour
reprendre les paroles de M. Perrineau, interrogé par vos soins ? Précisément, cette assertion est tout simplement fausse.
Ces thèmes sont bien abordés par ces deux candidats là, et en particulier
M. Mélenchon, dans ses travaux et ses interviews qui sont nourries sur le sujet.
Sans me positionner ou pour l'un ou pour
l'autre, je regrette fortement ce genre de postulat soit avancé a
priori, dans une subjectivité qui confine à la manipulation, dans un
contexte de campagne électorale où les citoyens auraient plus intérêt à
être éclairés qu'à être désorientés.
Je crains, pour ma part,
que cette question de la dette publique a été sciemment écartée comme
sujet sensible, au profit de sujets secondaires, dans un moment
historique où la BCE a re-capitalisé les banques privées à hauteur de
1000 Milliards d'Euros depuis janvier 2012.
Cette mise en
lumière (du traitement de la dette publique par les instances européennes* alliées aux services bancaires privés) aurait été intéressante si les citoyens -grâce à votre entremise
quotidienne, en avaient été informés dans ses tenants et aboutissants.
Si ce sujet est complexe a priori, il est de votre mission de rendre la
chose aussi claire que possible, et non d'en attribuer la "disparition" à
deux candidats que les medias s'évertuent à définir comme "petits" ; là, ça
frise le ridicule, pardonnez-moi...
Je prends la plume car dans les mass-medias, tout le monde aura remarqué comme M. Mélenchon est devenu subitement très insultable depuis qu'il fait une ascension régulière dans les intentions de vote. Et pour cause, une indication de la DCRI donnait Mélenchon et Sarkozy à égalité voici dix jours. Voilà pourquoi les journalistes s'affolent et se serrent les coudes autour du candidat du Front de Gauche.
Personne dans les medias ne s’attarde là-dessus :
Le programme que M. Mélenchon propose à la nation coûte moins cher qu'il ne rapporte, ou en d'autres termes, il suffit de prendre l'argent où il est.
Ci-dessous, on comprend que Jean-Luc Mélenchon travaille avec des économistes, (ex. Janette Habel, Claude Debons, Pierre Khalfa, Jean-Marie Harribey, Marie-Christine Vergiat, Francis Wurtz, François Longérinas, Jacques Généreux) qui ont un peu plus que le niveau Bac de certains journalistes.
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Citoyens ! Allons-nous supporter durant le mois qui précède l'élection présidentielle de 2012 qu'un journalisme aux ordres lance ses fatwa sur les candidats qui ne lui agrée pas ?
Tous cependant s'accordent sur un point :M. Mélenchon est talentueux. Et leur imagination s'arrête soudain à cet endroit.
Il ne viendra pas à l'esprit de l'un d'eux, payés pour se taire, que la forme a pourtant souvent à voir avec le fond, que si c'était un talent qui n'était mu par rien, ça finirait par se voir.
Personne dans les medias ne s’attarde sur ce nouveau projet de société où M. Mélenchon montre que l’Ecologie, lorsqu’elle est planifiée sur le temps long, refonde les façons de produire. Sur France-Inter le mardi 10 avril, le candidat dut arracher, les dents sur le micro, quelques minutes pour l'exposer brièvement.
Il y a des noms d'oiseaux qui fusent depuis quelques jours de la part des journalistes qui font désormais campagne à la place des candidats. Les médias arrêtent les émissions politiques un mois avant le scrutin. Bizarrerie sans nom. Et ensuite on envoie les maîtres à penser que sont devenus par la grâce de leur direction certains journalistes politiques. L'avez-vous remarqué, toujours les mêmes.
Comme s'ils voulaient briser l'élan de la vague qui submerge la France depuis 2005, les medias sont muets sur un pan entier du programme du Front de Gauche. Quid de la régulation des flux financiers, sur le Pôle Public Financier véritable un bol d’oxygène pour les PME qui auront enfin accès à un escompte. Cela devrait faire l'objet de reportage, d'enquêtes, de recoupements. Rien !
Mesdames et Messieurs les journalistes, faut-il passer sous silence les bonnes idées lorsque le candidat accepté par la petite oligarchie qui vous dirige n'en a pas la primeur ? Êtes-vous à ce point si peu libres d'exercer votre métier ?
Au lieu d'essayer de dégager une petite synthèse de ce que serait un tel programme politique, y compris pour le vilipender, (non, même pas !) ils ne s'attardent que sur la proposition de plafonnement des revenus à 360 000 €, et encore sans la comprendre. Telle Anne-Sophie Lapix qui demandait le dimanche 8 avril 2012 à Jean-Luc Mélenchon comment ces pauvres riches allaient faire l'année d'après pour payer leur impôts puisqu'on allait tout leur prendre. Ah, la jolie fille que v'là !
Pourquoi ce silence ? Vous qui voudriez vous abstenir, vous ne trouvez pas ça suspect que toutes ces propositions sont interdites par l’Union Européenne telle qu’est est aujourd’hui, verrouillée. Dévérouillons-là !
Or, l'enthousiasme, le désir d'apprendre est là, de meeting en meeting, de salle en salle, et c'est ce qui agace les censeurs qui voient un bien un mouvement qu'ils ne peuvent, pour une fois, contrôler. Alors à défaut de le contrôler, ils ont pour mission claire de le minorer, quand ce n'est pas de l'injurier :
Sur RTL par exemple, Serge July présente Mélenchon comme « le tribun de la grogne romantique » (15 mars 2012). Eric Le Boucher, lui, trouve que« Jean-Luc Mélenchon est un rigolo. Un rigolo de prétoire, un rigolo de JT, un rigolo malin, un rigolo drôle. » (Slate.fr, le 18 mars 2012) Pas mieux pour Christophe Barbier qui veut « en finir avec Mélenchon », ce personnage au « verbe haut et [aux] idées courtes, mi-tribun, mi-guignol » (L’Express, 14 mars 2012). Pierre Assouline, dans Le Monde des Livres, le décrit comme un « terrible tribun robespierriste » (6 avril 2012). Alexis Brézet sur LCP, « un fou » etc.
Personne ne s’attarde sur un fait : le projet que porte brillamment Jean-Luc Mélenchon, sans faire table rase du passé, propose un autre modèle de société qui serait pour résumer Responsable économiquement, exemplaire socialement, et vertueux écologiquement.
Non, il suffit que ce modèle soit d'inspiration socialiste pour en faire un épouvantail.
Réveillons-nous ! Aucun peuple instruit, informé ne pourrait tolérer que l’on complote contre ses intérêts vitaux. C’est pourtant ce qui se passe lorsqu’on manipule ainsi une élection, car il est bien vital à la santé d'une démocratie de se déterminer par la raison et non par l'image ou l'émotion.
Responsable économiquement, exemplaire socialement, vertueux écologiquement.Se le dire, l’entendre dire à la télévision, le lire dans les journaux et l’imaginer dès le 6 mai 2012 en action politique, c’est un vrai luxe, osons le mot, une chance historique.
Or, pourquoi un tel silence dans les medias ? C’est très suspect.
C’est même le seul candidat de notre époque muni d’un programme entier sur la Culture, l'Art et l'Information. (Quelle Humanité vouons nous être ? -télécharger )
Ce n’est donc pas une simple posture, vide et creuse. Les références culturelles, littéraires, dont il émaille ses discours le disent assez.
C'est plein, c'est fort, ça fait résonner d'autant plus fort la vacuité de ces nantis de la profession journalistique qui se bousculent aux plateaux télé. Revenons-en à la question qu'osa poser un soir Régis Jauffret* sur un plateau de France 3 : Quels sont les revenus des invités sur un plateau de télévision ?
Point besoin d'être militant pour dire que M. Mélenchon inflige en cela une leçon à tous les politiciens qui nous parlent depuis trop longtemps une langue de techniciens, partout la langue froide des voleurs. Si tant de gens de ma condition s’abstiennent, c’est qu’on leur parle mal. M. Mélenchon nous parle à la tête et au cœur.
Donc, pourquoi ?
Faut-il vraiment comme le prévoit le nouveau Mécanisme Européen de Stabilité, que nous soyons ad vitam aeternam liés par la Dette Publique et que c’est un horizon indépassable ?
Et la dette privée ? Elle ne pose pas problème celle-là qui est 4 fois plus grande que la dette publique ? Etrange... les medias n'en parlent jamais. Mais combien lisent nos blogs et combien regardent la télé ?
Alors pourquoi ce mépris qu’on nous jette à la figure, ce silence ?
Pour nous empêcher de penser, pour éviter qu’on imagine un futur différent, pour éviter qu’on remette les choses à l’endroit qu’elle n’aurait jamais dû quitter.Au centre de la Res Publica.
Pour éviter que l’on se dise qu’un progrès social est toujours possible, pour nous Français et plus largement pour les peuples d’Europe en 2012.
Pour que nous continuions à produire tel que nous le faisons aujourd'hui, au-delà des ressources que permet la nature.
Pour qu’on intègre la soumission à l’Ordre mondial des plus riches, car ce monde-là ne profite qu’à eux. C’est un monde égoïste, pollueur et asocial.
Le mépris même des journalistes qui se moquent de ce projet est asocial. C’est l'insulte d'une caste de "sachants" à l’intelligence collective. Lorsque Jacques Juilliard dans Arianne 2 y va desa plume ça donne : « Les enthousiasmes collectifs organisés, tels qu’on les pratiquait dans l’Allemagne nazie et la Russie soviétique, très peu pour moi. » Ou lorsque M. Alexis Brezet du Figaro va chanter sur tous les plateaux que cette campagne présidentiellle est animée par “le fou Mélenchon”* on entend un gosse de riches cracher du haut de son balcon sur les passants sans-le-sou.
On a le droit de n’être pas d’accord, pas de mépriser les gens. L'insulte est facile. Elle est méprisable lorsqu'elle émane d'un homme de media.
Méfiez-vous des pauvres gens MM. Brezet et Julliard, beaucoup ont de l’esprit mais il y aura peut-être parmi eux des gens plus nerveux que vous ne le pensez.
C’est à ce genre de signe de nervosité de certaines "élites", ou qui se pensent comme tel, qu'on sent que les propositions de Mélenchon sont “very dangerous”, en effet. Symboliquement dangereuses pour ceux qui tirent les marrons du feu.
Il faudra que certains aillent prier leur dieu de guerre qu’il y ait une réconciliation nationale après ce flot d’insultes et de mépris. L'avantage maintenant c'est que les ennemis du peuple apparaissent dans toute leur splendeur.
* (lui ! ce journaliste passablement dangereux qui regrette l'abandon de la double-peineet qui pense que l'assassinat de Ben Laden est l'expression de la Justice)
Suppression des niches fiscales inefficaces : 80 Milliards € Monétisation des charges d'intérêts : 42 Milliards € Fin des exonérations de cotisations sociales : 30 Milliards € 9 nouvelles tranches d'Impôts sur le Revenu : 9 Milliards € Taxe sur les transactions financières : 6 Milliards € Taxation différentielle des exilés fiscaux : 5 Milliards € Taxe sur les revenus financiers : 4 Milliards € Lutte contre la fraude fiscale : 3 Milliards € Augmentation de l'ISF : 2 Milliards € Modulation de L'IS : 0,5 Milliards € (avec baisse pour les entreprises vertueuses en matière d'environnement, d'emploi et de formation)
= +192,5 Milliards €
Les dépenses :
Remboursement à 100% des frais de santé : 40 Milliards € Retraite à 60 ans pour tous : 27 Milliards € (aucune retraite sous le seuil de pauvreté) Doublement du budget de la Recherche : 13,9 Milliards € Charges d'intérêts sur nationalisation : 9,8 Milliards € Promotion de la Culture, des sports : 5,5 Milliards € Revalorisation de minimas sociaux : 4,9 Milliards € Aides publiques à la planification écologique : 4 Milliards € Construction de 200 000 logements par an : 3,5 Milliards € Soutien des Universités : 3,1 Milliards € Valorisation de l'enseignement professionnel : Milliards 2,4 € 70 000 postes dans l''Educ Nat : 2,2 Milliards € Réforme de la dépendance : 2,1 Milliards € Renforcement de la Justice : 1,2 Milliards € 200 000 places de gardes d'enfants : 1 Milliard €
= - 120,6 Milliards €
* Histoire d'amour de Régis Jauffret est un petit roman parfait et troublant