dimanche 29 septembre 2013

La Dette et Sur le chemin de l'école, vents contraires


Cette semaine deux documentaires sortent au cinéma, "La Dette" de Sophie Mitrani et Nicolas Ubelman et "Sur le chemin de l'école" de Pascal Plisson.


"La Dette" va faire un carton parmi les associations et autres réseaux comme Roosevelt, Utopia, et "Sur le chemin de l'école" de Pascal Plisson aura du succès parmi les pédago, instituteurs et professeurs de collèges en tête. L'un est bien distribué et soutenu par l'Unesco, et l'autre plus modestement par une coopérative et une poignée de donateurs anonymes.

Ces deux films nous placent face à deux messages totalement contraires : 
  • "l'effort individuel est récompensé" (Sur le Chemin de l'école) 
  • "nos efforts collectifs sont voués à l'échec" (La Dette)

"La Dette", fruit d'un labeur de trois ans de recherches et de nombreuses rencontres de personnalités, expose comment nos démocraties en sont arrivées à être court-circuitées par une économie fallacieuse qu'il convient d'appeler "économie de la dette", et quel est ce circuit qu'emprunte l'argent, circuit rarement dévoilé... Vous le savez assez,  il faudrait réduire les dépenses pour payer la dette. Les documentaristes s'attardent sur la logique de l'argument pour en vérifier la solidité ; et là, ça craque assez vite.

Le rare mérite de ce documentaire est d'être allé replacer les maux contemporains de nos équilibres budgétaires dans la perspective historique des rapports entre Banque et Etat, et de forcer le spectateur à réfléchir par lui-même en l'instruisant. Nombreux étaient ceux qui, parmi ceux de l'Espace St Michel qui ont assisté à la sortie du film en primo projection avec les réalisateurs, y avaient appris que l'argent d'un crédit prêté par votre banque vient d'être créé par son écriture-même !


 
Production d'une association (Régie Sud), La Dette est distribué par Direction Humaine des Ressources et projeté dans 7 salles en France
pour voir ou organiser la projection du documentaire, vous pouvez contacter le distributeur .


Au bout de tous ces chiffres, le mirage de l'argent-dette produit donc une absence de perspective, et se dresse devant nous autres, habitants des régions développées du monde où le chômage plane, où ses causes "structurelles" découragent le sens de l'effort des adultes comme des enfants, nous dressent les uns contre les autres dans une concurrence partout glorifiée, où même l'école est un marché à conquérir, s'il n'est déjà conquis. Les esprits des spectateurs, encore étourdis par la richesse des points de vue exposés dans La Dette et par la vision de son spectre quotidiennement brandi, se demande alors : comment sortir la tête de l'eau sous ce joug permanent ?

C'est à une refondation de notre pacte social et démocratique que les conclusions aboutissent, replaçant l'argent comme un bien commun capté et capturé. On note au passage les brillantes explications de l'économiste Benjamin Coriat, moins connu que Bernard Maris et des critiques portées au monde de la finance par un Pascal Canfin pas encore Ministre au moment du tournage, pas encore réduit au silence, en bon Vert de gouvernement qu'il est.

Dans nos pays sclérosés par leur dette publique, nos collectivités n'auront bientôt plus les moyens d'assurer une école au niveau où nos pays l'exigeraient... Ah, c'est déjà le cas ? On se le dit quand on voit la fuite de nombreux enfants vers les écoles privées. La marchandisation des savoirs et de la culture fera basculer la dette publique au service des dettes privées (qui sont en France, rappellons-le, 4 fois supérieures à la dette publique : sept mille milliards d'€).

Profusion de perspectives au contraire pour ces quatre enfants suivis par Pascal Plisson sur les chemins de leur école, tant en Argentine qu'au Maroc, au Kenya ou en Inde. Leurs obstacles à eux sont naturels, et se dressent devant tous, quand ici les montagnes s'aplanissent pour certains...

Ces enfants pleins d'énergie, revigorés par le chaotique et froid chemin des montagnes, par leur longue marche au grand air des pampas et de la savane (on pense alors aux pauvres poumons de nos petits parisiens qui partent le matin... toussez svp), pour qui l'école signifie bien une précieuse conquête, pour qui l'effort est encore récompensé, ont devant les yeux le rêve de leur vie.

Sur le chemin de l'école, de Pascal Plisson, 2013


Ce qu'on perçoit du film, c'est que par ce chemin, sur ce chemin, long, difficile, caillouteux, il y a la solidarité, l'école de la vie. Il est en soi une école, ce chemin. Il est frappant de voir le développement physique de nos bambins marcheurs, ou cavaliers, comme ce petit Carlos, Argentin de dix ans pour qui la sellerie de cheval n'a aucun secret et qui veut devenir ingénieur agronome ; cette jeune marocaine du même âge qui franchit les cols avec ses camarades, qui requièrent l'aide d'habitants pas toujours solidaires des écolières.

Cela tranche assez avec le cliché du d'jeun's décrit dans la célebre pub "animalière" pour La Poste ou encore le spectacle télévisuel du fils de bourge parvenu qui dit n'avoir rien appris à l'école (peut-être parce qu'il était inutile d'y apprendre quelque chose tant son insertion sociale ou ses moyens de subsistance étaient assurés d'emblée).

Là, on assiste au parcours de ces gosses, au sens physique et symbolique du terme, à la réussite de ces enfants-là et l'on se dit qu'après tant de peine endurée il n'y a pas d'échec possible. 
 
De prime abord, on aura de la compassion pour ces quatre enfants, car après tout, c'est bien le sens du film, il y a bien dans le monde 100 millions d'enfants de plus de 5 ans qui travaillent dans des mines de kaolin, dans des usines de bijoux, aux basses-fosses des méthaniers... Mais ensuite, on a de l'envie : eux quatre, pour qui le chemin agit comme une pédagogie au sens premier du terme, sont encore au contact de choses fondamentales, de la nature, du danger (n'y a-t-il pas plus initiatique que ça ?) Apprendre en faisant, en marchant, en découvrant, apprendre avec le corps, tout ce qu'on a oublié... En marchant, en allant là-bas s'instruire auprès d'un maître respecté et obéi, ils prennent leur destin en main ; ce sont quatre enfants qu'on peut finalement et malheureusement qualifier de privilégiés. Le film embue nos yeux lors de ces quatre insertions de paroles d'enfants, à la toute fin d'un film quasiment muet.

Je ne suis pas absolument pas accord avec la critique blasée par sa soirée de projo-presse de la journaliste Louise Tourret (Slate) qui aurait voulu voir un Envoyé Spécial et a vu un documentaire de cinéma. Car ce film pour une fois silencieux (!) minimaliste, sans didactisme aucun, donne à voir, et nous renvoie à nous-mêmes. En particulier aux problèmes endurés par tous les profs de nos terroirs... (toussez encore, svp)
 
Au sortir de la projection de ces deux films dans la même semaine on peut avoir un beau panorama de l'état du monde en 2013. Entre ceux qui pensent que nos lendemains refleuriront sur les ruines et ceux qui pensent que tout est encore à construire, ceux qui ont simplement espoir et ceux qui commencent à le perdre, ces deux films se parlent.

"Sur le chemin de l'école" est très consensuel. Il a d'ailleurs été présenté en grande pompe à l'institut du Monde Arabe devant un parterre de journalistes et de politiques. Il devrait avoir un beau succès d'ici quelques mois, quelques années dans toutes les écoles de France et même au-delà, vous pouvez en être sûrs (c'est le bon coup qu'a su flairer Disney France, son distributeur, sinon, un tel format de documentaire, sans commentaire, aurait plutôt trouvé son chemin dans les petites salles indépendantes dites d'art et d'essai).

"La Dette" est un documentaire clairement didactique et clivant. Il a la capacité de semer le trouble dans l'ordre public. Il entend remettre "le hold-up du siècle" au cœur du débat dont les citoyens de tous les pays du monde devraient se saisir. Il mérite d'être vu, diffusé, et mis en avant dans les medias. Mais je ne suis très pas optimiste quant au courage de ces mastondontes à affronter de plein-fouet leurs contradictions et la vacuité de leurs sempiternels arguments revolver.

dimanche 15 septembre 2013

Fraude fiscale : il y a bien près du Capital à la roche Monégasque

«Les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée» disait le ministre des finances de Franklin Roosevelt. Que les justiciers nomment leurs bourreaux : il y aurait des prises record d’argent liquide transitant par les autoroutes au dos des sièges avant, au-dessous des bas-de-caisse de mercos banalisées. Il y aurait des territoires peu regardant sur l’origine des fonds apportés, et qui en sont même dépendants. On parle alors toujours de la célèbre Confédération hermétique, beaucoup moins de Monaco (toussez svp), du Lichtenstein, de Chypre ou d’Andorre...

Or, cet Etat religieux est une pustule sur le visage de la France. Il ne possède ni armée ni monnaie. Les recherches sur le site du "Gouvernement Princier" n'indiquent bien évidemment rien sur ce chapitre. Ni d'ailleurs le site de la Préfecture de Nice.



Pourtant on trouve sur le site de la C.I.A la mention de l'autorité militaire qui protège ce non-pays. Regardez bien, cette mention ne se trouve nulle part ailleurs :

cliquez pour agrandir


Par ailleurs, fiscalement, on lit dans le Figaro d'avril 2013 : "En dehors des ressortissants français et américains qui payent leurs impôts dans leur propre pays, les personnes résidant à Monaco ne sont soumises en Principauté à aucun impôt sur le revenu, sur les plus-values ou sur le capital." 

La Convention fiscale passée avec ce casino en plein air, vieille de plus de cinquante ans, nous fait renoncer à 1 Milliard d'euros par an.



Or, qu'est-ce qui empêche la France, via l'armée française qui protège le Rocher, de saisir ce territoire demain matin, afin qu’il redevienne ce qu'il est, une commune soumise aux Droit Français ?


Il y aurait donc ici, la justice le dira-t-elle, des ministres nommés pour lutter contre la fraude et qui fraudent eux-mêmes ? Des multinationales et des particuliers fortunés qui ne paient pas d’impôt sur des territoires dont ils profitent des infrastructures et des systèmes de protection sociale pour eux-mêmes et leurs employés ?  Le scandale est donc connu et patent. On conspue le Depardieu, le Cahuzac et l’on oublie mieux les quelques 9000 français qui auraient des billes en Suisse (voir l’audition du banquier de Pierre Condamin-Gerbier au Sénat en juin 2013). 

Là,  le mythe libéral classique qui voudrait que le capitalisme produise de la valeur honnêtement prend un coup dans l’aile et sérieusement. Rappelons seulement que, s’il y a des hommes peu vertueux, il y a des institutions qui le sont moins encore. (On peut aussi se reporter au documentaire d’investigation de Xavier Harel (Maha prods) diffusé sur Arte le 10 septembre 2013. )

Nous sommes entrés depuis l’éclatement de l’Affaire Cahuzac dans une médiatique chasse-à-l'homme qui a du mal à masquer ce qu’elle entend ne pas traiter : la préservation de territoires d'exception. 

Parmi ceux-là, un territoire dont on a du mal à parler en France*, car le Président de la République en est un hôte décoré, et accessoirement Chef de l’Etat-Major des Armées qui le protègent : la petite ville française de Monaco.

Cette Principauté incarne bien la turpitude de ces hôtels de luxe, souvent bâtis face à la mer : à quinze kilomètres de Nice, et si près de Neuilly-sur-Seine ! Le halo de prestige et de culture qui l’entoure fait illusion : la mer, le cirque, la Formule 1... 


En ce moment, il se fait discret en ce moment ce «véritable état souverain», catholique sûrement, pris au milieu des terres d’une nation aussi laïque et républicaine que la France.



Racines martyrologiques

Le symbole était prémonitoire : la création de Monaco remonte à l'an 304 où dit-on, du corps de la martyre Dévote s'échappa une blanche colombe. Depuis, chaque année, le 27 janvier, en présence de la famille souveraine, une barque de pêcheurs est brûlée et on laisse échapper une colombe, symbole de l'esprit de la Sainte, devenue patronne de la ville de Monaco. 


c Valérie Hache AFP
L'ironie de l'histoire veut qu'aujourd'hui les encaisses monétaires se font avoirs fiscaux et au printemps la Finance se faisant baladeuse, celle-ci se fait colombe. D’une frontière à l’autre, il n’y a que l’espace d’un trottoir à Monaco. Français à gauche, Monégasque à droite, c’est dire si l’évasion y est aisée, et s’il ne manque à son Prince amidoné la voix d’un Francis Lopez pour que l’image soit parfaite.

Depuis 1918, un Traité donne à cette ville le statut de Nation, entretenant avec la France des rapports de bon voisinage, et parlant même d’amitié «protectrice». La fille aînée de l’église a donc une petite sœur. Monaco est depuis 1993 Etat membre à l’ONU, jouit d’un Représentant permanent, infiniment plus consensuel que l’observateur de la Palestine sur son petit strapontin.

Paradis fiscal, paradis réglementaire, enfer social 


Or, dans le contexte actuel de Glasnost et à demi-volontaire de la part de nos discrets édiles, on peut recadrer trois petites choses :

Monaco, royaume de toutes les étrangetés, dégage chaque année 4 Milliards € de richesse supplémentaire (P.I.B). Comme on ne dénombre que 33 000 habitants, libres de tout impôt sur la fortune, de tout impôt foncier, dont les transactions bancaires s’effectuent sous couvert d’anonymat, disposent d’une législation aménagée pour les sociétés off-shore.
Calomnie ? Le site Princier lui-même s’enorgueillit :

"Le seul impôt direct perçu en Principauté est l’impôt sur les bénéfices (industrie et commerce). Il n’existe en Principauté ni impôt sur la fortune, ni taxe foncière, ni taxe d’habitation."
Ni même sur les métaux précieux entre particuliers : «La taxe n’est pas perçue lorsque le vendeur fait commerce des métaux précieux à titre professionnel». (Site "Service public" sic !)

Et même comme cela, chaque année ce village français dégage 250 millions €/hab., tout simplement le P.I.B par habitant le plus élevé du monde… (Portugal, 23 000 € /hab. et France, 35 000 €/hab.)

Donc, Monaco est plus qu’un paradis fiscal, mais un vrai paradis bancaire, fiduciaire et judiciaire. Cette fabuleuse richesse a bien sûr un prix, et je crains que ce soit d’abord nous qui le payons, nous, citoyens de nations martyrisées par des paradis fiscaux qu’elles protègent. Absurde ou hypocrite, au choix.  

600 Milliards d’Euros auraient fui la France (alors que nous, citoyens Français, déboursons 50 Milliards d’Euros en Impôt sur le Revenu et la même somme en remboursement des intérêts sur la Dette) pour fleurir les comptes en banque de sociétés-écrans (trusts) qui utilisent des prêtes-noms, mais dont les bénéficiaires sont des personnes privées bien réelles. Tiens ! Pas d’austérité à Monaco.

Déjà en 1959, le ministre Duhamel rappelait dans le Monde Diplo les échanges de bons procédés entre nos deux juridictions :

 «La France assure la défense de Monaco, et en échange le prince s'engage à respecter les intérêts politiques, militaires, navals et économiques de la France».

Vous avez bien lu «...à respecter les intérêts économiques...»

N’y a-t-il pas cas de rupture de ces belles intentions, dix fois obsolètes et mille fois trahies ? 

En 2000, l'Assemblée nationale elle-même dans un rapport, pointait certains dysfonctionnements (pour rester poli) concernant les difficultés judiciaires avec Monaco : «les dispositions permettant au Président d’un Tribunal de Grande Instance français d’autoriser (…) ses agents à effectuer des visites domiciliaires sur le territoire monégasque pour la recherche de délits douaniers sont inopérantes. En effet, les autorités monégasques exigent que ce magistrat soit accompagné d’un officier de police monégasque en sus de l’officier de police judiciaire français

Puis les Députés, plus loin, de se plaindre des gains perçus à Monaco :

 «Bien que la surveillance des états reprenant le détail des gains dans les casinos soit opérée en France par l’administration des douanes, cette pratique n’est pas étendue au casino de Monaco dont le contrôle relève des seules autorités locales.» Le fameux casino de Monte-Carle...

Alors, question marginale ? L’Assemblée pointait aussi une difficulté de taille sur les filiales d’entreprises installées à Monaco : «… une filiale peut opposer le secret bancaire à la transmission vers sa maison-mère d’informations sur un client. Cette étanchéité ménagée par la législation monégasque sur le secret professionnel est contraire aux principes de Bâle.» etc. etc...

Or, François Hollande, dans un discours prononcé à L’Elysée en mars 2013 disait : - « Je considérerai comme paradis fiscal tout pays qui ne coopérerait pas pleinement avec la France » Mais le Président n’a pas dit ce qu’il adviendrait de celui-ci… quelles mesures de rétorsion subira-t-il ? Aucun.

Mafias de tous pays, donnez-vous la main


Alors, peut-on oser menacer Monaco ?

Que des banques privées dont le métier est de faire le plus d’argent possible aient trouvé à Monaco une clientèle de rêve, on veut bien le comprendre. Mais je ne veux pas croire, alors qu’on vit sous la menace sociale (non-partagée à Monaco) d' une austérité à la Grecque, je ne veux pas croire que les différents gouvernements aient trouvé des avantages à l'existence de ce paradis fiscal aux portes de l'Hexagone, et ne se soient pas donné les véritables moyens d'agir...

Ma préconisation est, je le crains, autrement plus radicale que des renforcement de règles qui seront détournées. Pourquoi diable continuer à protéger des intérêts juteux de personnes privées et morales, dont il faut taire à tout prix le nom, dont il faut respecter la propriété privée jusqu’à tolérer sur notre sol, dans notre dépendance nationale, des sociétés créées précisément là pour faire en toute tranquillité du dumping fiscal ?

D’ailleurs, détendons l’atmosphère, même les clubs de foot de Ligue 1 déplorent n’être pas sur un même pied d’égalité face à l’A.S Monaco, qui joue pourtant au sein de la F.F.F ?

Pointons ce fait : Monaco n'a pas de monnaie propre, pas d'armée, celui qui fait office de Premier ministre de Monaco est le Préfet de police de la Région P.A.C.A, et l’on pourrait multiplier les exemples de la prétendue «souveraineté» de Monaco.

Venons-en au fait : Qui empêcherait l’Etat, via la Gendarmerie nationale, de saisir ce territoire demain matin, qu’il devienne immédiatement une commune soumise aux droit français ? 

Et quelle armée viendrait alors défendre les intérêts de Monaco, sinon la nôtre ? Cœur de la Nation n’est-ce pas, l’Armée Française, en vertu des Conventions d’amitiés franco-monégasques a de facto l’ordre de protèger celle qui nuit à nos intérêts nationaux...

Schizophrénie militaire, absurdité érigée en Droit international. 


Manque-t-on d’argent ? Mais que n’a-t-on élu un Président qui déclarait comme son ennemi «la Finance» ? 

On trouverait dans ces coffres-là des mines d’argent caché et dû, dont il faut imaginer le volume ; de quoi récupérer bonne chère et combler les déficits budgétaires en tous genres, régler le problème de la dépendance nationale aux prêteurs privés qu’on appelle «problème de la dette publique», et surtout montrer l’exemple aux pays qui tolèrent sur leurs territoires ces cancers sociaux que sont les paradis fiscaux comme l’Angleterre tolère Malte, Jersey, ou la France Monaco...

Nommons-les, ces états : M. le Ministre Moscovici, ayez un peu plus de courage que le 15 avril dernier sur France-Inter (de 106’15 à 107’). Votre embarras du direct ce matin-là en disait long...

Les paradis fiscaux minent l'Etat de Droit en jouant sur la dissimulation, qu’ils favorisent le détournement de richesses publiques dans les Etats où fleurissent concussion et corruption.

On est bien loin de l’immoralité avérée d’un Jérôme Cahuzac, on pourrait même dire qu’il y a bien près du Capital à la Roche Monégasque.





Mise-à-jour depuis la publication de cet article sur Agoravox le 16 sept. 2013 : 


et
*

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/04/16/97001-20130416FILWWW00437-monaco-paradis-fiscal-le-roux.php




Les caisses sont vides :


Bonus :
4’00  d’explications animées


Évasion fiscale : comment des banques... par lemondefr


liens :

I. ONU
http://www.monaco-un.org/index.cfm?fuseaction=homepage&lan=e

II. Constitution monégasque
http://democratie.francophonie.org/IMG/pdf/Monaco.pdf

Sur l’histoire du foot et de l’A.S Monaco Didier Braun :
http://uneautrehistoiredufoot.blogs.lequipe.fr/2013/03/19/la-s-monaco-doit-elle-jouer-en-france/

III. Site Monégasque de promotion de l’installation à Monaco
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/monaco/presentation-de-monaco/

IV. Site Français des Affaires étrangères, chiffres sur Monaco
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/monaco/presentation-de-monaco/

V. Paradis fiscaux, article du Monde du 5 avril 13
http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/04/05/tout-financier-off-shore-est-une-ile-hier-comme-aujourd-hui_3154901_3234.html?xtmc=of_shore_leaks&xtcr=1

VI. Vidéo exemple de fraude du Baron de Rotschild, par Le Monde :
http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/04/05/tout-financier-off-shore-est-une-ile-hier-comme-aujourd-hui_3154901_3234.html?xtmc=of_shore_leaks&xtcr=1


* Je ne compte plus les sites sur lesquels cet article a été refusé...

**Off-shore leaks, c’est 2,5 millions de documents qui ont été recueillis par un consortium international de journalistes d'investigation et ont permis une plongée sans précédent dans les réseaux de la finance de l'ombre.

mardi 16 juillet 2013

Le choix entre "The Wall" et "Brazil"

Dystopie ambiante et machinisme envahissant. Ce sera peut-être la chaleur brutale de juillet, l'émotion d'un concert en plein-air, mais me voici frappé par ce que nous sommes devenus en quelque décennies, et comme nos comportements sont influencés quelquefois à l'extrême par ce que nous, les hommes, avons dans les mains. Il y a vingt ans, nous riions des Japonais descendus des cars, mitrailleurs de tout monument et de tout panneau. Outre-atlantique, le fait de posséder une arme chatouille bien le droit d'en user. Et le fait d'avoir le monde en main dans nos smartphones provoque l'envie naturelle, ou compulsive, de ré-utiliser ces mains qui, il faut bien le dire, n'ont plus grand ouvrage à réaliser depuis que l'agriculture a été confié aux machines, et nos machines parties produire ailleurs... Nous adoptons le même comportement que ceux dont nous nous moquions.


Ce film de deux minutes résume ce qui va suivre ou le confirme


Récemment, alors que je devais emprunter la triste voie Paris-Limoges, Rodez, une Guichetière de la SNCF, incapable de me dire s'il y avait une liaison de bus entre Rodez et Conques, voire dubitative de l'existence même du village de Conques, me renvoyait sans autre formalité "sur internet !". Un coup d'œil sur mon smartphone et elle se dit que j'aurais mon info assez tôt ; sans savoir que ce téléphone n'est pas branché sur internet. Il me suit d'assez près comme ça. Sms, quelques appels rares... ça suffit.

Car dans ce monde qui voit débarquer le Réseau dans nos vies et dans ses aspects mêmes les plus intimes, le secteur privé marchand suit ou précède le mouvement. Internet est l'outil du néo-libéralisme financier (voir le trading à haute-fréquence) et accompagne l'hyper-individualisme. Les deux phénomènes sont les deux faces d'une même monnaie.

Sans même mesurer la portée de son conseil, l'agent d'accueil et réservation reléguait son propre travail au degré zéro de l'étatique inutilité, puisqu'en sévère voie de privatisation et d'analphabétisation.





La rélégation de l'individu dans sa solitude, chez lui, dans son auto-suffisance (ce mensonge) loin de la collectivité, loin des siens, devant l'écran, avait trouvé son quart d'heure d'inauguration à la généralisation de la télévision dans les années 1960-70 ; ce qui affecta durablement le domaine du Spectacle Vivant juste après l'avènement du cinéma, dans les années 1935-40.* Aujourd'hui, les liens humains qui nous permettent de vivre en tant qu'animaux sociaux doués de langage se distendent. Et l'on sait que l'isolement, auquel sont condamnés bien des prisonniers de ce monde, est une torture pour le cerveau.

Je prédis pour les années à venir une sorte de bio-social-attitude qui distinguera les milieux socio-professionnels instruits, et conscients des dangers des nouvelles technologies pour le mental, des autres classses sociales, où plus on ressent le danger d'être exclu, plus on compense par le besoin d'être hyper-connecté en permanence. On verra fleurir des communautés sans portable et sans internet, des zones blanches de tout émetteur placées sur de haut pythons rocheux, retraites idéales pour retraités fortunés.



Concert de Paris 14 juillet 2013, salut et sortie des artistes solistes

Ce 14 juillet 2013, nous étions 700 000 parisiens, depuis le pont de l'Alma jusqu'à la tour Eiffel et le Trocadéro. Lorsque Roberto Alagna s'est mis à entonner la Marseillaise de sa voix héroïque, martiale, sidérante, relayée par les amplificateurs monumentaux installés tout autour du Champ-de-Mars, 400 000 personnes se sont mises au garde-à-vous. Soudain s'est levée la plus grande armée du monde... La musique devait-elle pas être la reine de la soirée ? Les écrans brillaient, et témoignaient pour ceux qui se trouvaient loin de la scène (1 km) de ce qui se passait là-bas, où nous n'étions pas.

Puis très vite, j'ai remonté la foule en sens inverse ; et j'ai eu une vision d'effroi. Vivions-nous dans "The Wall" ou dans "Brazil" ? Dans Brazil, un insecte tombé dans une imprimante apporte quelques péripéties kafkaïennes à M. Tuttle, au lieu d'un certain Buttle. Dans The Wall, les élèves d'une école sont passés à la moulinette d'un formatage militaro-stalino-hitlérien.


Brazil de Terry Gillam

Des dizaines de milliers de personnes, en effet, étaient massées sur le pont de l'Alma. Elles étaient censées regarder le feu d'artifice... à bien s'approcher, elles regardaient toutes leurs mains qu'elle tendaient devant elles. Et à bout de bras, un appareil, un téléphone le plus souvent... une machine. Toutes ces personnes ne regardaient pas le feu d'artifice. Elles l'enregistraient

J'ai assisté à ça, et justement je n'en ai pris cette seule photo.


Mais c'est une image qui restera aussi gravée dans ma mémoire à moi. Il y avait là quelque chose d'absurde, d'inquiétant même à voir autant de gens adopter cette attitude.

L'avez-vous remarqué, en vacances, lors des anniversaires, vous avez filmé, photographié, mitraillé, et vous ne vous souvenez plus de ce qui se passait autour de vous. Vous n'avez pas fait de "beaux souvenirs", vous avez fait des "images". Les souvenirs, c'est tout autre chose.

Faites l'expérience et envoyez-moi votre film, je le publierai ici : 


  • Filmez-vous avec l'un de vos Iphone ou autre gadget, dans votre miroir. 
  • Regardez uniquement votre appareil pour bien cadrer. 
  • Regardez ensuite le film sur un écran et observez bien votre regard
Vous ne vous regardez pas... Votre regard est pauvre, car votre champ de vision, votre faisceau attentionnel, est restreint. Vous n'êtes pas disponible à ce qui vous entoure. Vous êtes ailleurs. Vous regardez ce que l'appareil vous montre et que lui capte, pas vous. Vous n'êtes pas présent à ce qui se passe. Vous êtes dévoué à la machine.

De la même façon, sur le pont de l'Alma votre attention était requise à tout autre chose. Focalisée à 40 cm de vos yeux par un joujou qui filme ce que le voisin filme. Ainsi des milliers de mémoires électroniques se sont mises en marche et ont toutes mis dans leur registre les mêmes images des explosions pyrotechniques, belles car éphémères, mais ici gravées et donc amochées. Qu'y aura-t-il dans votre mémoire à vous ? Qu'à ce moment-là vous avez manipulé un appareil. 

Par quel sortilège, frères humains, acceptez-vous de ne pas vivre les choses, d'être divertis à ce point par les appareils que vous avez achetés en travaillant ? N'avez-vous pas envie de tenir vos enfants par la main ? Pourquoi ne regardez-vous pas l'événement que vous êtes venus voir pourtant, pourquoi ne vivez pas l'instant comme il est, dans une même communauté d'émotion ? Pourquoi êtes-vous littéralement absents ? Parce que vous n'avez pas conscience du temps précieux que vous perdez, à cause de cette perception par procuration. C'est du masochisme machinique.
Valérie G., une amie de longue date, me rapportait avoir vécu le même genre de scène à l'école de son fils. Le lâcher de ballons avait eu lieu, mais qui pouvait applaudir, les mains occupées à tenir le précieux téléphone portable braqué vers le ciel ? Et les enfants, qui nous réapprennent à vivre, de tirer le pantalon de leur papa "Regarde le mien, regarde le mien !" ça dit tout.

Alors, j'ai eu envie de dire : Les gens, restez humains, s'il-vous-plaît...

Vivez les choses, cessez de ne les regarder que sur un écran, celui de votre caméra, votre téléphone à tout-faire. Chronophages qui, une fois qu'il vous auront mangé votre temps, auront mangé les moments de votre vie et en particulier les plus beaux. Vous ne vous en souviendrez pas, prenez garde : vous ne les aurez pas vécus.


Cette dérive sociétale avait été vue de très loin par les Kraftwerk, dès les années 1970






J'étais impressionné ce soir sur le Champ-de-Mars de voir toutes ces personnes les yeux rivés à leur petit écran riquiqui, alors que le feu d'artifice se trouvait là, devant nous, immense. Elles étaient à peine sorties de ce concert que la plupart ont suivi sur grand écran, tant il y avait de monde et tant la scène était loin. La Marseillaise avait à peine fini de retentir que déjà une autre musique de "meublage du vide" envahissait les oreilles. Pourquoi le son propre au feu d'artifice ne serait-il pas lui aussi une émotion à vivre, un bruit relié au souvenir d'autres feux d'artifice vus dans notre vie, des moments heureux et partagés ? Les moyens techniques se surimposent et nous débordent au-delà de nos besoins. 

J'ai pris une photo ci-dessous de ce moment lyrique intense, avant de me rendre compte que tous, autour de moi, en faisaient autant. Qui regardait ?

Pendant le feu d'artifice, j'ai remonté la foule en sens inverse. J'ai vu des enfants dans leur poussette qui ne voyaient rien, leurs parents trop occupés à immortaliser... et je me suis souvenu que, enfant dans ces moments-là, ma mère me portait, et me montrait ce qu'il y avait à voir.






L'un d'entre eux me l'a confié, les artistes présents sur scène ont vécu ce moment de façon très intense, et furent saisis de voir le public se lever et chanter. Car un seul moment s'est détaché dans cette soirée lointaine et pharaonique, ce fut La Marseillaise. Non par je-ne-sais quel mouvement d'adhésion spontanée aux idéaux nationaux identitaires (que bien des amis de la Gauche libertaire m'objecteront) ; non bien sûr, mais par ce que le chant entonné tous ensemble a plongé la foule dans une communauté d'émotion et de participation synchrone. Plus d'écran, plus de passivité, une activité, humaine ô combien, qui remonte à la nuit des temps. Une prière laïque de 14-juillet. 
Par les temps qui courent, c'était révolutionnaire !










* ref.  Culture et société en Angleterre de 1939 à nos jours
Bertrand Lemonnier, ed. Belin Sup : pour la seule Angleterre, la fréquentation des salles de spectacle était de 23 millions de spectateurs par an en 1945, contre 5 millions en 1970... 

sur Brazil : http://ekostories.com/2013/02/08/gilliam-brazil/

dimanche 14 juillet 2013

DSK... à micro ouvert !

Après avoir mis en ligne des versions inattendues, des séquences OFF, des bruits de plateaux et de couloirs, après avoir ainsi -successivement et avec succès- numéroté les abattis de Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin, et fait prononcer de fameux vœux à la Nation Française au Général en 2012, je reviens sévir, pour votre plus grand souci d'une information ouverte et équitable, avec le micro ouvert de DSK.

Seulement un an après ses deux confessions retentissantes IN et OFF, sur le plateau de Claire Chazal, il se livrait cet été 2013 à Richard Quest. 

Hélas, peu avant l'interview réalisée dans ce salon cossu d'un hôtel (Sofitel ?... Waldorf Astoria ? Carlton ?), tandis que les techniciens s'affairent encore autour du plateau et que le clap est imminent, les micros restent indiscrets. 

Une minute très dense entre secrets d'Etats et secrets de Polichinelle...



Et pour ceux qui maîtrisent l'anglais, l'honnêteté me pousse à proposer l'original  ci-après :




mercredi 10 juillet 2013

Plus-value de l'Hôtel Lambert en fumée



Nos élus parisiens ont des questions à poser. L'incendie de l'hôtel Lambert à Paris met à jour quelques étrangetés :
  • Comment ce joyau du patrimoine racheté sous Sarkozy par un émir du Qatar en 2007 a-t-il bénéficié de très larges autorisations de restauration d'Etat avec construction d'un "ascenseur à voitures" en sous-sol en 2009 ?
  • Et notamment l’autorisation donnée par Le Ministère (Christine Albanel, Bâtiments de France ?) de creuser la cour pour y installer un parking : sa surface en est réduite pour respecter le PLU de l’île Saint-Louis, mais pourquoi dénaturer une cour historique pour y garer quatre véhicules ?
  • Le but de l'opération était-il vraiment patrimonial ou financiaro-immobilier ? 
Les travaux étaient placés sous la surveillance de la "Commission du Vieux Paris" de la Ville de Paris.


http://www.latribunedelart.com/le-projet-de-travaux-de-l-hotel-lambert-valide-par-le-ministre-de-la-culture
 http://www.latribunedelart.com/la-restauration-de-l-hotel-lambert-attaquee-devant-le-tribunal-administratif

http://www.latribunedelart.com/