lundi 18 février 2013

La carte des plans sociaux

J'ai un ami de longue date qui est informaticien, compositeur, et chrétien convaincu (convaincu est un mot faible, dévoué dirons-nous). Il réagissait à la carte ci-dessous, publiée sur Facebook, répertoire actuel des plans sociaux que connaît la France. Il est regrettable que cette carte ne soit pas exhibée tous les soirs sur le service public d'information (sur France 2 par ex.) alors qu'un véritable professionalisme journalistique devrait utiliser sans rechigner ces belles ressources graphiques que nous avons aujourd'hui.


Il me dit en commentaires : "Travail pour tous", voilà un vrai changement... et c'est maintenant qu'on en a tous besoin." Dieu l'entende.





Rassemblant mes connaissances, je pris la peine de préciser ma pensée, en l'ayant pris au préalable pour un demeuré de droite (je le confesse) 

"Tu sais bien que le plein emploi confèrerait un poids important aux salariés dans la négociation sur le prix du travail. Il augmenterait pendant que symétriquement on verrait la part des profits baisser dans le revenu global. Or, comme le mouvement général dans l'économie depuis 1973 est à la baisse de la part des salaires dans le revenu global (7 points min.) qu'il y a de surcroît sur les entreprises deux nouveaux types de pression -actionariale et concurrentielle mondiale- je ne vois pas d'autre réaction de la part de la classe possédante que de maintenir un haut niveau de chômage (>10%), seule variable d'ajustement du niveau des salaires pour faire pression à la baisse. 

Les plans sociaux s'inscrivent dans cette stratégie mortifère. Voilà pourquoi, à cadre constant, il n'y pas d'espoir de "travail pour tous" comme tu dis ; à cadre constant…. 

Le pire serait même à craindre si, par extraordinaire, ce mouvement de plein emploi n'était pas précédé d'un vaste redéploiement des richesses, où l'économie serait définanciarisée (fermer la Bourse, renationaliser des secteurs vitaux, etc.) de façon à casser les menottes en plastique que les Etats se sont mis aux poignets depuis 40 ans et qui aboutissent à la fameuse et sempiternelle Dette Publique à l'endroit du privé. Ce qui revient à suivre l'exemple christique : un Christ aujourd'hui ne procèderait pas autrement, en chassant les marchands (d'argent) devant le temple (Wall Street).


En situation de crise, les plus riches ne cherchent pas à à remédier aux maux du plus grand nombre, on le voit typiquement en Grèce ; mais ils profitent plutôt de l'abattement d'une population, pour appliquer en général cette politique sans contre-partie de son programme de "développement" : 


  • libéralisation et dérégulation du marché du travail (marchandisation des diplômes, permis de travailler, flexibilité du temps de travail
  • privatisation du système d'assurance sociale (maladie, retraite)
  • privatisation des entreprises publiques (eau, électricité, Poste, etc). 



Sans le vouloir, je viens de donner la définition de ce qu'est le néo-libéralisme financier, qui n'a, tu l'as compris, plus rien de libéral mais totalitaire, un système économique fallacieux que les milieux d'affaires ont appelé avec humour depuis 1971 "Consensus de Washington". Consensus ! on lit bien...

Face à cette dureté, certains idéologues voudraient pouvoir opposer des mesures molles - et une fois au pouvoir, très molles (Hollande)-
On ne comprend alors plus mauvaise volonté et mauvaise adéquation agression/réponse que par la corruption. Arme ultime des possédants face à la menace qu'un gouvernement réellement socialiste ferait peser sur leurs intérêts.

Donc, de l'imposition d'une économie de la Dette obligatoire jusqu'à la main-mise sur les secteurs vitaux des nations, le capitalisme néo-libéral (ou hypercapitalisme) déploie depuis 40 ans une série d'outils face auxquels la moindre mesure de préservation des acquis sociaux passe pour révolutionnaire.

Les plans dits "sociaux" dans les entreprises rentables sont une illustration des effets qu'une telle politique à long terme, couplé à une absence de résistance du pouvoir face à elle, peut provoquer.


Cet ami à la marge de la droite classique, assez intelligent et instruit pour ne pas s'y faire enfermer (DEA de Finance), m'a alors conseillé la lecture de Henri HUDE, philosophie de la prospérité, "Marché et Solidarité", Editions du Prologue/Economica

Il le cite dans La Tactique de la réforme (p.110) : 


"1. Tous ceux qui doivent aujourd'hui payer le surcoût imputable au fonctionnement de l'économie libertaire décident de ne pas subir, ils refusent catégoriquement de régler la note, et ils sont défendus jusqu'au bout par toutes les forces solidaires.

2. on s'oppose en même temps, et non moins catégoriquement, à toute réduction du surcoût de solidarité en faveur des victimes de l'exploitation libertaire.

3. on accule ainsi les gouvernements : ou bien à payer pour les briseurs de solidarité, à se solidariser avec eux, s'exposant ainsi à une déroute certaine aux élections générales ; ou bien à laisser retomber directement sur les épaules des briseurs de solidarité la totalité du surcoût dont ils sont la cause.



Par ailleurs, on met la solidarité intérieure de chaque nation en cohérence, et non plus en opposition, avec la solidarité intérieure des autres nations. Cet intérêt convergent permet alors, au besoin, l'organisation d'actions syndicales internationalement concertées. Ainsi donc, par le simple recours aux libertés démocratiques, aux droits syndicaux, à la liberté d'association et aux moyens juridiques normaux, on rend intenable la position des forces libertaires."


Cet extrait ne permet pas de saisir les moyens par lesquels ce philosophe compte en passer pour "arrêter de payer" par exemple. 

Mais il a le mérite de montrer que même à droite, chez tous les ennemis du totalitarisme, il y a une prise de conscience qui dépasse largement les rangs de la gauche. Il y a fort à parier que cette société inégalitaire, qui laisse de plus en plus d'entre nous sur le bord du chemin ne doit pas non plus convenir à la frange la plus authentiquement chrétienne de la société.

Mais alors à qui ? ça commence à faire du monde...

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