ou
comment Pôle Emploi-Spectacle pénalise ceux qui déclarent bien.
La
rénégociation de la convention sur le régime d'assurance, dite des
Intermittents du spectacle (110 000 personnes, 40 corps de métiers),
va bientôt avoir lieu.
On
entend déjà
le
retour de voix discordantes remettre en cause le bien-fondé de ce statut
particulier accordé à ces travailleurs particuliers.
C'est à elles que je destine l'étrange histoire de Benjamin Rives.* Elle se passe
en France, en 2011.
À
connaître le parcours de ce monsieur Benjamin Rives, l’on
comprendra mieux comment de trop honnêtes citoyens qui ne se
réfugient ni dans l’alcool ni la délinquance, pleins de la bonne
volonté de travailler, font face à la violence administrative.
C'est le récit d'un travailleur intermittent du spectacle, soucieux
d'utilité sociale, qui a perdu tous ses moyens de subsistance pour
la raison qu'il a donné de son temps aux enfants des écoles de
Paris. Fainéants, vous disiez ?
Alors
que les allocations de chômage d'un professeur-remplaçant de
l'éducation nationale sont améliorées
quand il réalise quelques prestations dans le secteur du spectacle,
le même bureau des intermittents
prive de ses droits sociaux l'artiste qui oserait donner quelques
heures de soutien scolaire.
Cet état de fait juridique, ce scandale sans nom, peut aussi prendre
un visage, celui de l'expulsion.
Benjamin,
vous connaissez sûrement mieux sa voix que son visage. Père de deux
enfants, travailleur journalier par statut, il a commencé à
contribuer à l'Impôt sur le Revenu le jour où, comédien au théâtre
depuis 12 ans, il a commencé d’enregistrer pour la télévision
les voix des documentaires et séries.
Comme
on a affaire à un vrai professionnel, formé aux écoles nationales
supérieures d'art dramatique, on ne pourra pas dire, comme les
habituels esprits chagrins, que c'est encore là « un de ces
artistes improvisés et marginaux, bla, bla, bla... » Non.
Arte, France 5, TF1, sont parmi ses références.
Formé pour le
théâtre, il n’aura vraisemblablement jamais les faveurs du
théâtre public, car il y aussi dans ce milieu des raisons arcanes ou
des aristocraties d'Etat...
L'iconographie
officielle hélas, nous a habitués aux clichés sur lesdits
“Intermittents”, en tapissant ses Unes avignonesques de
faméliques fumeurs de joints aux cheveux gras. C'est de toute façon
plus subtil, car la majorité des professionnels de ces métiers se
fond dans la masse des anonymes. Ils sont soit en activité, soit à
sa recherche, et ne font pas profession d'attendre un subside de
l'Etat, contrairement au cliché entretenu par la droite plébéienne
et les opposants à tout syndicat. Oui, tous
les artistes de tous pays se passeraient volontiers de
l'assurance-chômage ;
s'il n'y avait pas besoin d'assurance, c'est qu'il n'y aurait pas de
chômage... car rien n'est pire à un artiste que de ne pas
travailler. De plus, l'administration de ce statut exige en France
une attention comptable de chaque instant, que ce soit des instances
officielles ou des salariés eux-mêmes... hélas.
Ce
que le lecteur étranger à ce secteur doit bien savoir, c’est que
l’intermittent accepte une hyper-flexibilité, une
hyper-disponibilité que refuseraient bien des quidams, et sans
forcément jouir de la gloriole que les métiers artistiques sont
censés rapporter. Et avant que quiconque en vienne à traiter les
intermittents de « feignasses mal embouchées », le
lecteur qui s’imagine défendre un ordre néo-libéral idéalisé
doit comprendre que c’est
par cette totale disponibilité sur ce marché particulier du travail
qu’ils
assurent la pérennité économique des entreprises de tout un
secteur d'emploi.
Ce secteur tout entier génère 80 Milliards €/an en France. Sans
ce régime d'assurance-chômage, le prix du travail des artistes et
des techniciens se hisserait à des hauteurs que les employeurs et
les mêmes esprits chagrins trouveraient scandaleuses. Ils
appeleraient ça un coût.
Mais
voici la via crucis de caniveau que longe Benjamin Rives. Notre homme
n’est qu’un artiste prêt à l’emploi, mal né comme tant
d’autres.
Dès
2010, et après vingt ans de présence dans son métier, il voit son
activité baisser comme cela arrive quelquefois sans que l’on
comprenne toujours bien pourquoi. Ici, c'est la délocalisation des
studios de doublage en Belgique pour d’évidentes raisons
fiscales... C’est alors la fameuse “traversée du désert”,
vous savez, celle que les chouchous du public invoquent toujours pour
expliquer leur exil sur un bateau entre St Martin et les Bahamas.
Chez lui, c'est le frigo qui est désert.
Benjamin
Rives commence par imaginer une autre issue, et porte sa candidature
au Cabinet du Ministre de la Culture qui recrutait, sans concours
cette année-là, des agents de 2 ème classe. Et c’est au cabinet
en effet que finit sa lettre, comme y sont allées toutes les autres,
naguère envoyées comme comédien “sur le marché” aux
Mesguich, aux Braunschweig, aux Py, à tous ces sires d’une scène
dramatique qui porte décidément bien son nom.
De
candidature en candidature, viennent celles d’adjoint administratif
de catégorie C (il a un niveau II non-universitaire), pour les
piscines de la Ville de Paris, le gardiennage des musées. Chaque
fois, c’est une fin de non-recevoir, et des commandements
d’huissier en pagaille qui, eux, sont bien reçus.
Puis
survient l’erreur fatale.
Pour améliorer le frichti de sa famille qui ne part pas en vacances
depuis 3 ans déjà, il accepte un boulot en plus, les jours où on
n’embauche pas dans les studios : surveillant d’école.
La
Mairie de Paris a bien du mal à recruter des surveillants
inter-classes et surtout des détenteurs d’un Bac pour assurer le
soutien scolaire des enfants parisiens de l’école Elémentaire qui
passent leur goûter à étudier. (le terme “recruter” est aussi outré que celui de “contrat” lorsqu’il s’agit de
vacations dans un hors-cadre légal, mais disons que la Ville de
Paris “recrute”).
S’ensuit
alors pour Benjamin Rives une année riche, où deux heures sont
données le soir à l’assistance aux devoirs, à l’apprentissage
des récitations, (par là, sa formation artistique produit ses
fruits et nombre d'élèves ont découvert ce que pouvait signifier
pour eux un texte). Les jours où un cachet se présente, notre père
de famille court littéralement des cantines aux studios pour revenir
à son poste à 16 h 30. Chaque cachet est bien entendu déclaré, et
sa nouvelle activité, rémunérée à la tâche, ne l’est bien sûr
pas pendant les périodes de vacances. Chaque mois, sa fiche de paie
oscille entre 199 euros et 350 euros les mois pleins.
Evidemment,
Benjamin dénote dans ces cours de récréation. Son premier jour, des élèves l’interpellent : « Monsieur
le riche ! ». En termes de “richesse”, précarité totale
du salaire et aucun droit pour les vacataires, ni d’accès au
Service Social de la Ville de Paris en dessous de 20 h/semaine. Riche
!
Une
maltraitance d’enfant plus tard, perpétrée par un animateur
titulaire dans la cour d’école, et son témoignage, capital devant
la Police en charge de l’enquête, et voilà la direction des
Affaires scolaires de la Ville de Paris qui accède à la requête
-officieuse- du directeur de cette école de ne plus recourir à ses
services de soutien scolaire. Manière élégante de remercier
Benjamin d’avoir respecté le protocole indiqué en cas de danger,
et d’avoir osé révéler à la Police les faits nus, sans volonté
de protéger quiconque, sauf un enfant en détresse face aux adultes…
bref.
Ayant
observé dans deux écoles la mauvaise appréhension des enfants par
des animateurs souvent mal formés, peu qualifiés et peu considérés,
il propose au Maire de son arrondissement, Patrick Bloche, de lui
confier une mission d’observation en vue d’éviter les situations
à la limite du pénal que certains parents peinent à faire entendre
aux directeurs des écoles. Point de réponse et, une baisse
d'activité en studio et point de théâtre en vue, un chômage
total. Benjamin ne voulait que faire profiter la collectivité
entière de son observation, et transformer une douloureuse
expérience en compétence nouvelle. Tant pis.
Question
cotisations, cette année-là, il totalisera 450 h dans le secteur
public et 528 h dans le secteur privé, presque 1000 h de travail. Il
n'aura pas un centime d’assurance-chômage... Deux lignes de
cotisations dans deux annexes Unédic différentes, qui
réduiront toutes les cotisations à zéro, rien ! C’est là le
comble de la situation : en vingt années, Benjamin Rives n’avait
jamais autant travaillé. Le Pôle emploi a dénié le paiement
d'allocations de chômage d'une année entière à un honnête
intermittent qui avait tout déclaré et n'avait pourtant pas cessé
de travailler dans son secteur ! Merci, quelle leçon...
Et
comme un malheur n’arrive jamais seul : de 528 heures
comptabilisées qui lui auraient ouvert des droits, il passe comme
par magie à 492 heures, fermez le ban ! En effet, Pôle Emploi-spectacle s’est
permis de jeter le doute sur 3 cachets réalisés le même jour pour
2 sociétés différentes, bien que le cas soit parfaitement légal
et corresponde bien à trois contrats de droits différents. Pôle
Emploi, au bénéfice du doute, a pratiqué la
présomption de culpabilité, tout intermittent étant pour cette
administration devenue oppressive un fraudeur en puissance : les 3 cachets de
12 heures qui permettaient à son allocataire d’accéder à
l’assurance-chômage avaient été tout bonnement effacés. Cela
eut l’avantage de faire repasser notre infortuné citoyen dans le
camp des exclus de l’assurance-chômage.
Cotisant
mais non-indemnisé : voilà la recette.
Mais
plutôt que de reconnaître ce tort invraisemblable, Pôle Emploi a
préféré indiquer à Benjamin Rives que, puisqu’il avait
travaillé à la tâche pour la Mairie de Paris, il était désormais
considéré comme “Salarié d’un Etablissement Public”, en un
mot un fonctionnaire ! Apprendre ça en fin de droits
fait l’effet ou d’une bonne nouvelle, ou d’une mauvaise blague,
au choix.
En
clair, il aurait fallu que notre intermittent soit obligé de
renoncer à son indemnité de chômage pour préférer demander une
aumône publique équivalente au Rsa. On lui demande d'accepter 380
€/mois d'allocations et renoncer à 1200 €/mois de la caisse où
il a cotisé. Or,
sur un an qui va travailler davantage tout en faisant un chèque de
8000 euros ? On dira que les intermittents sont des masos.
Entre-temps,
son dossier se trouve lui aussi effacé des registres du Pôle
Emploi-Spectacle. Le nouvel exclus est convoqué à une agence
ordinaire qui écarquille les yeux d’avoir dans son registre non
plus un artiste, mais un “Professeur de français”... bref, son dossier avait été modifié, par qui, pour quoi... Privilèges des intermittents, là aussi ?
En d'autres termes, qui tordent bien le cou à tous ces chevaliers bleu-blanc-rouge de la probité : toute cette merde noire ne se serait pas abattue sur cet intermittent s'il était resté chez lui à percevoir l'entièreté des se allocations de chômage, plutôt que d'aller travailler.
En d'autres termes, qui tordent bien le cou à tous ces chevaliers bleu-blanc-rouge de la probité : toute cette merde noire ne se serait pas abattue sur cet intermittent s'il était resté chez lui à percevoir l'entièreté des se allocations de chômage, plutôt que d'aller travailler.
De
l’exclusion à l’expulsion
Et
puis le temps passa lentement, les demandes d’embauche
infructueuses se succèdèrent. Vient le dégoût, puis survient
l’inacceptable. Une missive d’Huissier indique qu’il sera
frappé un prochain matin d’un « Commandement de quitter les
lieux ». Dommage pour lui qui venait de passer un entretien
pour le recrutement de 160 agents administratifs en Préfecture de
Police en mai dernier, et sur 200 candidats n’avait pas été
retenu ; à la lecture de sa convocation pour expulsion, le
Commissaire en faisait les yeux ronds.
Mais
il est vrai que ce métier de « comédien » trimballe une
image tellement mauvaise qu'après l'avoir plombé de l'intérieur,
il peut aussi, le cas échéant se retourner contre l’artiste qui
voudrait en sortir.
En
résumé, plus personne autour de lui ne veut prendre ses
responsabilités, pas même le TGI de Paris qui n’audience pas sa requête et son avocate qui commet l’inadmissible oubli de
former un recours contre son expulsion… Double peine, on voudrait l'expulser avec femme et enfants pour libérer son logement, et y placer une famille relogée en urgence ! Absurde mais juridiquement possible.
Il
faut donc en arriver là pour que des réflexes endormis de
solidarité se mettent en place. On n'en serait pas là si les
officines s'étaient préoccupées de quelqu’un qui a tout l’air d’aller bien, s'habille, se rase,
déclare tout aux impôts, fait des efforts.
En
attendant, comme artiste lorsqu’un cachet arrive, il faut rester
alerte, compétent, performant, il faut “gagner” contrat après
contrat, en ayant bien conscience que dans ce marché du travail,
l’émergence d’un gagnant signifie d’évidence la mise au
placard de nombreux perdants. Et le tout, en courant, de cabinets
d’avocats en bureaux d’élus, de façon à éviter l'expulsion.
Tout ça en même temps.
La
fin de cette histoire est connue d'avance. Le Médiateur de Pôle
emploi fait le mort. Le bailleur social va proposer une solution de
relogement à cette famille à Sevran ou à Montfermeil (93), où
elle sera relogée gentiment, ce que sa femme ne supportera pas ni
lui non plus, ancien gosse des quartiers qui avait le sentiment
d'avoir fait du chemin dans la vie. Elle repartira avec leur fille de
six ans sous le bras en Italie. Et voilà comment une mauvaise foi
paperassière se transforme en tragédie sociale pour une famille qui
ne fait qu'essayer de donner à leur enfant une éducation, un
environnement les meilleurs possibles. Cette famille française
ressemble à tant d'autres en 2012 qui, pour autant d'efforts à
gagner sa vie du matin au soir, ne part plus en vacances depuis plus
de trois ans, n'a ni voiture, ni résidence secondaire, n'achète
rien à crédit, et mène une existence simple, sans chi-chis et sans
amusement.
Honte
à nos administrations démantelées, privatisées, automatisées,
qui n'ont plus les moyens humains de voir qui fait quoi, de voir qui fraude,
qui non. Honte à ceux qui diffusent le mensonge d'un soi-disant
privilège de l'intermittence. Ces gens-là ne savent pas de quoi ils
parlent.
Quelle
est la morale de cette histoire devenue banale dans ces métiers ? Il
n'y en a pas. Ceci tombe sur une famille parce que le pater familias
a bien déclaré, trop honnêtement, régulièrement, les quelques
heures d'un travail utile socialement, nécessaire pour certains
voire urgent, pour lequel une dizaine de gosses de Paris garderont un
souvenir ému. C'est au moins une compensation. Celle de la vie sur
le droit mortifère.
Propositions
Ce
qu'il faut se mettre dans le crâne à coups de marteau, c'est que
l'administration du spectacle est si compliquée, et la chasse au
lapin fraudeur est tellement ouverte, que l'on en arrive à ce
paradoxe : toute activité légale est soupçonnée de cacher une
fraude. Hélas ! Ensuite, que pour rémedier et à la fraude et
à ces situations kafkaïennes il faudrait :
- unifier les annexes Unédic de façon à ce que personne ne puisse cotiser sans percevoir de droits.
- ou alors, que l'on mette sur pied une véritable Sécurité sociale professionnelle ; des droits individuels garantis collectivement, opposables à tout employeur et transférable d’une entreprise à l’autre, d’une branche à l’autre. http://www.cgt.fr/Etablir-une-securite-sociale.html
Puis
accessoirement, il faudrait, cher Benjamin Rives, pouvoir
s’engager sans crainte dans les métiers du spectacle si on en a le
talent, si on en réussit les concours publics, même si on n'a pas
derrière soi un réseau puissant dans ce milieu pour assurer son
entrée dans la carrière, ni surtout une famille aisée pour assurer
son logement…
Quand
on pense qu'en Belgique, grand pays, il suffit de justifier d'une
seule journée de travail en activité technique ou artistique pour
voir son indemnité -plafonnée à 1400 €/mois- reconduite... Mais
on est en France. Effacer des cachets qu'il faut aller chercher avec
les dents, jour après jour, rien de plus facile pour une gestion
automatisée ; diligenter des enquêtes inutiles, rien de plus
économe pour Pôle emploi.
En
France en revanche, où la production culturelle génère 4% du PIB
national, les artistes ont comme l’immense majorité des salariés
cette douloureuse impression d’appartenir à une meute de chiens.
Que l’on soit chien de race ou simple bâtard, il faut sans cesse
tirer le traîneau, se faire cravacher avec juste le droit d’aboyer
pour toute pitance au bout du chemin.
À
connaître le détail des tracasseries paperassières, des
pinailleries technico-administratives de Pôle Emploi-Spectacle, sa
mauvaise foi aussi légendaire que gestionnaire décrite ci-dessus,
on se dit que tant que notre société continuera de soumettre les
professionnels du spectacle à un régime de
flexi-sécurité à la fois aussi fliqué et aussi précaire,
les officines des juges ne manqueront jamais d'activité.
Benjamin
Rives n’est pas un fraudeur, c’est au contraire un véritable
intermittent du spectacle, qui a besoin que la société respecte son
contrat social pour “survivre”. “Vivre” serait encore trop
demander.
L'auteur
de ces lignes plaide, exhorte les partenaires sociaux et le
gouvernement à revenir à l'évidence du calcul de ces droits-là
sur
12 mois et à date anniversaire.
Ces prochains droits qui, s'ils n'élargissaient pas le champ couvert
par les activités liées à l'utilité sociale et à la transmission
de leurs savoirs, doivent faire en sorte que l'on n'en vienne plus à
jeter à la rue un demandeur d'emploi parce qu'il aurait osé sortir
de son « annexe VIII et X » d'origine.
Enfin,
aux adeptes de l'équitation jamais descendus de cheval, qui
trouveraient ce régime d'assurance-chômage trop «onéreux»,
qu'ils se reportent donc aux coûts exorbitants du travail par
Intérim, l'annexe IV, et se demandent pourquoi celle-ci n'a jamais
paru trop coûteuse au Medef...
P.S
: si vous-même étiez en capacité d'employer ce comédien
professionnel n'hésitez pas à le faire savoir. C'est avec la joie
de celui qui cherche à faire son métier, et non à toucher des
allocations, qu'il vous enverra son CV, et viendra auditionner pour
vous : bien.dit@gmail.com
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